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APRONUC et opération turquoise

Dissertation : APRONUC et opération turquoise. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Novembre 2015  •  Dissertation  •  3 189 Mots (13 Pages)  •  804 Vues

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Nous analyserons dans cette ébauche deux opérations de paix distinctes, qui ont toutes deux profondément marqué l’histoire des Nations-Unies : l’opération Turquoise pour le cas du Rwanda et l’APRONUC pour celui du Cambodge. Après avoir présentés et qualifiés les deux opérations, nous tenterons d’expliquer dans un second temps si les opérations ont été en mesure de remplir leur mandat respectif, ainsi que les facteurs décisifs qui y ont contribué.

I) Présentation et caractéristiques des deux opérations.

1.1 Le cas de l’opération Turquoise

Les deux opérations ont tout d’abord comme point commun de dater de la même période, la première a reçu l’aval du Conseil de sécurité le 22 juin 1994 sous le Chapitre VII, en vertu de la résolution 929, tandis que la seconde a été élaboré deux ans plus tôt, aux termes des accords de Paris.

L’opération turquoise est une opération militaire à caractère strictement humanitaire menée sous le commandement de la France visant à « mettre fin aux massacres partout où cela sera possible, éventuellement en ayant recours à la force » (Nations Unies 1994) si cela s’avère nécessaire, afin de protéger les populations civiles quelque soit leur ethnie. Elle intervient ultérieurement à une première opération militaire controversée de la France au Rwanda, à travers l’opération Noroît de 1990 à 1993. À cet égard, cette opération qui visait initialement l’évacuation des ressortissants occidentaux sous quelques mois du pays, s’est rapidement muée, dans le plus grand des secrets, en assistance militaire impliquant la formation et l’entraînement des troupes des Forces armés rwandaises (FAR) composés exclusivement de personnes appartenant à l’ethnie Hutus. Elle ambitionnait la formation de ces milices dans le but qu’elles puissent faire face aux rébellion et attentats perpétués de manière sporadique dans le pays par le Front patriotique rwandais (FPR). En outre, parmi ces troupes beaucoup feront partis de ceux qui ont initié et participé au génocide qui a sévèrement touché l’ethnie des Tutsis (Organisation de l’unité africaine 2000). Des témoignages de journalistes et personnes sur place vont encore plus loin et soutiennent que l’armée française aurait également pris part à des contrôles d’identités ethniques, notamment au moyen de barrages, ainsi qu’à des interrogatoires sous la forme de tortures perpétraient dans les prisons. (Des Forges 1998)

Dans le cadre du mandat octroyé par l’ONU, l’opération devait strictement se limiter à un caractère humanitaire et impliquer notamment une attitude relevant, à la fois de la neutralité et de l’impartialité vis-à-vis des factions en conflit. Par conséquent, en dépit de son rôle d’assistance pendant trois années envers le régime rwandais, la crédibilité de la France pour intervenir apparaît comme sérieusement remise en question. D’autant plus que le FPR, une des parties prenantes du conflit, s’était ouvertement et fermement opposé à toute opération de la France (Assemblée Nationale 1998). Cependant, l’inertie totale dont a fait preuve la communauté internationale et le retrait de 2000 soldats de la force de l’ONU sur place (MINUAR), censée assurer le respect des accords de paix d’Arusha, seulement huit jours après le début du génocide ont conduit les responsables français à intervenir peu importe les critiques qu’ils ont alors pu essuyer. Cette ingérence tardivement effectuée, puisque le génocide des Tutsis avait déjà largement eu lieu faisant au préalable environ 800 000 victimes, se justifie par le droit d’ingérence humanitaire. Autrement dit, les secours apportés à des populations en détresse au nom de la morale et notamment des droits fondamentaux de l’homme, adoptée par les Nations Unies avec la Déclaration universelle des droits de l’Homme (Nations Unies 1948).

Pour cela, l’opération Turquoise projetait la création d’une « zone humanitaire sûre » dans le sud ouest du Rwanda, c’est-à-dire une zone de sécurité et de refuge pour les populations civiles. Contrairement à l’opération parallèle de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda qui relevait du chapitre VI (Règlement pacifique des différends), celle-ci se réfère quant à elle au chapitre VII de la Charte de l’ONU (action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression). Ce choix, lui confère ainsi une plus grande marge de manœuvre, notamment en ce qui concerne l’utilisation des moyens militaires et de la force. Toutefois même si l’application de la force était autorisée, tout affrontement devait impérativement être évité dans la mesure du possible par les forces françaises. Enfin, pour ce qui a trait aux effectifs l’opération Turquoise comptait quelques 2550 militaires de l’armée française, ainsi que 500 autres venus de sept pays d’Afrique (Tchad, Guinée, Sénégal, Niger, Congo et Égypte). Elle a pris fin officiellement, 2 mois après son déploiement, le 21 août 1944.

1.2 Le cas de L’Autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge.

L’Autorité provisoire des Nations Unies au Cambodge (APRONUC) est une opération militaire de maintien de la paix élaborée à la suite des Accords de Paris, signés le 23 octobre 1991. À ce titre elle sous-entend trois principes de base : le consentement des parties impliqués, l’impartialité et le non recours à la force excepté en cas de légitime défense ou bien de défense du mandat. Tout comme l’opération Turquoise, elle s’inscrit en prolongement d’une mission déjà existante : la Mission préparatoire des Nations Unies au Cambodge (MIPRENUC) chargée d’une première mission d’observation et de conciliation afin de maintenir l’élan du processus de paix et de ce fait faciliter sa mise en place. Le mandat octroyait par l’ONU à l’APRONUC était bien plus clair et réalisable que celui de l’opération Turquoise, il comportait deux principaux objectifs. D’une part, empêcher la reprise de la guerre civile entre les forces de l’État du Cambodge, les Khmers rouges et les autres factions de la Résistance Nationale Cambodgienne qui sévit sur le pays depuis l’invasion vietnamienne en 1979. Et d’autre part, la création d’un environnement politique neutre, pacifique visant à terme la tenue d’élections libres et transparentes sous l’égide des Nations Unies et la formation d’un nouveau gouvernement légitime (Barbier 1997).

Pour ce faire, l’APRONUC disposait d’un mandat qui dépassait de loin celui accordé aux opérations de maintien de

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