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Les médias et la vie politique

Cours : Les médias et la vie politique. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Décembre 2017  •  Cours  •  2 001 Mots (9 Pages)  •  881 Vues

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CHAPITRE 8 : Médias, Internet et Démocratie

Apparition de la télévision dans les années 60 et évolution et utilisation répandue des sondages

  1. L'opinion publique existe-t-elle ?

Invention des sondages d'opinion comme technique en 1936 aux États-Unis par GALLUP = une méthode de mesure statistique de l’opinion. Il transpose dans le domaine public la technique statistique. Idée qu'il suffit d'interroger un échantillon réduit pour en déduire l'opinion de toute la population.

Il a réussi en interrogeant 5 000 américains à prévoir la réélection de Roosevelt, avant on utilisait le vote de paille, les magazines interrogeaient leurs lecteurs, mais c'était loin de la réalité. Car dans les sondages on trouve un échantillon représentatif de la société, en respectant les proportions, c'est un mini-peuple.

La taille moyenne d'un échantillon nécessaire est de 2 000 personnes pour être efficace. Les instituts utilisent la méthode des redressements en utilisant leurs précédents sondages en corrigeant les résultats. Par exemple il y avait une sous-déclaration des votes FN à l'époque, mais il faut des résultats précédents pour avoir des sondages précis (En Marche en 2017 est nouveau par exemple).

En France il y avait des réticences pour les sondages, le premier institut, l'IFOP est créé en 1938, il a fallu attendre 1965 pour utiliser les sondages. L'IFOP avait annoncé le ballotage de De Gaulle.

La notion d'opinion publique est remise en question.

  1. L'opinion publique existe-t-elle ?

Le sociologue Pierre BOURDIEU est à l'origine de la critique, il dit que la vie sociale est divisée entre dominants et dominés, par découpage de la société en domaine, on trouve cette logique dans tous les domaines. Il dit que les sondages sont un outil aux mains des politiques, et servent à faire croire qu'il existe une opinion publique unanime des français.

L'opinion est une construction artificielle destiné à produire un "effet de consensus" pour légitimer le pouvoir en place. Elle a pour effet d'enfermer les citoyens dans leur domination car lorsque l'on pose une question politique, tous n'ont pas les mêmes capacités pour y répondre, selon leur capital symbolique.

Lors d'un sondage, il y a des individus qui sont dits les "sans-réponses" car ils ne s'estiment pas assez aptes à répondre à la question. Bourdieu repère que les interrogés répondent comme le reste de leur classe, on parle d'habitus de classe, chaque enfant intériorise les valeurs de son milieu social.

Les dominés vont s'extraire de la sollicitation et ne répondent pas, les dominés soit se taisent, soit disent de se référer aux autres.

Un autre sociologue Patrick CHAMPAGNE, développe la thèse de Bourdieu et montre que l'opinion publique est fabriquée et qu'elle a créé un nouveau jeu politique, les sondages ont transformé la vie démocratique en politique-spectacle. Les hommes et femmes politiques sont peu à peu devenues des modèles de spectacles qui fondent leur action sur la mesure de leur popularité, c'est ce qui fait la valeur d'un individu. Les politiques considèrent leurs actions selon l'effet sur la popularité, dès la fin des 90's.

C'est un outil qui a transformé les politiques en vedettes mais peut être un outil démocratique.

  1. L'opinion publique : Un outil démocratique

Alain LANCELOT considère que les sondages sont au service de la démocratie et que la pratique des sondages est proche de celle du suffrage universel, car les individus peuvent exprimer leur opinion. Même les citoyens les plus passifs peuvent donner leur avis et prendre la parole.

Lancelot distingue quatre apports positifs des sondages à la démocratie :

 La sélection des gouvernants : Il utilise la métaphore du restaurant et du menu, au lieu d'attendre le menu, les citoyens passent dans la cuisine pour dire quels sont leurs goûts (même logique pour les primaires dès 2007).

 Le contrôle des gouvernants : Il s'agit entre deux élections de faire savoir ce que les citoyens pensent de la politique qui est menée. Ils exercent une contrainte en rappelant l'exigence de pédagogie et de communication, pour expliquer et convaincre.

 Le respect de l'opposition : Permet aux forces de l'opposition de faire entendre leur voix. Par exemple, aujourd'hui on peut connaitre l'avis des LREM et anti-LREM sur les mesures.

 La culture de liberté : Renvoie au pluralisme des opinions, et les sondages permettent de maintenir cette pluralité car ils donnent la parole à tous les citoyens.

  1. Les médias dans la vie politique : Vers un appauvrissement du modèle démocratique

On passe des sondages aux médias, car un intime lien uni les sondages et le monde médiatique. Les médias font le commentaire des sondages. On a vu apparaître la pratique de l'analyse sondagière que les sont les politologues (spécialisés dans les sondages et la vie politique) et les journalistes, qui forment un entre-deux entre les citoyens et le pouvoir.

  1. Les mutations médiatiques du politique

Erik NEVEU a montré que la médiatisation de la vie politique avait produit 3 changements socio-politiques ayant accompagné la médiatisation de la vie politiques :

 L'autonomisation des médias : Aux origines, le rapport de force était du côté des politiques car la télévision, notamment l'ORTF est publique, donc aux mains du pouvoir, jusqu'en 1974, les médias sont au service des gouvernants, il n'y a pas d'opinion. En 1974 apparaissent des chaînes télé et stations de radios suite à la dissolution de l'ORTF. Avec la libération des ondes on en voit une multiplication.

Les journalistes peuvent s'exprimer librement. Les chaînes publiques (France Télévision) sont toujours sous le contrôle de l'État. Les rôles s'inversent et les journalistes politiques prennent la main et peuvent manipuler à leur tour les gouvernants. Cette évolution est renforcée par le deuxième élément.

 La polarisation de la couverture médiatique sur les leaders : Accompagne la médiatisation de la vie politique, il y a des raisons institutionnelles, l'élection au SU, la multiplication des élections. Cette montée en puissance des élites est rendue possible par la médiatisation, et notamment la télévision, qui entretient le mécanisme. Les politiques donnent une place de plus en plus importante à la communication. On voit apparaitre les spin doctors, les conseillers en communication, qui sont les plus importants. On assiste à un renversement de la dynamique, les politiques attendent de savoir des citoyens comment se comporter et quelles mesures mener. La fonction d'impulsion disparait.

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