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Corée Du Nord et Corée du sud

Mémoires Gratuits : Corée Du Nord et Corée du sud. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2013  •  3 759 Mots (16 Pages)  •  723 Vues

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Corée du Nord - Corée du Sud : la crise. Après avoir expliqué les causes de la stratégie de la tension du dictateur nord-coréen, B. Courmont déplace le projecteur sur la Corée du Sud. Certains cercles sud-coréens auraient-ils intérêt à un conflit qui briserait - enfin - le statu quo qui pèse sur la péninsule depuis 60 ans ?

LES GESTICULATIONS de Pyongyang sur fond de crise nucléaire offrent l’occasion de ressortir toutes les analyses présentant le caractère presque surréaliste et abject de ce régime, mais aussi des idées reçues sur son irrationalité, sa folie meurtrière, dans un gigantesque prêt-à-penser auxquelles les crises sécuritaires nous ont habitués. On peut bien sûr rappeler les fondamentaux de la Corée du Nord, etchercher à comprendre ce qui motive Kim Jong-un, mais les réponses sont assez simples, et n’ont surtout pas évolué depuis la fin de la Guerre froide. Le régime cherche à assurer sa survie, et à cet égard l’arme nucléaire n’est qu’un outil parmi d’autres, la « continuation de la politique par d’autres moyens », mais des moyens mettant en avant une forme de dissuasion, pas la guerre. L’escalade est là, réelle, mais même en cherchant très loin on voit difficilement quel serait pour Kim Jong-il le gain à s’engager dans un conflit qu’il sait perdu d’avance, et ses gesticulations sont dès lors à la fois rationnelles et limitées dans leur portée.

A l’inverse, la Corée du Sud, étrangement absente de toutes les analyses qui prolifèrent à grande vitesse ces dernières semaines, m’inquiète, au point de considérer que si la guerre – qui reste hypothétique et à laquelle je ne crois pas – venait à éclater, ce sera surtout consécutivement à un engagement de Séoul allant dans ce sens, et à une volonté de briser le statu quo qui assure la sécurité dans la péninsule depuis soixante ans.

Un déséquilibre qui pose problème

Dans toute relation asymétrique, on distingue un acteur, le faible, qui cherche constamment à combler son retard, et se hisser au niveau de son adversaire. Ainsi, quand l’Union soviétique procède à son premier essai nucléaire en 1949, c’est pour combler son retard sur son rival américain, et le même type de recherche d’équilibre se retrouve en Asie du Sud, entre l’Inde et le Pakistan. En se dotant de l’arme nucléaire, la Corée du Nord cherche à rattraper son retard, désormais béant, sur son voisin et rival. L’autre acteur de la relation asymétrique, le fort, a pour objectif de maintenir son avance, soit en hissant son propre niveau, soit en barrant la route du faible. En clair, l’équilibre ne lui convient pas.

Pour comprendre l’importance de l’équilibre, il suffit de se rappeler de 1950. A l’époque, Soviétiques et Américains s’étaient entendus pour retirer leurs troupes de la péninsule, ce que l’administration Truman fit avec zèle. Fort de sa supériorité militaire résultant de ce retrait, Kim Il-sung ne se fit pas prier pour se lancer, avec le feu vert de Moscou, à l’attaque. L’équilibre de la bipolarité calma les ardeurs des uns et des autres tout au long de la Guerre froide. Et depuis la disparition de l’Union soviétique, Pyongyang a compris qu’un conflit lui serait fatal, tandis que Séoul s’est tournée vers d’autres objectifs, résultat d’une démocratie durement acquise. Et la République de Corée est devenue un pays puissant, reconnu à échelle internationale – comme en témoignent les succès de la diplomatie active de Lee Myung-bak en faveur d’organisation de sommets internationaux, notamment le G20 de 2010 – et aspire au statut de puissance régionale tandis que son voisin s’enfonce dans une pauvreté chronique. Pour la première fois depuis leur séparation, les deux Corées ne sont pas uniquement distinctes d’un point de vue politique et idéologique, mais surtout économique et social.

Le déséquilibre actuel, que les capacités nucléaires nord-coréennes ne permettent pas de combler entièrement, est d’autant plus fort que Séoul bénéficie du soutien américain, tandis que Pyongyang ne peut que constater l’isolement dans lequel le régime se trouve, et pour lequel sa responsabilité est évidemment totale. Dans ce schéma, la confrontation ne saurait que tourner à l’avantage de Séoul, tandis que Pyongyang serait totalement écrasé. Les risques de riposte et de dommages irréparables, et c’est là que le nucléaire entre en scène, calment les ardeurs de ceux qui souhaiteraient en finir pour de bons avec le régime nord-coréen, compte-tenu du risque de voir une ville comme Séoul, située à moins de quarante kilomètres de la zone démilitarisée, être l’objet d’attaques, et ce quelle que soit la nature des armes utilisées. Dès lors, les choses sont assez simples : la Corée du Nord n’a aucun intérêt à se lancer dans une nouvelle guerre de Corée. On peut affubler Kim Jong-un, comme son père avant lui, de tous les sobriquets qu’on souhaite, et on peut lui reprocher une liste impressionnante de méfaits, mais à moins qu’il ait totalement perdu la raison et se lance dans une opération suicide à grande échelle dont il ne saurait tirer le moindre profit, il n’y a pas de raison qu’il se lance à l’assaut de son voisin sud-coréen.

Côté sud-coréen, le déséquilibre est jugé rassurant, et la classe politique autant que la population peut continuer tranquillement à rêver de réunification, sans pour autant anticiper ce à quoi elle ressemblera, ce qu’elle coûtera, et ce qu’elle signifiera en terme de mutations économiques et sociales pour le Nord, mais aussi pour le Sud. Pendant ce temps, les faucons, les milieux les plus hostiles à Pyongyang, souvent nostalgiques du régime autoritaire de Park Chung-hee, et ardents opposants à la sunshine policy, se disent qu’il est peut-être le temps de mettre un terme définitif au différend entre les deux Corées, en répondant aux provocations de Kim Jong-un, et en le prenant au mot. L’équation est simple pour les faucons : puisque la Corée du Sud est certaine de remporter la guerre, pourquoi ne pas s’y engager, puisque c’est le souhait proclamé de Pyongyang ?

Quelle est l’autorité de Madame Park ?

La présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, n’est sans doute pas à classer dans les rangs des faucons. Et ses positions sur la Corée du Nord pendant la campagne électorale qui l’a portée à la victoire en décembre 2012 étaient plus ouvertes au dialogue que celles de son prédécesseur, Lee Myung-bak, dont elle se démarqua à plusieurs reprises de l’engagement très musclé. Soucieuse d’assurer la dénucléarisation de la péninsule, elle se montre également disposée à renouer les relations avec Pyongyang,

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