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Explication de texte sur la religion de Marx

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Par   •  24 Novembre 2017  •  Commentaire de texte  •  3 307 Mots (14 Pages)  •  3 038 Vues

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Explication de texte : « Pour une critique de la

Philosophie du droit de Hegel (1843), Karl Marx

A l’heure où la religion est omniprésente dans les débats, les célébrations, les conflits, elle demeure encore aujourd’hui et peut être plus que jamais, un sujet crucial à examiner. Alors que son étymologie latine « religare » suggère qu’elle unifie les hommes entre eux, l’actualité laisse davantage entendre qu’elle les fragmente voire qu’elle les oppose. De plus elle attire toujours autant les individus dans la misère ; il est donc nécessaire d’alerter sur les travers de la religion parce que les croyances qu’elle véhicule priveraient les hommes d’accéder à une situation meilleure. C’est la tâche à laquelle Marx s’affaire ici en proposant une analyse didactique du rapport entre l’Humanité et Dieu ou les dieux, que la religion constitue. Il remet alors en cause la capacité de la religion à agir sur le contexte matériel des hommes. Ainsi, il pose la question de la légitimité d’attendre de la religion qu’elle améliore notre situation. Il aborde ce thème de façon purement philosophique, voire presque scientifique afin que la critique qu’il émet ait une réelle valeur. Pour cela il s’évertue tout d’abord à définir la religion puis à étayer ses divers mérites. Cependant il poursuit par ses aspects négatifs et notamment son caractère illusoire, pour inviter finalement le lecteur à se révolter de sa situation plutôt que de tenter de la supporter grâce à la religion.  

     Marx conceptualise la religion tout d’abord comme une création de l’Homme, collective, et qui est donc le reflet de son monde. Cette définition qu’il donne repose donc sur plusieurs fondements. Il part du fait qu’elle est définie par l’activité humaine, et que donc elle n’est pas figée, immuable, mais qu’elle évolue avec la société. Ainsi elle est le miroir de l’Humanité puisqu’elle reflète les mutations que celle-ci connait. On peut expliciter cette assertion par le fait suivant : les catholiques par exemple se rendent moins à l’église que cinquante ans auparavant, cela s’explique notamment par l’individualisation de la société que l’on connait. En effet la volonté de mettre en priorité son propre bien-être et son accomplissement personnel constatée dans les dernières décennies marque également la pratique religieuse : la religion se vit de plus en plus en autonomie. On pourrait aussi envisager cela par l’incapacité de l’Eglise à évoluer vers la modernité au même rythme que la société, elle serait ainsi délaissée des français notamment car elle ne correspondrait plus à leurs attentes. Si tel est le cas, la religion permettrait alors d’identifier quelle seraient véritablement les expectatives de cette société en constante évolution. Cela rejoint donc les propos de Marx selon lesquels la religion permet d’étudier les hommes puisqu’elle en est le reflet. De plus il ajoute que ce n’est pas chaque individu qui modèle la religion comme il l’entend, mais l’ensemble de ces individus en formant un corps dont la religion serait l’âme. Cependant il établit qu’elle n’est que la « conscience », le « sentiment » de soi ce qui veut dire qu’elle est extérieure, étrangère à l’Homme. Ainsi ce dernier qui ne se connaît que très peu et qui d’ailleurs passe probablement par la religion pour savoir qui il est, ne recevra de celle-ci qu’une image erronée de sa personne. Donc elle repose sur un élément tout à fait fragile et peu fidèle qu’est la perception qu’un homme a de lui-même. De plus le fait qu’elle soit déterminée par l’évolution de la collectivité dans sa globalité amène l’individu in fine, à subir la religion. Marx observe donc l’inversion des rôles : celui qui conçoit la religion se trouve être en réalité celui qui compose avec ses restrictions, ses règles que le monde dont il n’est qu’un pion, aura défini. En réalité il dissocie l’individu de la société, même si le premier fait partie de la seconde. Ainsi la volonté de la collectivité ne serait pas représentative de celle de chaque homme. Ici il amorce déjà une critique du monde réel sur laquelle la critique de la religion est censée déboucher. Marx met donc en lumière une défaillance de la religion dans sa définition même.

     Il poursuit cependant en identifiant l’étendue des différentes fonctions qu’elle endosse, admettant volontiers qu’elle n’est pas que défauts. Déjà, sa faculté à illustrer ce quelque chose d’implicite, voire d’indicible, qui amène les hommes à agir de la façon dont ils agissent, est un point brillant de la religion. Elle permet de résumer au travers de ses croyances, ses personnages idolâtrés, ses coutumes, l’énergie qui circule entre les hommes et qui explique véritablement leurs comportements. Ainsi elle apporte aux Hommes un enseignement sur eux-mêmes de façon vulgarisée et donc accessible à tous, et pas uniquement aux intellectuels. Marx valorise cet aspect puisqu’on connaît sa volonté de donner aux classes populaires tous les pouvoirs ; en ce sens la religion donne accès à ces dernières la compréhension du monde des hommes. Ainsi la religion serait l’unique moyen de saisir l’essence de l’homme, ce qui implique alors deux choses. Tout d’abord l’essence correspond à ce qui fait qu’un être est ce qu’il est. Or on a explicité précédemment qu’elle est définie par celui-ci, ce qui rend donc l’homme essentiel à la religion. Mais, elle permet également à ce dernier de mieux se connaître en accédant à l’explication de ses comportements les plus abscons. Il y a donc une relation d’interdépendance puisque l’un se définit par l’autre, mais l’autre peut aussi se redéfinir grâce à l’un. Par ailleurs elle tient un rôle important dans un monde considéré comme matérialiste par Marx, celui de donner aux hommes une explication transcendante à ce qui se produit autour d’eux. En effet la réalité immanente des choses, c’est-à-dire l’explication rationnelle de la situation des individus, s’avère le plus souvent moralement dur à accepter. Ainsi apporter une réponse simple aux individus s’avère être un apaisement et peut même leur donner l’illusion de comprendre les rouages d’un système extrêmement complexe qu’est le monde, et donc de le maîtriser en partie. Freud a clairement exposé cette idée en affirmant que « c’est un formidable allègement pour l’âme individuelle que de voir les conflits de l’enfance […] lui être pour ainsi dire enlevés et recevoir une solution acceptée par tous ». La religion permet alors de supporter l’ignorance, l’incertitude humaine. Mais on peut aussi envisager cette affirmation de Marx comme l’amorce de sa critique de la religion dans le sens où celle-ci cacherait la réalité aux hommes, dès lors, elle peut être instrumentalisée. En effet en sachant que ce sont les individus qui déterminent la religion, un groupe qui serait particulièrement influent sur celle-ci peut ainsi manipuler la perception qu’on les autres des manifestations naturelles et ainsi les détourner volontairement de la réalité. Par exemple un individu n’aurait pas à se soucier de sa piètre condition sociale tant qu’il serait un homme de foi, parvenu à s’extraire des pêchés. Ainsi ce dernier n’aurait aucune raison de se révolter de sa situation puisque la religion lui intime que la santé de son esprit prévaut sur celle de son corps et donc de sa situation matérielle. Elle apporte donc à la vie quotidienne de chacun, une lueur d’espoir, celle de jours meilleurs, celle de l’illusion d’un pouvoir d’action sur son lendemain.  Et cela permet de nouveau d’empêcher la révolte des peuples en les aidant à supporter leur condition. Mais est-ce véritablement une aide ou un moyen de museler les revendications ? Ce n’est que plus tard dans le texte que Marx apporte une réponse explicite à cette question afin que le lecteur y parvienne seul, guidé par les suggestions implicites des termes soigneusement sélectionnés. Par ailleurs la religion permet également de guider l’homme vers une éthique morale de façon quasi-naturelle. En effet dans notre contexte occidental chrétien, elle fonde véritablement la morale et ses expressions concrètes. Elle amène donc chacun par crainte du Divin à suivre les règles qu’elle admet et en les intégrant, à s’assurer qu’elles soient respectées. Il émane ainsi un consensus autour de ce qui relève du vice, de la vertu, du mérite, de la condamnation etc… En effet chacun va intérioriser ces préceptes et sanctionner ceux qui ne s’y attacheraient pas mais aussi se sanctionner soi-même. Ainsi la religion permet en théorie de préserver les individus de ce qui pourrait nuire à leur bien-être moral et physique tel que la luxure ou encore la colère et de permette la vie en société par le partage de valeurs morales. On peut donc à ce titre rattacher à la religion une fonction de cohésion sociale mais aussi de justice, elle est donc indispensable à la collectivité. Et cela d’autant plus qu’elle joue un rôle majeur dans la structuration de la vie en société. En effet de par les traditions, les rites qu’elle établit, elle impose un certain rythme aux hommes à l’échelle d’une journée, d’une semaine, d’une année, et même d’une vie. Les prières quotidiennes, les messes du dimanche, le vendredi saint ou encore les sept sacrements tels que le baptême ou la communion. Ici la fonction d’autorité omniprésente de la religion prend tout son sens en s’immiscent personnellement dans les conceptions d’un individu comme étayé ci-dessus, mais aussi le fonctionnement de la collectivité. Elle est donc à la fois un fait collectif et individuel qui encadre absolument la vie des hommes. De plus la religion est aujourd’hui moins basée sur une foi personnelle dans une mouvance de sécularisation. On pourrait donc considérer que ces pratiques relèvent du patrimoine et des traditions d’une société. Marx ajoute donc à sa définition de la religion un volet de construction sociétale qui renforce la place cruciale qu’il semble lui attribuer. Finalement il ajoute l’idée d’une fonction d’explication des manifestations naturelles. En effet il n’est d’autre domaine capable d’apaiser le peuple face aux dangers et aux malheurs qu’il rencontre. Par exemple la science lui permettra uniquement de comprendre l’origine de la propagation d’une maladie et difficilement, un moyen de la limiter alors que la religion non seulement y apportera une explication et un moyen de l’endiguer, mais justifiera aussi les pertes humaines causées. La météorologie permet d’affirmer quand et où un orage va s’abattre mais la religion apportera une raison précise à ce phénomène ainsi qu’un moyen d’éviter son renouvellement. A ce titre il existe en « Afrique noire » un rituel religieux d’imploration du dieu de la pluie Anzar afin de lutter contre la sécheresse. A ce jour la religion est donc l’unique réponse disponible à certaines interrogations, certains phénomènes. A ce niveau du texte, on peut donc penser que Marx considère la religion comme indispensable à l’homme pour toutes les fonctions qu’elle occupe étayée ci-dessus. Néanmoins ce développement quasi-élogieux sur la religion et la place centrale qu’il semble lui conférer n’est qu’un préalable stratégique à la critique qu’il va émettre sur celle-ci.

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