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Le Bonheur

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Par   •  21 Février 2013  •  2 384 Mots (10 Pages)  •  948 Vues

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n sa qualité de but, de principe moteur de l’action, le bonheur ne quitte jamais l’esprit de l’homme. Projet ou état de fait, il reste toujours ancré dans son âme pour le pousser à accomplir sa nature par l’atteinte de la sérénité, de se rapprocher du divin. Qu’est-ce que le bonheur? Chacun de nous a une idée de ce qu’il pourrait être, un présentiment, un schéma qui attend être rempli, ou l’impression de l’avoir vécu ou de le vivre rééllement. En sublimant l’état d’admiration ou de désir qui accompagne d’habitude la réflexion sur le bonheur, Aristote pense le bonheur „de tous côtés”, si on peut dire comme ça, il passe en revue tous les aspects du bonheur avec méticulosité et grâce. En partant du bien, dont le bonheur est de toute évidence une espèce, Aristote arrive à „commensurer” le bonheur et de le rendre „accessible” à notre raison.

„Le vulgaire, comme les gens éclairés, appelle ce bien suprême le bonheur (εύδαιμονία); et dans leur opinion commune vivre bien, agir bien est synomyme d’être heureux”.[1] Mais ce qu’Aristote remarque ensuite, c’est que sur l’essence et la nature du bonheur, le sage et le vulgaire ne sont plus d’accord. Il est aussi vrai que le bonheur est toujours désirable car censé remplir un manque, qui diffère d’un individu à l’autre, et aussi pour un même individu d’un temps à autre. C’est pourquoi, et Aristote le précise lui-même, „le malade croit que le bonheur est la santé, le pauvre, que c’est dans la richesse”. Et une fois ce manque satisfait, l’individu déplace son désir vers un autre but, qui devient à son tour l’incarnation du bonheur. Evidemment, cette incarnation, cette représentation est nécessaire seulement à ceux qui ont besoin d’une apparence, de focaliser leur volonté sur un objet précis, pour entendre le bonheur.

Le bonheur est en relation étroite avec le genre de vie que chacun mène. Aristote distingue trois types de vie, chacune d’elles favorisant une inclination vers une manière particulière d’entendre le bonheur: la vie des jouissances matérielles, la vie politique et la vie intellectuelle. Ainsi, „les natures vulgaires et grossières croient que le bonheur, c’est le plaisir”. La satisfaction des sens est vue comme un but en soi que cette catégorie d’hommes s’efforce d’atteindre, parce qu’ils ne connaissent pas d’autres valeurs plus hautes. D’autre part, „les esprits distingués et vraiment actifs placent le bonheur dans la gloire”.[2] L’honneur est, pour ceux qui mènent une vie active dans la cité, la récompense rêvée et l’impulsion permanente vers l’action et les faits dignes d’éloge. Arrivé à cette vision sur le bonheur, Aristote observe que les honneurs sont accordées, ce qui ne va pas avec la premisse que le bonheur est un acquis personnel et qu’on ne peut pas l’enlever à celui qui l’a créé lui-même. Aussi cette gloire tant désirée paraît-elle plutôt une preuve des capacités de quelqu’un, donnée à la communauté pour qu’elle lui reconnaisse le mérite, c’est un parcours orienté vers l’extérieur pour confirmer ses vertus en les actualisant. Pour ceux qui mènent une vie contemplative, dédiée à la recherche de la vérité, à la science, pour les sages, le bonheur réside dans la „vision des principes”[3]. „Le vrai bonheur se déploie dans la vision des principes”.[4]

Chez Aristote, il s’agit toujours d’une hiérarchie du bien: il existe „les biens qui sont des biens par eux-mêmes, et puis les autres biens qui ne le sont que grâce aux premièrs”[5]. Il y a des biens secondaires, intermédiaires qui aident l’individu à se procurer un bien supérieur. Ces biens sont des instruments, des étapes, des échelons qu’il est parfois nécessaire de parcourir pour atteindre le bien absolu, la fin suprême, qui est le bonheur. C’est pourquoi Aristote ne condamne pas la richesse, pour cela même qu’elle facilite l’acquis du bonheur. Mais penser les jouissances matérielles comme point d’arrêt dans la voie vers le bonheur, c’est incomplet et plus encore, c’est erroné, car elles ne représentent un bien que dans la mesure où elles servent de base pour un bien supérieur.

„Le bien suprême doit être quelque chose de parfait et de définitif (τέλειος)”[6]. „le parfait, le définitif et le complet est ce qui est éternellement recherchable en soi, et ne l’est jamais en vue d’un objet autre que lui”.[7] Ce sont précisément ces traits qui définissent le bonheur: la perfection, la constance et l’ indépendence (αύτάρχεια).

L’indépendance ne signifie pas isolation. D’ailleurs, par sa nature même, l’homme est un être politique et sociable, et il ne saurait pas trouver son bonheur en contraignant sa nature. L’indépendance est une condition sine qua non du bonheur, elle le rend soi suffisant et lui enlève toute tangence avec la nécessité, „c’est ce qui pris dans son isolement suffit à rendre la vie désirable, et fait qu’elle n’a plus besoin de quoi que ce soit”.[8]

„Le bonheur est certainement quelque chose qui est définitif, parfait, et qui se suffit à soi-même, puisqu’il est la fin de tous les actes possibles de l’homme”.[9] Ces actes dont parle Aristote constituent „l’oeuvre propre de l’homme”, le bonheur étant justification ultime et permanente de tous les efforts qu’un individu dépose au cours de sa vie. Ce qui est propre à l’homme, ce qui le distingue des autres êtres vivants et qui le rend capable d’accéder au bonheur, c’est „la vie active de l’être doué de raison” qui engendre la fonction spécifique de l’homme, „l’acte de l’âme conforme à la raison”.[10]

L’excellence personnelle prend une place spéciale dans le discours d’Aristote, elle est un facteur qui assure et favorise l’acquis du bonheur. L’activité de l’âme, guidée par les vertus, va disposer l’individu à désirer toujours atteindre des fins plus hautes, et plus parfaites. Cette activité continue et de plus en plus raffinée rend le bonheur permanent, une fois acquis. L’homme n’a pas de contacts syncopés avec le bonheur, il ne peut pas être un temps heureux, pour devenir ensuite malheureux. Le bonheur est constant, entretenu par ce développement de l’homme conforme à la vertu et à la raison.

Aristote remarque le fait que très fréquemment, le succès et le bonheur se confondent[11].

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