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Qu'est ce que la science administrative ?

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Par   •  12 Novembre 2016  •  Cours  •  1 860 Mots (8 Pages)  •  1 009 Vues

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La démarche sociologique permet de décoder des discours sur la réalité sociale, politique. Everett Hugues, grand

sociologue américain qui disait que « la sociologie permet de procéder à l’examen critique des propriétés des termes du langage

ordinaire ». A ses yeux, ces termes constituent autant de définitions préalables des objets qu’on entend étudier. Se méfier des

termes du langage ordinaire est donc une stratégie d’investigation qu’on peut appliquer à tous les sujets d’analyse. De ce point

de vue, le travail spécifique du sociologue est donc d’essayer de contrôler les catégories du langage ordinaire. Il s’agit pour les

sociologues de les vider de leur charge idéologique ou plutôt d’objectiver cette charge, de la rendre visible. De fait, si le

sociologue, le politiste, doit se méfier des mots du langage ordinaire, c’est parce que « les catégories du langage ordinaire

reflètent les points de vue de catégories particulières de personnes et qu’à travers leur usage s’impose le point de vue pratique

de celles-ci et leur perception des phénomènes sociaux, non seulement leur jugement de valeur implicite mais aussi un

découpage de la réalité sociale qui implique des jugements de valeurs ». !

Hugues dans son ouvrage prend l’exemple du terme freinage, c’est un terme utilisé par les sociologues du travail dans

les années 40 dans leurs écrits scientifiques pour rendre compte d’une pratique répandue chez les ouvriers de l’époque pour

montrer qu’ils en avaient assez du rythme de travail imposé par les patrons : les sociologues utilisaient le terme de freinage pour

désigner cette pratique car les ouvriers ralentissaient la cadence. Les sociologues reprenaient donc un terme qui reflétait le point

de vue des employeurs sur cette pratique et donc il y avait une connotation négative car ça montrait que les ouvriers étaient en

dessous du rythme de production que les ouvriers considéraient comme normal.

Il en est par exemple de même quand dans la vie quotidienne on parle de charges sociales pour désigner les cotisations

sociales : le terme de charge sociale renvoie à une idée négative, à un poids et donc à quelque chose qu’il faudrait alléger,

nuance pas incluse dans le terme de cotisation sociale.

De même pour l’idée de modernisation de l’Etat qui véhicule une idée de mieux, alors même qu’il s’agit parfois de

procéder aux démantèlements des services publics et donc suppression de certains postes. !

Les termes du langage ordinaire intègre certains points de vue de certains acteurs socialement situés dans le monde

social. Et donc sous couvert de désigner la réalité, bien souvent, ces termes stigmatisent. Ces termes disent ce qu’il faudrait

penser du monde social. L’une des questions que doit se poser le chercheur est de savoir comment s’est imposé au début des

années 2000 ce terme de modernisation. !

Ce qui va nous occuper ce semestre ce sont les institutions administratives sous l’angle de la sociologie de l’Etat et non

sous l’angle du droit. L’administration désigne l’ensemble des services chargés d’organiser un Etat, une collectivité publique. Il

y a une administration d’état, puis administration territoriale, administration déconcentrée et administration décentralisée. !

L’article 20 al.2 C dit que le gouvernement dispose de l’administration et de la force armée. Il existe donc en droit un

principe de subordination de l’administration publique par rapport au pouvoir politique qui la dirige. C’est compréhensible dans

la mesure où nous vivons aujourd’hui dans un régime démocratique au sein duquel le peuple est souverain et les décisions

politiques sont donc prises au nom du peuple par ses représentants élus qui bénéficient d’une légitimité démocratique. Dans ce

système, l’administration qui ne bénéficie en aucun cas de cette légitimité démocratique n’a donc qu’une fonction instrumentale

par rapport au pouvoir politique. L’idée est que le pouvoir politique sera la tête et l’administration les bras. La manière dont le

droit met en forme ou objective d’une part l’existence d’un pouvoir politique et d’une administration et d’autre part la relation

de subordination qui lie l’administration au pouvoir politique nous les donne à voir l’une et l’autre comme naturelles. En gros, le

droit nous dit qu’il existe un gouvernement chargé de diriger et de décider et il dispose d’une administration pour mettre en

oeuvre ses décisions. Ceci est juste en droit. Or, cette administration publique de type bureaucratique différenciée du pouvoir politique n’a pas existé de tout temps comme pourrait le laisser penser le langage juridique. De fait, par sa forme même, le

langage juridique qui fait un usage constant du présent de l’indicatif qui est omnitemporel tend à dénier aux institutions en

général et aux institutions étatiques en particulier leur statut de construit social, leur historicité et leur contingence. La

constitution du 4 octobre 1958 ne dit pas que la conduite de la nation sera conduite par un gouvernement qui disposera de

l’administration. Le texte dit que, comme s’il en avait toujours été ainsi, le gouvernement conduit la politique de la nation et

dispose de l’administration. L’emploi dans le texte de la constitution

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