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Le désir et le bonheur

Dissertation : Le désir et le bonheur. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2013  •  Dissertation  •  2 426 Mots (10 Pages)  •  974 Vues

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Avant d’exposer le problème, il nous faut tout d’abord ériger une conception de ce que ce que sont le bonheur et le désir. Le premier peut être envisagé comme un état de plénitude, où le corps et l’âme seraient en harmonie avec le monde et ne seraient pas troublés. On pourrait parler alors d’ « ataraxie ». Par conséquent, cet état s’inscrit dans une dimension temporelle et suppose une certaine durée. Cela ne peut être seulement l’ensemble des moments instantanés où l’on ressent de la joie ou du plaisir, mais un état durable. A l’inverse du bonheur, le désir semble plus facilement définissable. Le désir est le propre de l’homme. Il est dans sa nature profonde de désirer. Le désir serait donc lié à une envie, l’attente d’une chose imaginée par l’homme, c’est-à-dire un souhait d’existence qui peut porter sur une réalité matérielle ou immatériel (le désir amoureux). La question ici posée est donc de savoir si le désir est un obstacle au bonheur. Certains philosophes, en effet, s’accordent à dire que le désir doit être éradiqué, supprimé ou réduit. (ascétisme) Ils adoptent alors une vision négative du désir qui consiste à dire que le désir est plutôt source de souffrance, de malheur. D’autres bien moins pessimistes au regard de la vie pensent que le bonheur est un état idéal et qu’il faut amplifier ses désirs pour être heureux. (hédonisme) En observant ces deux points de vue, on se rend bien compte qu’il faut distinguer certains types de désirs : on montrera donc dans un premier temps que certains désirs sont la source de nos malheurs mais il faudra tout de même se demander si ce n’est pas en acceptant de désirer qu’on peut être heureux.

Une des visions souvent étudiée du désir est donc celle qui décrit le désir comme un processus nous conduisant inévitablement au malheur. En un certain sens cette thèse ne paraît pas dénuée de vérité. En effet, comment ferions nous pour vivre en société, en collectivité si chacun pensait tout d’abord à ses désirs profonds et son intérêt personnel au lieu de s’intéresser à la sphère collective? On se rend bine compte ici que c’est impossible : l’homme possède très souvent des désirs saugrenus qui peuvent parfois nuire aux autres. La conception que le Marquis de Sade se fait du bonheur semble alors incompatible avec la vie sociale. On ne peut en effet satisfaire tous ses désirs qui sont parfois cruels et démesurés : si l’on adoptait, comme il le prône une certains anarchie du plaisir, en narguant les lois, ce serait à proprement parler la loi de la jungle. Chacun agirait pour sa propre personne et aurait peur de mourir ou d’être victime des désirs immodérés des autres. L’amour et l’amitié auraient-ils encore une sens dans un tel monde ? Ainsi l’on ne pourrait qualifier cette situation d’être victime des désirs immodérés des autres. L’amour et l’amitié auraient-ils encore un sens dans un tel monde ? Ainsi l’on ne pourrait qualifier cette situation d’état de bonheur puisque nous ne serions pas dans un état de tranquillité, de plénitude, de sérénité. Il faut donc, comme le pense Freud, réprimer les désirs trop fous des hommes de manière à faire perdurer la civilisation et de communauté, plutôt que les pulsions (Thèse développée dans Malaise dans la civilisation). L’homme n’est d’ailleurs pas vraiment fait pour le bonheur puisque la société le condamne à réprimer inlassablement ses pulsions. C’est d’ailleurs la thèse qu’avance Descartes dans la Lettre à Elisabeth, dans laquelle il expose le fait que l’homme ne peut pas se contenter de satisfaire ses propres désirs : il doit réfléchir à l’échelle de la société, sans quoi le bonheur serait impossible. En effet, le bonheur est une idée également collective, politique même, et le groupe se doit donc d’agir de façon à permettre le bonheur des particuliers (ou tout au moins de leur garantir des conditions d’existence décentes qui rendent possible ce bonheur). C’est pour cela que la politique existe et non pas, comme le souligne Hölderlin, parce que « l’Etat est devenu un enfer parce qu’on a voulu en faire un paradis », non pas parce que l’Etat doit « fabriquer » du bonheur (le bonheur reste en effet une réalité subjective) mais au sens où l’Etat se doit d’améliorer les conditions de vie, les conditions sociales qui le permettent. Avec cette idée, il faut donc prohiber les plaisirs qui font obstacle à l’harmonie sociale. La « morale » (au sens d’une conformité à des valeurs collectives de base) devient donc ici le principe de l’homme qui se doit d’être un minimum consciencieux.

La seconde idée relative au fait que l’on puisse vouloir limite le désir pour pouvoir être heureux n’est autre que celle exposée par le philosophe Schopenhauer pour qui « des malheurs évités le bonheur se compose ». En clair, le bonheur ne réside pas dans l’accomplissement de nos désirs mais bien plutôt dans la tentative d’éviter le plus de malheurs possibles. Ce n’est que cela que l’homme pourra au fond, réussir et mener une existence pas trop malheureuse. Cette définition du bonheur oblige donc l’homme à faire une croix sur les désirs, sur les plaisirs car ils sont très souvent source de malheur. Prenons l’exemple du désir amoureux évoqué chez Marcel Proust dans son œuvre A la recherche du temps perdu (Un amour de Swann). Swann, au départ heureuse d’aimer se rend compte de la trahison de sa promise et en vient à être malheureux. L’idée est donc d’éviter le désir car celui-ci conduit soi au manque et donc à la souffrance lorsqu’il est insatisfait, soit à l’ennui lorsque celui-ci a étét réalisé. L’homme serait donc condamné, comme nous le dit Schopenhauer à « osciller entre la souffrance et l’ennui ». On ne peut en effet négliger l’idée que la vie est parsemée de souffrances. Cette vision négative, mais en quelque sorte réaliste, nous oblige donc à couper court à nos désirs et ainsi éviter le malheur, comme le pensent les stoïciens, ou encore les bouddhistes. On pense donc ici que le bonheur n’est pas un éat idéal mais seulement il se limite au fait d’éviter le plus de malheurs possible en supprimant nos désirs comme l’avance Socrate dans le Gorgias écrit par Platon.

Dans un premier temps le désir semble donc une chose que l’on doit réprimer de manière rapide et efficace afin de pouvoir vivre en société et dans la tranquillité (ataraxie). Il peut conduire souvent au malheur des hommes en les poussant vers la souffrance ou l’ennui. Cependant, tous nos désirs doivent-ils vraiment être éradiqués ? Nous

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