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L'interprétation des contes de fées

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Par   •  7 Juillet 2020  •  Dissertation  •  2 070 Mots (9 Pages)  •  465 Vues

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L’interprétation des contes de fées.

Sorcières, ogres, créatures effrayantes, maléfices, sortilèges, poisons, cannibalisme, abandon, assassinat… La liste cauchemardesque des dangers et embuches auxquels sont confrontés les héros des contes est longue et pourtant, ces contes fascinent encore et toujours les enfants. Pourquoi ? Qu’est-ce qui fascine ? Quel en est l’impact sur la construction psychologique de l’enfant ?

Je m’interrogerai sur le conte de fées qui comme le rêve et autres productions de l’imaginaire collectif, est considéré comme un message que nous pouvons décoder selon une lecture psychanalytique. Je choisirai de travailler sur le conte de fées « Blanche-Neige » des frères Grimm et ce faisant, je m’aiderai des travaux faits sur la question et de mes propres perceptions et expériences et m’interrogerai sur le lien avec mon propre inconscient.

« Blanche-Neige » est un conte narrant l’évolution psychologique et sexuelle que rencontre toutes les femmes en devenir et il est à noter que mon statut d’homme ne me fait avoir qu’un regard extérieur concernant la compréhension de l’évolution psychique interne du sexe féminin dont traite cette œuvre, « Mais je pense que nous sommes aujourd’hui éloignés tout au moins de cette ridicule immodestie de décréter à partir de notre angle que seules seraient valables les perspectives à partir de cet angle. Le monde au contraire nous est redevenu "infini" une fois de plus : pour autant que nous ne saurions ignorer la possibilité qu’il renferme une infinité d’interprétations. »[1]. J’aime à croire qu’il est donc dans mon intérêt d’étudier « Blanche-Neige » à travers mes yeux mais également ceux d’une petite fille.

Le conte enclenche son récit par un aparté féminin y faisant figurer seule, la reine, immobile et pensive dans sa chambre. Ce calme, reflet du stade préœdipien d’une jeune fille et de sa candeur se suspend car la reine « se piqua le doigt avec son aiguille et trois gouttes de sang tombèrent dans la neige. Et le rouge était si jolie à voir dans la neige blanche »[2] . Ces mots sont la résonnance des étapes inéluctables à l’ascension d’une jeune fille vers le statut de femme. Dans un premier temps, d’aucun y voit la menstruation et les premières saignées. Je me souviens très bien d’une jeune fille, pour ne pas citer ma sœur, qui fût confrontée bien contre sa volonté à cette épreuve, la façon dont notre mère lui expliqua sereinement la situation se retrouve dans le naturel descriptif de la narration « le rouge était si joli », l’adjectif joli adoucissant la crainte comme une mère rassurant son enfant. La conception y est également présentée, le chiffre trois « trois gouttes de sang » (chiffre qui dans l’inconscient est relié au sexe) et le sang annoncent la venue d’un évènement, l’arrivée de Blanche-Neige, « le jeune auditeur apprend, sans explications superflues, que, sans le saignement, aucun enfant, pas même lui, ne pourrait naître »[3].

Cette paix, cette douceur, est interrompue par l’entrée en scène de Narcisse. La belle-mère, focalisée sur son apparence, sa beauté et sa jeunesse, se voit toujours demander à son miroir qui est la plus belle du royaume comme lorsqu’une maman demande à son enfant qui est la plus belle et que celui-ci, épris d’amour pour sa mère, n’a de mots que cette réponse « c’est toi la plus belle maman ». Ce miroir semble donc n’être que la résonnance de la pensée œdipienne d’un enfant envers sa mère jusqu’à ce que cet artefact magique ne lui réponde qu’elle n’est plus la plus belle car son enfant l’est devenu bien plus. Cet événement marque le début d’une rivalité entre la mère et sa fille, rivalité inversée car ici c’est la mère qui ressent de la haine, de l’agressivité envers sa fille. Celle-ci, folle à l’idée de perdre sa jeunesse, tient à tuer sa fille et demande à un chasseur de prélever ses organes pour s’en repaitre. Acte qui dans les croyances anciennes permettait d’absorber l’énergie, la vitalité et la puissance. Ici, elle absorberait la jeunesse de sa fille et redeviendrait la plus belle femme du royaume. Elle prend conscience par la déclaration du miroir que sa jeunesse s’étiole petit à petit, la seule vue de son enfant est une souffrance, un rappel de ce qu’elle fût et de ce qu’elle ne sera plus jamais. En vérité, cette vision affirmée de la mère jalouse envers son enfant n’est que la pensée œdipienne d’un enfant envers son parent du même sexe, celle-ci se positionne simplement à la place de son auditeur pour l’aider à s’identifier à Blanche-Neige car comme l’enfant ne peut pas se permettre un comportement de jalousie envers l’un de ses parents, car cela le mettrait en danger pour sa sécurité, il projette ses sentiments sur lui, la jalousie que ressent sa mère envers elle devient « Ma mère est jalouse de moi ». Blanche-Neige est donc amenée par le chasseur à l’extérieur du château, représentant la sécurité du cocon familial, pour y être tuée en forêt. Ce chasseur devient là la figure paternelle faisant barrage à la violence de la mère, sans prendre une décision ferme et précise, il nous fait comprendre qu’il la protège tout en la laissant se mettre en danger dans cette forêt, pleine de bêtes et d’insécurité. Cet acte n’est pas anodin. Dans la majorité des contes de fées les héros font un passage quasi obligé dans une forêt, c’est un symbole puissant, elle « est génératrice à la fois d’angoisse et de sérénité, d’oppression et de sympathie, comme toutes les puissantes manifestations de la vie. »[4],  elle est le monde extérieur au cercle familial. Toute construction psychologique saine passe par une période de déclin du stade œdipien, ce déclin n’est possible que s’il y a une cassure, une séparation, entre l’enfant et l’objet de son désir. Ce passage dans la forêt est la représentation métaphorique de la période de latence de ce déclin. L’enfant, Blanche-neige, est confronté à des inconnus, des dangers auxquels il doit faire face de lui-même sans la protection perpétuelle de ses parents comme dans ses premières années, le conte souligne cette réussite de "survie" aux épreuves de la vie par la traversé de l’héroïne dans cette forêt « Alors elle se mit à courir sur les cailloux et à travers les ronces, et les bêtes sauvages passaient devant elle en bondissant, mais elles ne lui faisaient pas de mal ».[5] La forêt est pavée d’embuches, de créatures sauvages, mais l’enfant entend que malgré tout, on la traverse sain et sauf, il comprend que sans la protection parentale il peut néanmoins se sécuriser lui-même et commence sa réflexion vers son autonomie. Blanche-neige découvre ensuite la maison des nains et s’y rassasie en petite quantité avant de tester chaque literie pour s’endormir. L’équilibre entre son Ça et son Surmoi est une mesure que l’enfant doit comprendre pour s’adapter au monde extérieur. Blanche-neige l’a compris et malgré sa faim et sa soif, elle se contrôle pour ne pas se laisser subjuguer par ses pulsions.

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