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« C’est un oiseau ! » Brancusi vs États-Unis, ou quand la loi définit l’art

Synthèse : « C’est un oiseau ! » Brancusi vs États-Unis, ou quand la loi définit l’art. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Novembre 2020  •  Synthèse  •  1 014 Mots (5 Pages)  •  660 Vues

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Anouchka SiméonSynthèse économiqueM2 Goût et Luxe

« C’est un oiseau ! » Brancusi vs États-Unis, ou quand la loi définit l’art

En 1927, Brancusi (demandeur) se voit intenté un procès contre l’État américain (défendeur) afin de prouver que son œuvre « Oiseau » est bel et bien une œuvre d’art. En effet, cette dernière vient d’être taxée à l’importation en tant qu’objet utilitaire par la douane américaine alors que le Tariff Act de 1922 permet « la libre importation des œuvres d’art originales réalisées par les artistes contemporains ». Ce procès va permettre de montrer que même si un art n’est pas « traditionnel », il a le droit d’être représenté. Il y a dans ce texte deux types d’argumentation : une argumentation juridique et une argumentation esthétique. Cinq pièces à conviction sont présentes : l’œuvre originale, une photographie certifiée conforme à l’œuvre originale, un exemplaire de la revue The Arts, un autre numéro de cette revue montrant d’autres œuvres de Brancusi et enfin la déposition de ce dernier. Ensuite, les témoins du demandeur se trouvent tous être des experts en art moderne. Ce procès sera remporté en 1928 par Brancusi et permettra de mieux intégrer l’art moderne dans les institutions dans l’entre-deux guerres.

La défense va utiliser huit arguments afin de décrédibiliser l’œuvre, les personnes défendant l’artiste puis Brancusi lui-même. Les deux premiers visent l’œuvre, d’abord en essayant de démontrer que ce n’est pas l’œuvre originale, ce à quoi Brancusi répond que toute la finition a été faite par lui-même à la main. Les plaignants répondront ainsi essentiellement que la main de l’artiste est forcément intervenue par « la différence entre la conception initiale et finale ». Comme « sa main » est intervenue, cela montre que cette œuvre ne vient pas de l’industrie. Deuxièmement, la défense attaque la ressemblance pour montrer que ce n’est pas une œuvre d’art car l’œuvre ne ressemble pas véritablement à un oiseau. Les plaignants vont alors expliquer que la ressemblance en art est « purement intérieure, subjective et suggestive ». En effet, l’œuvre suggère le vol de l’oiseau et non l’oiseau lui-même, cependant l’artiste est libre de choisir un titre même s’il ne correspond pas tout à fait à l’œuvre. De plus, Brancusi va montrer une œuvre qui est bel et bien considérée comme une œuvre d’art de l’antiquité égyptienne dont le titre ne correspond pas exactement à l’œuvre et dont l’art est également abstrait. Le juge va finalement clore le débat en disant que la loi n’indique pas qu’il faille une ressemblance entre l’œuvre et quelque chose de réel. Ensuite, les deux arguments suivants vont viser les témoins de l’artiste, la défense veut troisièmement montrer que « les témoins de la défense ne sont pas qualifiés » ce à quoi les plaignants vont répondre que ceux de la défense ne le sont pas non plus. En effet, l’un d’eux, Aitken, rejette totalement l’art moderne dans son ensemble, n’a aucune sensibilité envers cet art est n’est donc pas impartial et son témoignage le prouve bien. Quatrièmement, la défense veut montrer que la reconnaissance de l’artiste « n’est due qu’à des liens personnels ». De cette manière, les plaignants vont répondre que non, ils aiment cette œuvre par ce qu’elle représente, ils y sont sensibles et de surcroît, Brancusi en tant qu’artiste est reconnu comme tel par « les institutions au plus haut niveau » et « intéresse les critiques tout comme les grands experts à l’étranger », ce qui lui donne une certaine légitimité. Enfin, la défense va attaquer l’artiste en lui-même. Pour cinquième argument, la défense va vouloir faire passer Brancusi comme un marginal, qu’il est le seul à pratiquer ce type d’art. Néanmoins, cela prouve son authenticité, les plaignants vont donc répondre que son œuvre n’est pas plus unique qu’une autre et que « l’artiste s’inscrit dans une forme d’art partagée par d’autres voire très ancienne », en effet, en reprenant l’exemple de l’œuvre antique égyptienne, Brancusi n’est pas le seul à créer ce type d’art abstrait. Pour sixième argument, la défense va remettre en cause les talents de Brancusi, en disant qu’il est un mauvais artiste, qui pratique l’abstraction car il est incapable de « figuration ». Cependant, cet argument est vite écarté grâce à la pièce à conviction quatre, la revue The Arts montre d’autres œuvres de Brancusi plus « académiques ». Avec le septième argument, la défense veut montrer qu’un artisan aurait lui aussi été capable de produire l’œuvre de Brancusi sans pour autant avoir des intentions artistiques. Ce à quoi les plaignants vont répondre que l’œuvre de Brancusi est une œuvre d’art puisqu’elle a été produite par un artiste, un artisan peu polir mais ne peut pas concevoir, il ne fera pas quelque chose de « beau », il ne fera pas « les lignes particulières » qu’un artiste peut concevoir. Pour finir, le dernier argument de la défense sera de dire que l’œuvre de Brancusi n’est pas une œuvre d’art, Aitken va soutenir cette affirmation en expliquant qu’il ne considère aucune des œuvres de Brancusi comme des œuvres d’arts car elles sont trop abstraites, donc elle perde cette identité d’œuvre d’art. Pour contrer cet argument, les témoins du plaignant vont donner trois raisons pour laisser « Oiseau » être une œuvre d’art. D’abord, l’opinion est subjective. En effet, pour une seule œuvre, il y aura toujours une divergence d’opinion si on réunit plusieurs artistes -objectifs- pour parler d’elle, ensuite, la beauté de l’œuvre en fait une œuvre d’art, même si Aitken ne l’apprécie pas, d’autres peuvent ressentir des émotions positives envers elle. Et enfin, cette œuvre n’a pas de fonction utilitaire contrairement à un objet industriel.

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