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Nature Et Culture

Dissertation : Nature Et Culture. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Novembre 2014  •  1 609 Mots (7 Pages)  •  3 558 Vues

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« Les sociétés humaines présentent un phénomène nouveau, qui consiste en ce que certaines manières d’agir sont imposées ou du moins proposées du dehors à l’individu et se surajoutent à sa nature propre, tel est le caractère des institutions. » Durkheim

1. Notre nature : notre constitution biologique

L’être humain est un être biologique. Il appartient à une espèce naturelle. En tant que membre d’une espèce naturelle, l’être humain a des caractéristiques psychophysiologiques irréductibles :

Une anatomie (structure cérébrale, bipédie, main préhensile...)

Des besoins élémentaires

Des instincts rudimentaires

Par « nature », on peut entendre toutes ces caractéristiques que nous possédons du simple fait de notre appartenance à une espèce déterminée. Elle serait à la fois innée et biologique.

Cependant, il ne faut pas oublier que le propre de tout organisme vivant est de se développer et que tout développement est le produit d’une interaction entre un état donné et un environnement. Notre nature serait donc non seulement ce qui nous est donné au départ, mais aussi ce qui est acquis au cours d’un développement considéré comme normal pour l’espèce.

Mais qu’est-ce qu’un développement normal pour un être humain ? L’enfant sauvage, Victor de l’Aveyron, est-il normal, par exemple ?

2. Notre nature : notre culture

Tous les actes, tous les événements, même les plus élémentaires et les plus « naturels » de l'être humain, comme naître, se nourrir, dormir, mourir... sont toujours accompagnés de rites, de cérémonies, de règles et de choix non biologiquement déterminés. Par exemple, il faut manger pour vivre : c’est un déterminisme biologique. Mais ce que l’on mange, la façon dont on le mange, l’horaire des repas etc. dépendent pour l’essentiel des habitudes et des traditions de la société à laquelle l’individu appartient.

C’est en ce sens qu’Émile Durkheim (théoricien français du XXe siècle, fondateur de la sociologie) dit que les institutions, comme faits de culture, se "surajoutent" à notre nature. Ainsi, il est de la nature humaine de développer des cultures. À l’hérédité biologique s’ajoute l’héritage social. Ce phénomène se retrouve d’ailleurs à des degrés divers chez d’autres animaux sociaux.

3. Critère du culturel et relativité des cultures

À la limite, tout est naturel. Rien de ce qui advient ne peut être radicalement contre-nature. Si tout est naturel, qu’est-ce que la culture ?

Pensez au sens premier, agricole du terme : la culture, comme activité, par opposition à la cueillette, consiste à produire, plutôt qu’à simplement trouver, ses moyens de subsistance. « On peut distinguer les hommes des animaux par la conscience, par la religion, par ce qu’on voudra. Ils commencent eux-mêmes à se distinguer des animaux dès qu’ils commencent à produire eux-mêmes leurs moyens d’existence. » (Karl Marx, L’Idéologie allemande)

La culture est d’abord cette appropriation de la nature par cette activité démiurgique qu’est le travail et sur la base de laquelle s’édifient les rapports sociaux et les représentations idéologiques.

La culture est donc l’instauration d’un ordre nouveau qui se superpose, ou plutôt, qui se mêle à l’ordre naturel et qui fait que les êtres humains, dans leur développement et dans leurs activités, ne sont jamais strictement limités par leur nature biologique, instaurant ainsi la distinction entre le naturel (ordre nécessaire) et le culturel (ordre conventionnel).

Il faut donc distinguer deux concepts :

Le concept d’individu humain qui renvoie à un membre d’une espèce naturelle, biologiquement déterminé.

Le concept de personne humaine qui renvoie à un être social, historiquement situé.

Les êtres humains étant à la fois individus humains et personnes humaines, ayant à la fois une nature et une culture, comment faire en eux la part des choses? Autrement dit, quel est le critère du naturel et du culturel, ce qui permet de les discriminer?

Pascal faisait déjà remarquer la difficulté qu’il y a à les distinguer. Ainsi, disait-il, « Les pères, , craignent que l’amour naturel des enfants pour eux ne s’efface. Quelle est donc cette nature sujette à s’effacer? Qu’est-ce que nature? Je crains que cette nature ne soit elle-même qu’une première coutume comme la coutume est une seconde nature.»

Pascal dans cette remarque a très bien vu trois points importants :

Le naturel a un certain caractère d’immuabilité, de permanence.

Le culturel (« la coutume ») est en quelque sorte naturel à l’homme. (L’homme est par nature un être de culture. (Pascal parle de « seconde nature »)

À cause de l’importance du culturel et de la relative stabilité du naturel, on a tendance à décréter naturel ce qui n’est souvent qu’une valeur culturelle fondamentale pour une société donnée, et ce, pour assurer à cette valeur une certaine pérennité.

Un exemple célèbre de cet usage abusif du concept de nature pour justifier un ensemble de valeurs, est la notion de Droit naturel au XVIIIe siècle. Pour justifier l’idéal d’égalité contre un ordre féodal fondé sur la hiérarchie et les privilèges, l’égalité est décrétée droit « naturel » de l’individu. (Les Grecs au contraire considéraient les individus comme naturellement inégaux, justifiant ainsi par l'ordre naturel l’inégalité des conditions dans la cité.) Remarquons que ces mêmes théoriciens du Droit

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