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Le vote de classe

Dissertation : Le vote de classe. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Novembre 2020  •  Dissertation  •  2 666 Mots (11 Pages)  •  869 Vues

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INTRODUCTION :

«On vote politiquement comme on est socialement» disait Paul Lazarsfeld, le sociologue autrichien à l’origine d’un des premiers modèles explicatif du vote. En effet, déchiffrer les dynamiques qui motivent les électeurs dans l’intimité de l’isoloir a été un champ de recherche central de la science politique d’après-guerre. D’abord aux EUA puis en France, des modèles académiques sont venus expliquer les résultats électoraux. Ces analyses ont permis d’expliquer sociologiquement et psychologiquement le fait qu’aux élections législatives de 1978, où plus de 80% des individus appartenant à la classe ouvrière ont voté pour le parti communiste ou pour le PS, donc à gauche. C’est ce qui était appelé le vote de classe.

Ce phénomène renvoie au concept de classe sociale découlant de l’analyse matérialiste de l'Histoire et des sociétés de Karl Marx. La société serait le cadre d’un affrontement entre deux groupes antagonistes aux intérêts divergents que sont les classes sociales. Karl Marx va plus loin en faisant la distinction entre la classe en soi et la classe pour soi. La première est l’ensemble des individus qui possèdent des intérêts objectifs de classe mais qui n’en n’ont pas conscience. Le second définit un groupe qui partage les mêmes intérêts communs et qui est doté d’une conscience de lui-même et de ses intérêts de classe.

Avec la sociologie, un lien fort entre les profils des électeurs (leur classe) et leur vote a été fait. Cependant, une érosion de ce modèle a été observée et la question de l’actualité de ce vote de classe se pose aujourd’hui.

Quelles sont les dynamiques du vote de classes ? Comment ce dernier a-t-il évolué depuis les années 70 et y a-t-il des explications à ces changements ?

Plan :

Bien que le vote de classe traditionnel ait été déterminant, il est aujourd’hui dépassé bien que les modèles sociologiques l’expliquant restent pertinents (I). Il conviendra ensuite de mettre en avant de nouvelles questions sociétales ainsi que de nouvelles analyses nécessaires à prendre en compte dans l’analyse du vote (II).

I- Conscience sociologique et vote de classe traditionnel : une réalité passée mais des modèles toujours actuels.

1) Le vote traditionnel

On constate que dans les années 70 le vote de classe était indéniable tout comme le poids de la religion. Évoqué dans l’introduction, le vote de classe correspond à une corrélation entre les choix politiques et l’appartenance à un groupe socio-professionnel, il a pour but une amélioration des conditions de vie et de travail de toute la classe sociale à laquelle on appartient. Le vote des bourgeois revient majoritairement à la droite qui revendique des valeurs conservatrices axées autour de la tradition et de l’autorité. Le vote ouvrier, quant à lui, s'oriente à gauche et s'explique par l'appartenance objective et subjective à cette classe sociale et aux « valeurs ouvrières ». A cette époque là, l’identification partisane et l’attachement à un camp politique étaient d’autant plus aisés que la limite entre la gauche et la droite était franche.

Deux auteurs, Guy Michelat et Michel Simon, l’ont montré dans leur ouvrage « Classe, religion et comportement politique » paru en 1977 que le rôle de la classe sociale et de la religion était tout à fait déterminant dans le choix électoral. Le vote de classe se vérifie ainsi avec une analyse de la position sociale des individus ainsi que leur rapport à la religion. Plus un individu est pratiquant catholique, plus il vote à droite. De l’autre côté, plus un électeur se sent proche des milieux ouvriers, plus il votera la gauche, PCF en tête.

Par ailleurs, alors que ce lien entre religion et choix électoral est toujours vérifiable en 1995, le monopole de la gauche dans le monde ouvrier s’estompe. Être ouvrier n'est pas un gage indéniable d’un vote à gauche. Ainsi, alors que le facteur religieux reste indiscutablement significatif, ce n’est plus le cas de l’appartenance au milieu ouvrier ce qui remet en cause la notion de vote de classe.

2) Des théories de la sociologie électorale

Plusieurs modèles d'explications viennent traduire les comportements électoraux que sont notamment le vote et l'abstention. Dans l'étude du vote de classe, deux modèles vont plus précisément nous intéresser : ce sont les modèles sociologiques soutenus par l’école de Columbia et l’école de Michigan.

De l’école de Columbia

Paul Lazarsfeld est un chercheur des années 1940 a l’université de Columbia qui s'attache à étudier les comportements électoraux notamment lors des campagnes présidentielles. Selon lui, les votes sont prédéterminés par trois variables : le lieu d'habitation, la religion et la catégorie socioprofessionnelle. Paul Lazarsfeld a ecrit que «les caractéristiques sociales déterminent les caractéristiques politiques» . Cette vision du vote corrobore parfaitement le phénomène de vote de classe dans les années 70. Il reste discuté aujourd'hui mais influence encore grandement la sociologie électorale.

De l’école de Michigan

La vision déterministe de l’école de Columbia va fortement être critiquée par l’école de Michigan. En effet, ils seraient plus en accord que le vote peut s’expliquer grâce à un modèle dit “psycho-politique”. Pour cela, ils s’appuient sur les élections présidentielles à partir de 1948. Ils analysent le comportement électoral comme le résultat d’un champ de force psychologique mesuré par l’attitude des électeurs en fonction des candidats, des partis et des programmes. Selon l’école de Michigan, le processus de choix électoral est donc composé d’un enchaînement d’éléments entraînant un attachement fort à une famille politique. Cet attachement influence grandement la vision que les individus ont de la société et permet d’anticiper l’orientation et l’intensité politique que va adopter chaque électeur potentiel.

De l’électeur rationnel

Pour parler de l'électeur rationnel, nous allons évoquer les différentes abstentions qu'à mis en lumière Anne Muxel dans « l'abstention : déficit démocratique ou vitalité politique »

On distingue 2 types d’abstention. Tout d’abord il y a l’abstention « hors-jeu » pour exprimer un non-vote lié à une incompréhension de la politique, d’une faible intégration sociale et d’un patrimoine économique et culturel faible. Cette dernière est relativement constante et était déjà présente dans les années 70. L’autre type d'abstentionniste sont les “dans le jeu” est celui qui nous importe.  Ils comprennent le fonctionnement et les enjeux politiques mais refusent de voter malgré un capital politique important. Les différentes offres politiques ne vont alors pas les convaincre de se déplacer jusqu’au urne. C’est un vote sanction qui a en particulier coûté à la gauche au début des années 2000.

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