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La vision religieuse du monde offre-t-elle une pertinence spécifique en ce qui concerne la compréhension de l'existence sociale ?

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Par   •  22 Février 2018  •  Dissertation  •  2 401 Mots (10 Pages)  •  737 Vues

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Politique et religion

La vision religieuse du monde offre-t-elle une pertinence spécifique en ce qui concerne la compréhension de l'existence sociale ?

1 – La question éternelle et universelle posée par ces deux lignes semble un réquisit d'exposé du jeu de pouvoir que se renvoient depuis toujours les socles religieux et politique de toutes les civilisations connues ! Bien sûr, nous allons le restreindre – et pas si superficiellement qu'on pourrait le croire – à l’interrogation moderne qu'elle implique, et cela pour deux raisons :

la première, c'est que son aspect purement politique est un poncif récurrent, qui relève un peu de l'archéologie, tant pour son caractère historique que polémique,

la seconde, c'est que le sujet d'interrogation ne devient intéressant que lorsque l'ordre religieux est au creux de la vague et que la pertinence de son apport à la vie de la cité mérite un examen tout de détail, au sein du paradoxe qui fait de ce lien éminemment individuel et passionnel un ciment de comportement collectif original très moderne vis à vis des institutions sociales, qui doit être regardé avec un recul inaccoutumé.

Précisons cette vision religieuse dans le monde occidental :

On pourrait dire, d'abord, que c'est un vision oubliée pendant vingt siècles de philosophie (depuis Platon) : mort de la religion grecque, inexistence de la religion latine, retour en force du judaïsme par le christianisme et politisation de ce dernier au moyen-âge, malgré les efforts de séparation entre pratique ''administrative'' et corpus spirituel (scolastique, thomisme, ..) , qui se sont soldés par des synthèses (ou sommes) plus que par des catégorisations radicales.

Pour ce qui est de l'existence sociale, ce même laps de temps est celui de la théorisation du politique et de l'éthique, de la cité en particulier, l'une garantissant la pérennité de l'autre, sur des ensembles géographiques réduits, avec la butée constante de malheur suprême qu'est la guerre civile. La raison et la dialectique ont ainsi fondé des modèles de cités très conjoncturels et globalement efficaces , sans grandes perspectives créatives.

2 – Tout change aux XVIème et XVIIème siècles. La Renaissance fait changer le paradigme et l'optique du monde par une remise en cause (fortuite?) du monde médiéval finissant : révolution copernicienne, képlerienne puis newtonienne, découverte du nouveau monde, refondation de la science sur la raison, avec curieusement une constance persistante du sentiment religieux malgré la mise en cause critique de l'organisation de l'église dans son pouvoir politique pratique.

A l’aube de cette époque, il est naturel de retrouver B. Pascal, génie universel et engagé de cette époque pour ajouter la pierre angulaire religieuse au socle de la raison triomphante dans la tentative de compréhension globale et exclusive de la nature. Il est physicien, mathématicien non-trivial, polémiste clairvoyant (quoique perdant!) dans la querelle janséniste sur la prédestination ( il la transformera en prédestination dynamique des mystiques éclairés) et surtout récipiendaire convaincu en une nuit de l''intuition irréversible'' d'une révélation religieuse personnelle.

Toute son œuvre magnifique sera inspirée de cette dimension, au moment de la réduction rationnelle. Il connaît la Bible et son fondement de création à deux étages aboutissant à la liberté de l'homme, puis à l'obéissance absolue à la divinité jalouse, enfin à la phase chrétienne du nouveau testament, élargissant le champ de toute la connaissance spirituelle au delà de tout ce qui est imaginable par l'homme. Même si la rédemption n'est pas bien traitée par Pascal (Provinciale x), elle n'est pas fondamentale dans la vision religieuse originale au travers de laquelle il a voulu comprendre l'existence sociale : ses convictions de base sont la toute puissance de ''la FOI du charbonnier'' et que ''le faire semblant de croire'' aboutit systématiquement à la FOI.

Pour ce qui est de la philosophie de la société, quelle sont les sources utilisées par Pascal ? Tout d'abord, Aristote, le plus ancien dans l'autorité, avec la cité de ses ''Politiques'' et sa dizaine de sous-catégories d'organisation, puis Hobbes et Spinoza, fondateurs de systèmes étatiques intellectuels et cohérents, accrochés tous deux à une interpolation ''par dieu '' qui énerve Pascal. Enfin, il est interpellé par les querelles bassement contradictoires qu'amène l'interprétation littérale du ''livre'', planètes, création, etc... : ce chrétien a en tête les mésaventures de Copernic, Galilée, Giordano Bruno (brûlante et radicale, celle là !) imposées par l'organisation ecclésiale romaine.

Il prend aussi en compte de manière pragmatique les écrits des premiers explorateurs d’Amérique qui ramènent des descriptions de coutumes (de cultures) qui portent un coup à l'appétit d'universalisme ambiant de l'occident conquérant de la renaissance (le « tuez les tous, dieu reconnaître les siens » n'a guère que deux siècles et demi d'âge).

Qu’en déduit-il de général sur la place de l'homme dans l'univers de Dieu ?

« L'homme est roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant : lui le sait » , « le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie » , « l'univers est une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part » , « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » , « vérité signée par l'erreur » : sa conclusion est un formidable sentiment d’humilité avec - son intelligence le commande – une interdiction formelle de sombrer dans le relativisme négatif. L'existence sociale doit profiter au maximum de cette vision religieuse toute nouvelle des rapports de l'individu à la divinité.

3 – Examinons à présent la théorie de Pascal sur la cohabitation créatrice de la raison et du sentiment religieux dans la foi :

En considérant la lettre et l'esprit des épîtres de saint Paul (le Lénine du christianisme) , Pascal s'aperçoit que le système politique est fondé sur un rapport de forces (même et surtout pensé ''en raison'')

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