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Vie politique française : Pourquoi commencer en 1789 ?

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Par   •  29 Décembre 2021  •  Cours  •  42 990 Mots (172 Pages)  •  230 Vues

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 VIE POLITIQUE FRANÇAISE

INTRODUCTION GENERALE : Pourquoi commencer en 1789 ?

Parce que 1789 marques une rupture, c’est-à-dire la fin d’une époque, et le début d’une nouvelle, celle à laquelle nous appartenons.

Ainsi qualifie-t-on généralement la phase qui se clôt en 1789 d’« Ancien Régime », tandis que débuterait ensuite l’ « Ère contemporaine ».

 En d’autres termes, l’organisation politique et sociale de la France actuelle repose sur des bases qui ont été dans une large mesure fondées en 1789.

En ce sens, 1789 a bien été une révolution

Les évènements de 1789 ont en effet introduit en l’espace de quelques mois des changements fondamentaux dans l’organisation politique et sociale française :

  • sur le plan politique : l’abolition de la monarchie absolue
  • sur le plan social : l’abolition de la société féodale fondée sur les privilèges.

Certes, 1789 n’a pas fait totalement « table rase du passé », contrairement à ce qu’affirment les révolutionnaires (pour qui cette expression est un véritable leitmotiv). Certains traits de l’Ancien Régime perdurent après la révolution et continuent de nos jours à caractériser le système politique et social français.

Par exemple : l’importance de l’État, soutenu par une machine administrative puissante. Cette caractéristique française s’affirme déjà sous l’Ancien Régime. On la fait souvent remonter à Louis XIV et à son ministre Colbert, qui mit en place un corps d’intendants du roi nommés sur des critères proclamés « méritocratiques ». Ce personnel de l’État s’est progressivement substitué aux aristocrates (critère de recrutement « aristocratique ») comme relais du pouvoir central (notamment pour lever l’impôt). Le « colbertisme » désigne par ailleurs une politique économique d’impulsion étatique, fortement interventionniste.

En outre, 1789 n’est pas un commencement absolu. Les changements que la révolution apportent sont radicaux mais n’en plongent pas moins leurs racines dans le passé : ils constituent l’aboutissement de processus commencés bien avant eux.

Tocqueville, dans l’Ancien Régime et la Révolution (1856), montre que l’abolition de la monarchie absolue et de la société féodale est la conséquence de la montée de l’idéologie égalitaire dans le siècle qui précède la Révolution. Cette montée a elle- même été engendrée par deux facteurs :

1. La remise en cause de la fonction sociale et politique de la noblesse, à laquelle se substitue progressivement l’administration royale. Il en résulte que les privilèges dont jouit la noblesse apparaissent moins justifiés.

2. La diffusion de l’individualisme sociologique, courant de pensée appartenant à la philosophie des Lumières qui prêche l’égalité des individus et refuse la division en ordres de la société d’Ancien Régime.

Tocqueville conclut que le progrès de l'égalité a précédé la révolution, du moins dans les esprits. Le progrès de l’égalité est l’une des causes principales de la révolution, et non une conséquence de révolution, comme le prétend une analyse superficielle. La révolution n’a fait que renforcer l’idéologie égalitaire. Tocqueville affirme même que la destruction de la société féodale opérée par la révolution aurait eu lieu de toute façon, avec ou sans révolution, du fait de la montée de l’idéologie égalitaire :

« tout ce que la Révolution a fait, se fût fait, je n'en doute pas, sans elle ; elle n'a été qu'un procédé violent et rapide à l'aide duquel on a adapté l'état politique à l'état social, les faits aux idées, les lois aux mœurs ». (L’Etat social et politique de la France avant et après 1789, 1836).

Autrement dit : sans la révolution on en serait arrivé au même point, mais plus lentement (par des réformes progressives). D’ailleurs on en est arrivé au même point ou presque, sans révolution, dans la plupart des autres pays d’Europe. Le mouvement des Lumières, porteur de l’idéologie égalitaire, a en effet touché toute l’Europe. Partout il a conduit à une critique de la société d’Ancien Régime. D’après Tocqueville, si une révolution a éclaté en France et accéléré la destruction de l’Ancien Régime, c’est à cause de la crispation de la monarchie française, qui a refusé toute concession aux aspirations égalitaires.

Le rôle de la révolution dans la destruction de l’Ancien Régime est objet de désaccord entre les historiens. Mais il est indéniable que c’est avec la révolution que l’Ancien Régime prend fin. La société féodale et la monarchie absolue disparaissent à jamais en 1789, et la révolution marque le début d’une nouvelle ère sur le plan social et politique. Cette ère est caractérisée par le rejet des ordres et des privilèges, l’égalité juridique des individus, la reconnaissance de droits individuels inaliénables et des institutions politiques puisant leur légitimité dans la souveraineté populaire.

  • Ce qui ne veut pas dire que l’application de ces principes sera linéaire et exempte de retours en arrière. L’Empire napoléonien va ainsi restaurer une forme de noblesse avec des privilèges, ainsi qu’un mode de gouvernement autocratique ; de même la période dite de la Restauration marquera un retour à un régime monarchique proche de la monarchie absolue. Mais ces retours en arrière seront des soubresauts temporaires de l’histoire.

La vie politique française actuelle, ou, plus largement, de l’après-seconde guerre mondiale, gagne donc un éclairage utile à être replacée dans l’ensemble de la période contemporaine entamée avec la révolution. C’est pourquoi ce cours commence en 1789.

Le « régime »

Dans l’expression « Ancien Régime », le terme a un sens très large, non limité au régime politique : il désigne l’organisation politique, économique, sociale etc. d’un pays.
Employé seul, le terme « régime » a un sens plus étroit : celui de régime politique, c’est-à-dire des institutions qui règlent la vie politique. C’est dans cette acception que nous utiliserons ce terme dans la suite du cours.

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