Le travail est-il une valeur morale?
Dissertation : Le travail est-il une valeur morale?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Raven Romanov • 3 Octobre 2020 • Dissertation • 2 447 Mots (10 Pages) • 3 036 Vues
Philosophie:
« Le Travail éloigne de nous trois grands maux: l’Ennui, le Vice et le Besoin», Voltaire, conclusion
et rechercher > Mounier, La Croix, Bartoli
En Chine, les Ouïghours, minorité musulmane au sein d’un pays très largement bouddhiste, sont internés par les autorités chinoises dans des camps de travail forcé, pour « redresser leurs valeurs morales », et leur enfants sont envoyés dans des orphelinats où ils sont convaincus des bienfaits du gouvernement chinois. Mais pourquoi les autorités chinoises choisissent-elles, hors avantage économique bien sûr, des camps de travail plutôt que toute autre forme de punition ? Pensent-elle que le travail permet l’acquisition de valeurs morales qui lui seront avantageuses ? Le travail peut-il être considéré, lui-même, comme une valeur morale ? En effet, le travail a, dans notre monde actuel, une valeur tout à fait monnéyable, mais est-il, lui, une valeur morale ? N’est-il qu’un moyen dans notre économie, ou peut-il aussi être une fin en lui-même, un objectif ? Le travail peut-être décrit comme « toute occupation considérée comme une charge », mais qu’en est il d’une valeur morale, à quoi cette expression correspond-t-elle ?
Une valeur morale est un choix qui guide le jugement moral des individus ou d’une société. Peut-on alors dire que le travail est un choix qui guide le jugement moral ? Ou n’est-il qu’un moyen utilisé pour que les individus parviennent à leurs fins ?
Nous exprimerons d’abord notre accord avec cette thèse, avant de tenter de lui trouver des défauts et des limites, pour enfin parvenir à la résolution de la question, la modification des manières de travailler.
En effet, il est tout à fait possible de considérer le travail comme une valeur morale, puisqu’il permet une amélioration de la personne : il peut servir de punition ; cette punition permettrait alors d’expier ses fautes, ce qui voudrait dire que le travail permet de rendre un travailleur plus moral, lui permettant de se repentir, de voir ses erreurs. Cela à longtemps été utilisé comme punition par le passé : les bagnes étaient des centres de travaux forcés où les criminels était améliorés moralement. Le travail permet donc la moralisation des êtres immoraux, criminels en tous genres par exemple. De plus, dans la Bible, lors de la chute du Jardin d’Éden, Dieu dit à Adam et Eve coupables d’avoir mangé le fruit qu’ils seront punis pour leur faute, et que leur punition sera non seulement d’être mortels, mais aussi de travailler pour expier leur erreur. On voit donc que le travail a longtemps été utilisé dans la société pour permettre de moraliser et de punir les fautifs, pour leur donner une chance de s’améliorer, de devenir plus moraux, meilleurs.
Mais le travail n’est pas seulement une punition, il peut aussi être une sorte de récompense. En effet, le travail permet l’amélioration de l’Homme moral non pas seulement par la force, mais aussi par choix : les Hommes cherchent à se perfectionner d’instinct en réalisant leur travail, ils cherchent à s’améliorer non seulement matériellement mais aussi spirituellement. Hegel lui-même dit que «le travail forme». C’est ainsi que des machines et engins de plus en plus complexes furent inventés, mais aussi que des objets et des œuvres sublimes furent crées. L’Homme aspire instinctivement à la beauté, à la perfection, morale ou autre ; au Moyen-Age par exemple, les guildes d’artisans permettaient un long apprentissage, qui durait en fait presque toute la vie, dans les différents métiers qu’elles offraient. Les artisans ne cessaient de chercher à vouloir se perfectionner, à créer des choses toujours plus belles, et voir être toujours mieux, aspirer à l’amélioration dans tous les domaines est moral. Le travail procure de plus un satisfaction personnelle, un plaisir de se savoir capable d’exécuter une tâche, ce qui pousse à tenter de l’exécuter de mieux en mieux (vision humaniste et formative du travail).
Enfin, il est important de noter que, à l’état naturel, les Hommes sont, comme tous les autres animaux, soumis à la Nature en ce qu’ils ne peuvent rien contre ses caprices, fussent-ils météorologiques ou autres. Ils lui sont esclaves, et la seule manière de s’affranchir d’elle est de la dominer à notre tour; mais comment faire, sinon le travail. En effet, le travail consiste avant tout à modifier son environnement immédiat, fut-ce par l’agriculture, l’élevage, la pêche, la chasse, ou tout autre mode de travail primitif, (dans le secteur primaire). Ce sont ces occupations qui modifient le plus l’environnement immédiat du travailleur, et donc qui permettent de dominer la Nature, même si de façon assez détournée. L’agriculture, apparue à l’ère Néolithique, à permis à l’Homme d’avoir plus de sûreté quand à la saison creuse, l’hiver. Cela à permis à l’Homme de transformer son environnement plus en profondeur, jusqu’à aujourd’hui. Alexandre Kojève dit dans son Introduction à la lecture de Hegel qu’en travaillant l’Esclave devient maître de la Nature ». Or, un esclave a un maître, de par sa condition. Si l’esclave devient maître de la Nature car il travaille, alors que son maître l’exploite, cela veut dire que le maître ne travaille pas et donc qu’il est soumis à la Nature, ce qui veut dire que l’Esclave du départ devient le Maître, et le Maître l’esclave, car l’un a soumis la Nature tandis que l’autre non. Ce cycle peut ensuite continuer dans l’autre sens, avec l’ancien maître qui redevient maître par le travail et ainsi de suite. Le travail peut donc être considéré comme le mode d’une liberté éternellement en cours de réalisation, un moyen de l’Homme pour s’améliorer, étendre sa domination.
Mais s’il peut, selon certains, être un but en lui-même, il n’en est pas moins, dans notre monde actuel, un moyen avant tout. En effet, le travail est le moyen que les hommes ont trouvé pour leur permettre de vivre au mieux. L’agriculture par exemple est un moyen pour obtenir de la nourriture, ou bien la manufacture de biens, qui ne sert qu’en tant tant que moyen, et pour les travailleurs, qui reçoivent pour leur labeur de l’argent leur permettant de vivre, et pour les usines et entreprises, pour lesquelles la manufacture a pour seul but de servir de moyen de production. Il est donc important de se rappeler que même si le travail peut toujours être amélioré, et améliorer la société, il est avant tout un tremplin pour d’autres buts, ceux des entreprises et des travailleurs, qui ont
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