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Commentaire du texte Le manifeste des soixante

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Par   •  12 Octobre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 701 Mots (7 Pages)  •  2 875 Vues

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Suite à la politique de Napoléon III qui se libéralise, des élections parlementaires ont lieu engendrant ainsi de nombreux débat. Il s'agit ici d'une tribune publiée le 17 février 1864 dans le journal l'Opinion nationale. Ce « manifeste des soixante » fut rédigé par Henri Tolain, un socialiste renommé, et signé par 59 autres ouvriers. Cette tribune s'adresse aux démocrates pour les convaincre de l'importance d'une représentation ouvrière. Il s’agit ainsi de se demander comment ce manifeste développe-t-il cette argumentation en faveur de la représentation parlementaire des ouvriers ? D'une part cela s'effectue par la mise en valeur de la condition difficile des ouvriers, d'autre part cela se développe avec diverses revendications des ouvriers. 

        Tout d’abord ce texte utilise un lexique de dénonciation pour mettre en place son argumentation. Ce sont les conditions ouvrières qui sont pointées du doigt en premier lieu. L’auteur déplore leurs conditions économiques : « nous n’avons d’autres forces que leur bras », en effet c’est ce qui permet la distinction entre prolétaires et capitalistes, il critique ainsi l’affirmation selon laquelle « tous les Français sont égaux devant la loi » puisqu’ils ne le sont devant la réalité sociale et économique. Henri Tolain dénonce par ailleurs l’impossibilité des ouvriers à se faire entendre pour leur salaire, suite à « l’article 1781 », ainsi que leur « (impuissance) pour organiser l’instruction professionnelle » et le fait qu’ils n’aient « pas toujours le moyen d’apprendre à lire » ce qui les condamne à une destinée immuable. Néanmoins le fait d’être socialement inégaux ne contredit pas nécessairement la possibilité d’être égaux en droit. Le ciseleur Henri Tolain attire également la compassion en centrant le discours sur les populations considérées comme plus faibles : les femmes et les enfants. Il explique que « les enfants passent souvent leurs plus jeunes ans dans le milieu démoralisant et malsain des fabriques » par exemple, et que « les femmes désertent forcément le foyer pour un travail excessif, contraire à leur nature et détruisant la famille », la place de la femme ici n’était pas revendiquée comme égale de l’homme, mais comme devant être particulièrement protégée et aillant un rôle de protectrice de famille. Ces dénonciations sur la vie des ouvriers et de leur famille permettent de mettre en lumière la nécessité pour eux d’un changement social qui est réclamé ici par une représentation politique.

        Cette tribune attaque d’abord les conditions des ouvriers et de leur famille, socialement économiquement et politiquement, pour ensuite s’en prendre aux représentants politiques actuels afin d’appuyer leur propos. Il peut se lire dans le manifeste que « la très grande majorité du Corps législatif » est « composée de grands propriétaires, industriels, commerçants, de généraux, de journalistes, etc ». Cette affirmation a comme but précis d’illustrer l’absence de représentation ouvrière : en dépit du fait que les ouvriers représentent une grande partie des citoyens, de nombreux métiers, moins développés, sont représentés par les élus politiques, contrairement aux ouvriers. Henri Tolain déclare que de manière générale que « le travail manuel n’est pas représenté » et qu’ainsi les ouvriers « combleraient une lacune ». Anticipant des réponses, le manifeste s’appuie sur des exemples pour démontrer que bien que démocrates également, les élus non ouvriers ne parviennent pas à répondre aux souhaits des ouvriers. En effet l’auteur développe que même si « une manifestation unanime de sympathie en faveur de la classe ouvrière » s’est déclarée, « aucune voix ne s’éleva pour formuler » « (leurs) aspirations, (leurs) désirs, (leurs) droits ». Il utilise aussi l’exemple des « chambres syndicales » : il explique que les ouvriers souhaitaient « une Chambre composée exclusivement d’ouvriers, élus par le suffrage universel » et que le Corps législatif « (leur a répondu) par un tribunal » où patrons et ouvriers sont présents ». Ainsi l’absence de représentation ouvrière empêche l’avancée de leur droit car même lorsque souhaitée, les revendications peuvent être mal comprises ou intentionnellement modifiées. Enfin on peut lire que de manière générale, par son intérêt moindre, « la bourgeoisie conservera difficilement ces droits » sans le « concours » de la classe ouvrière. Il y a alors une double argumentation dans la critique des actions politiques de la bourgeoisie républicaine on peut y voir une improbation des agissements de cette dernière, parfois désavantageux pour les ouvriers et elle-même. Nonobstant si la bourgeoisie choisit de ne pas œuvrer directement pour les ouvriers peut-être y a-t-elle aussi intérêt.

        Après avoir dénoncé la pratique politique de la bourgeoisie libérale, les soixante ouvriers dénoncent les idées auxquelles on les associe afin de rassurer cette bourgeoisie libérale. Les ouvriers vont par ailleurs se détacher de la doctrine communiste en demandant « qu’on (les) accuse point de rêver lois agraires, égalité chimérique (…) partage, maximum, impôt forcé ». Cela peut avoir un rôle argumentatif important pour la bourgeoisie libérale, puisque cette dernière appréhende les doctrines socialistes. Néanmoins bien que le manifeste semble représenter une classe ouvrière et une gauche unie, il faut rappeler que ce n’était pas l’état des choses. En effet une partie des ouvriers souhaitaient le communisme, et toute la gauche se divisait sur des questions politiques, notamment sur le vote, car une gauche et des ouvriers s’y opposaient en se ralliant à Proudhon. Les ouvriers expliquent également dans le manifeste qu’ils « marcheront à la conquête de leur droit pacifiquement » ce qui mène à la même réflexion qu’auparavant : l’affirmation et la volonté du pacifisme ne s’appliquent pas à l’unanimité et ne fait pas consensus. L’affirmation que « par la force des choses, la nation qui possède inné l'esprit d'égalité tend irrésistiblement à en faire le patrimoine de tous » souligne le caractère inévitable de l’application des revendications ouvrières, malgré son opposition aux idées bourgeoise.

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