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Justice et droit

Commentaire d'arrêt : Justice et droit. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Avril 2018  •  Commentaire d'arrêt  •  2 838 Mots (12 Pages)  •  496 Vues

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III/ Justice et droit

Commençons par constater que les deux notions de droit et de justice sont étroitement liées.

En latin, droit se dit jus et justice justitia.

La justice est une valeur morale : elle est fondée sur le respect de la personne et doit incarner les principes d'égalité et d'équité. Elle a donc une prétention universelle.

Mais la justice est aussi le nom donné à l'institution chargée d'appliquer le droit, qui diffère selon les pays.

        

Le droit (du latin directus, ce qui est sans courbure, droit) est l'ensemble des règles qui dirigent la vie en société : les lois. On appelle cela le droit positif, qui est différent d’un pays à l’autre.

Mais on parle aussi de droits fondamentaux, voire de droits naturels, qui seraient universels.

Comment s’articule donc la valeur Justice, qui a une prétention universelle et intemporelle, avec les lois créées pas les hommes, qui dépendent des pays et des époques ?

(On doit constater, en effet, que les lois diffèrent d'un pays à un autre. Pascal écrivait : "Vérité en-deça des Pyrénées, erreur au-delà.")

La justice serait-elle donc relative ?

Le droit est-il juste ? Son respect suffit-il à établir la justice ?

        Certaines dispositions du droit peuvent en effet nous paraître injustes.

        On connaît l'expression : Dura lex, sed lex.        

        On parle aussi de "Justice aveugle".

On trouve d'innombrables illustrations littéraires de ce droit aveugle.

Antigone est une tragédie écrite par Sophocle au Ve siècle avant J-C.

Résumé : Antigone est la fille incestueuse d'Oedipe et de Jocaste. Après l'exil du roi Oedipe, ses deux fils Polynice et Etéocle luttent pour le trône de Thèbes et sont tués au combat. Créon, le nouveau maître de la ville, décide de la disgrâce de Polynice, qui s'est allié à des puissances ennemies. Il refuse de lui donner une sépulture décente. Antigone, la soeur de Polynice, s'y oppose et décide d'enterrer elle-même le corps. Elle viole donc le décret du roi. Créon est furieux. Il convoque Antigone qui se défend en disant que son ordre n'était pas moral. Créon décide de l'emmurer vivante dans une grotte. Tirésias le devin lui dit que les Dieux n'approuvent pas son action. Créon décide alors de libérer Antigone, mais celle-ci s'est pendue.

Que nous enseigne cette tragédie ?

Pour Antigone, peu importe le droit institué par Créon : c'est l'homme lui-même et sa dignité qui comptent. Son frère mérite une sépulture, parce que tout homme mérite une sépulture.

Il y a donc une Justice supérieure à la justice rendue par les hommes : pour Antigone, cette Justice est divine.

"J'ai désobéi à la loi car ce n'était pas Zeus qui l'avait proclamée, ce n'était pas la Justice."

Antigone oppose aux lois des hommes des lois qui ne sont pas écrites mais qui s'imposent, par la voix de la conscience. Elle oppose les lois conventionnelles (le droit positif) aux lois divines.

Pour Antigone, ce ne sont pas les hommes qui décident de ce qui est juste ou injuste : la Justice est une valeur transcendante, plus grande qu'eux.

A partir de là, on peut se demander quel est ce principe supérieur de Justice qui est censé fonder le droit.

1/ Sur quoi le droit positif doit-il se fonder ?

a/ Sur la nature

Dans le Gorgias, Platon oppose deux visions opposées d’un droit fondé sur la nature : celle de Calliclès et celle de Socrate.

  • Texte p. 428 : Calliclès

Pour Calliclès, la loi doit se conformer à la nature : c'est la loi du plus fort.

Il affirme que les lois humaines (ce qui sera appelé plus tard le droit positif) sont artificielles et même contre nature : elles ont été inventées par les hommes les plus faibles pour rabaisser les plus forts à leur niveau et les forcer à respecter leurs règles.

"La justice consiste en ce que le meilleur ait plus que le moins fort. Partout il en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités."

On voit bien le danger d’une telle pensée. Le nazisme prétendait fonder le droit sur une prétendue inégalité naturelle des races : toutes les races ne devraient pas avoir les mêmes droits, puisque certaines seraient supérieures à d'autres. Pensez également à la théorie d’Aristote selon laquelle certains hommes sont nés pour commander, d’autres pour être commandés : c’est une justification de l’esclavage.

  • Pour Socrate, au contraire, le Juste est une Idée, c’est-à-dire une Vérité absolue, qui doit s’incarner à la fois dans l'âme (vertu) et dans la Cité. 

Socrate pense donc que la Justice (comme Idée, valeur morale) et le droit ne doivent faire qu'un.

Platon fait un parallèle entre l'âme et la Cité :

  • L'âme se divise, selon lui, en trois parties : l'intelligence, le coeur et le désir. C'est la tripartition de l'âme.
  • La Cité, de la même façon, se divise entre les philosophes (qui doivent la diriger), les guerriers (qui doivent la défendre) et les artisans (qui procurent les biens matériels).

Dans l'homme comme dans la Cité, la justice consiste dans l'équilibre naturel des parties, chacun accomplissant son devoir, conformément à sa nature. Les plus intelligents deviennent philosophes, les plus courageux se font soldats et les autres sont paysans ou artisans.

Seuls les philosophes connaissent le Bien (cf l'allégorie de la caverne), ils sont donc les seuls à pouvoir gouverner : Platon les appelle les philosophes-rois.

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