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La science est-elle dénuée de toute croyance ?

Dissertation : La science est-elle dénuée de toute croyance ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2022  •  Dissertation  •  1 929 Mots (8 Pages)  •  1 029 Vues

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La science est-elle dénuée de toute croyance ?

La science est-elle dénuée de toute croyance ? La science repose-t-elle sur un socle de raisonnement purement théorique, rationnel, sans aucune possibilité d'y trouver une quelconque croyance humaine a priori ? Posée ainsi, la question semble délicate ; car si la science ne repose sur aucune croyance, sur quoi alors peut-elle asseoir son jugement ? Ne serait-elle pas condamnée, dans ce cas, à remettre sans cesse l'ouvrage sur le métier, cherchant inlassablement à démontrer éternellement ses postulats, et finissant par l'impossibilité par nature de progresser ? Or, si la science, la technique - comme le souligne Russell dans Science et religion, en 1935 - progressent, cela ne peut s'entendre avec la remise en cause perpétuelle de ses propres principes, finalement de ses croyances. Ainsi envisagée, la science serait condamnée, tel Sisyphe, à voir ses succès devenir des insuccès, dévaler inlassablement la pente qu'elle aurait péniblement escaladée.

Si la science était dénuée de toute croyance, pourrait-elle alors prétendre à l'un de ses rôles majeurs, celui d'être utile – dans le sens de vital -, à l'Homme ?

Nous verrons alors, dans un premier temps, que la science pourrait se définir comme une activité humaine de recherche d'organisation de notre réel, de notre monde. Nous nous demanderons notamment s'il existe un principe au-dessous duquel tout serait régi, sorte de premier ordre qui engagerait alors des comportements humains, et qui pourrait être une forme de croyance première, ultime, indépassable.

Puis, nous comprendrons que la science repose sur une certaine croyance, des prérequis incontournables, et qu'elle est donc reliée, en quelque sorte, à nos sentiments. Nous conclurons enfin par l'idée que la science est un fait culturel, semblable à d'autres faits inventés par l'homme pourvu de sa conscience.

La science est une activité humaine de recherche de rationalité, d'organisation du réel, du monde. Cette recherche se base sur des faits, des observations, qui sont ensuite théorisées, systématisées pour devenir des concepts, plus stables que dans le chaos et la vacuité de leur apparition phénoménale, pour reprendre un terme de Kant dans sa première critique. L'observation scientifique, qui est la base de la recherche est sensée, ou devrait être réalisée par un observateur neutre. C'est ce qui, pour les sciences humaines par exemple, pourrait poser un problème de paradoxe dans la recherche de leur définition : comment un sujet humain pourrait-il prétendre à une objectivité absolue ? La question se pose même et aussi pour les sciences physiques et mathématiques, reconnues plus « logiques », avec des éléments répétitifs plus observables.

Quoi qu'il en soit, l'observateur est par définition humain. L'observation ne semble pas alors pouvoir échapper à toute subjectivité, car elle est, par nature, faite par un sujet.

Dans ces conditions, le sujet, s'il souhaite s'extraire de toute subjectivité, peut-il encore se prétendre sujet humain ?

Une croyance d'ailleurs, nous rappelle Hume dans son Traité de la nature humaine en 1740, est, ou n'est qu'une idée. Mais c'est une idée plus ferme qu'une fiction, et c' est cette fermeté qui les différencie. Mais dans les deux cas, nous les ressentons. Nous ressentons donc la croyance selon David Hume, et il sera difficile ainsi, d'échapper à notre nature humaine, lorsque nous ferons de nos croyances des concepts, des idées.

La croyance, poursuit Emmanuel Kant en 1781 dans sa Critique de la raison pure, présente trois degrés : opinion, foi et science. Ce philosophe des Lumières lie alors croyance et science, n'insinuant seulement entre la science et la foi qu'une différence de degré, mais pas de nature. Kant est clair dans sa première critique : « la science est une croyance, mais une croyance subjectivement et objectivement suffisante. » Et même s'il est différent d'être personnellement convaincu de quelque chose, et d'en avoir la certitude, on comprend que pour lui, l'opposition entre

la foi, la croyance et la science n'est pas absolue, loin de là.

Deux siècles plus tard, Léopold Infeld et Einstein lui-même vont plus loin : dans L'évolution des idées en physique, ils déclarent en 1938 : « sans la croyance en l'harmonie interne du monde, la science n'existerait pas. » La science et sa possibilité exigent donc une sorte de prérequis, une croyance fondamentale en une structure cohérente du monde, croyance sans laquelle la science et l'espoir qu'elle procure ne seraient pas possible. Certes la science pour Einstein est une organisation du réel, une hiérarchisation des idées et des faits, mais elle reste la tentative de faire correspondre le fait observé avec notre concept de la réalité, et pas l'inverse. La science est bien, dans son ordre, une invention de l'esprit humain.

Bertrand Russell reprendra l'idée kantienne de degrés entre science et croyance : dans Science et religion, il pense en 1935 que la science ne peut pas être la recherche de la vérité absolue, mais celle d'une vérité technique, et que c'est cette différence qui la démarque de la croyance, ou de la

religion. Il n'y a donc pas non plus chez cet auteur de différence fondamentale ou absolue entre science et foi, mais seulement une différence de visées. L'une recherche une récompense pratique, l'autre éternelle. Il place la vérité de la science non pas au niveau de son adéquation avec le réel, mais au niveau de sa praticité : « plus une théorie permet d'inventions,

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