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Corrigé d'Interrogation de Chimie Rayons X

TD : Corrigé d'Interrogation de Chimie Rayons X. Recherche parmi 302 000+ dissertations

Par   •  29 Mai 2025  •  TD  •  2 079 Mots (9 Pages)  •  46 Vues

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1) Des mots grecs anthrôpos et kainos, qui signifient respectivement « homme » et « nouveau », le concept d’Anthropocène, né dans les années 2000, se réfère à une nouvelle époque géologique ayant débuté dès la fin du XIXème siècle, et caractérisée par la nécessité de prendre en compte l’être humain comme l’un des principaux moteurs des changements subis par les écosystèmes sur Terre, au même titre que les forces géophysiques, voire en plaçant son influence au-dessus d’elles.

Comme le définit l’historien Jean-Baptiste Fressoz, l’Anthropocène est « notre époque […], notre condition », en somme le règne de l’Homme, où notre statut désormais central implique de grandes responsabilités vis-à-vis de la santé de notre planète, donc de notre propre santé.

Néanmoins, les débuts de cette époque, au temps de l’industrialisation massive, sont marqués par une négation de l’impact des activités humaines sur les conditions de vie des hommes du XIXème siècle et de leurs descendants, due à une volonté de poursuivre le progrès à tout prix. Dans l’optique de déculpabiliser ce dernier aux yeux de l’individu, les sociétés vont jusqu’à bouleverser leurs systèmes de normes et leurs théories scientifiques comme le met en évidence Fressoz dans un entretien accordé à RdL, La Revue des Livres : face aux polutions atmosphériques, effets néfastes visibles du développement de l’industrie sur les écosystèmes, toutes les instances favorables à ce dernier, des gouvernements aux chercheurs, s’emploient à gommer le lien entre la qualité de l’environnement et la santé des populations, bien ancré dans les doctrines médicales jusque-là.

Ainsi, en entrant dans l’Anthropocène, l’Homme devient lui-même la cause majeure des évolutions de ce qui l’entoure et de ce qu’il est ; il s’opère alors un dédouanement, un refus de reconnaître qu’il est à l’origine des maux qu’il endure, en attribuant la responsabilité de la santé des humains à des facteurs extérieurs qui nous échappent, comme le milieu social auquel chaque individu appartient. Diverses interrogations nous viennent alors à l’esprit : quelles raisons peuvent nous pousser à gommer des savoirs, des théories, qui ont traversé les siècles ? Peut-on faire d’un mensonge la norme, en l’occurence la dédiabolisation du progrès industriel, si celui-ci est dangereux ? Quelles sont les conséquences de cette évolution des normes ?

En résumé, nous nous demanderons en quoi l’entrée dans l’Anthropocène a marqué un bouleversment des normes de santé pour disculper les activités humaines.

2) Dans son entretien avec RdL, Jean-Baptiste Fressoz souhaite déconstruire l’idée commune selon laquelle la destruction de l’environnement à la fin du XIXème siècle, en particulier par le biais de la pollution atmosphérique, était inconsciente.  L’historien soutient le fait que les instances de « production [des normes] scientifique et politique » ont précisément oeuvré pour dissimuler cette conscience des conséquences de l’industrialisation sur les écosystèmes, en effaçant des théories et des savoirs en médecine. Il évoque en effet le déni du « paradigme médical » dominant à l’époque, prônant une corrélation directe entre la qualité de l’air et la santé, la bonne croissance et la morphologie des habitants ; la doctrine des circumfusa est balayée pour justifier le progrès technologique et rendre son impact sur l’environnement bénin dans l’esprit des individus.

Fressoz nomme d’ailleurs ce phénomène de démantèlement des normes et des connaissances : pour lui, ce sont « les petites désinhibitions modernes » qui n’ont pour autre but que de développer davantage l’industrie sans en entâcher l’image, quitte à faire régrésser le savoir des habitants de l’époque, plongés dans l’erreur. Il souligne ici un conflit entre les vérités établies par les sciences et les intérêts financiers des villes lors de l’entrée dans l’Anthropocène.

En outre, dans un second temps, l’historien indique que cette dernière n’a pas été simplement l’occasion de détruire des normes, mais de les remplacer, de façon à faire croire à un effet positif des activités industrielles sur la santé des populations ; les causes de mortalité, de malformations ou encore d’épidémies deviennent des facteurs sociaux comme les revenus. Fressoz sous-entend ici qu’il existait alors une volonté de désigner l’Homme comme un être inoffensif et de le délester des responsabilités qu’il a envers lui-même et ses semblables, bien que la motivation première de ce basculement des normes médicales reste la sacralisation du progrès ; ce sont les raisons économiques qui l’emportent sur les inquiétudes sanitaires.

D’après l’auteur de L’Apocalypse Joyeuse, les nouvelles normes ont été établies dans un cadre spatio-temporel précis : « le conseil de salubrité de Paris des années 1810-1830 ». En s’appuyant sur cet exemple, il évoque le processus de changement des normes, qui a été mis en œuvre en réponse aux plaintes des habitants, demandant une meilleure protaction de l’environnement pour améliorer l’hygiène de la capitale et de ses alentours : tout d’abord, Fressoz décrit la décridibilisation des anciennes normes, avec « la marginalisation de la police d’Ancien Régime » et plus généralement de toutes les institutions qui faisaient de l’environnement un bien à protéger, à modeler avec parcimonie : il ne doit plus être l’objet d’une quelconque préocuppation.

Enfin, l’historien rend compte de la seconde étape de cette évolution forcée : l’instauration de nouvelles normes, légitimées ici par les travaux des scientifiques, en l’occurrence le lien entre richesse et bonne santé.

Fressoz montre qu’avec ce remplacement des normes, non seulement l’industrie est innocentée de toute déterioration de l’état de santé des citadins, mais elle est même présentée comme positive, puisqu’elle devient un moyen de lutte contre la pauvreté ; on véhicule alors l’idée que « l’industrialisation […] produira à terme un peuple en meilleure santé ».

En résumé, Fressoz nous fait comprendre que l’enrée dans l’Anthropocène est un tournant dans l’histoire de nos modes de pensée : l’industrie devient la norme. Elle dépasse les questions de santé, de bien-être, et est présentée comme le moteur de la vie des populations.

3) D’abord, il convient de s’interroger plus en détail sur l’impact de cette évolution des normes de santé lors de l’Anthropocène sur la vision que nous portons aujourd’hui sur les liens entre industrie, environnement et épidémies.

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