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Le désir

Commentaire d'oeuvre : Le désir. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Novembre 2014  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 907 Mots (8 Pages)  •  486 Vues

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Le désir est conçu comme la tendance consciente vers un but que le sujet se représente comme un certain bien, comme la source d’une satisfaction future. De ce point de vue, le désir, dans la tension dynamique dont il anime sujet, apparaît comme une puissance. Aussi a-t-on de quoi s’étonner de la question de savoir si nos désirs sont nos faiblesses. Si le désir est puissance, il est inepte de le présenter comme une privation de force. Pourtant, à y regarder de plus près, le pluriel qui marque cet énoncé est signifiant : les désirs, multiples, divers et changeants, aspirent à tant d’objets que le sujet pourrait s’y perdre. Pris dans leur déploiement et leur ramification, les désirs pourraient effectivement animer le sujet de tensions si multiples et contraires qu’il y perdrait sa propre unité. De sorte que l’on comprend mieux pourquoi les désirs seraient des faiblesses : ils diviseraient le sujet jusqu’à lui faire perdre sa puissance d’action et la maîtrise de lui-même. Or ce qui nous est néfaste, nous devrions nous en défaire, nous en désapproprier. Pourtant les désirs sont en nous : leur immanence est suffisamment soulignée dans l’énoncé (« nos ») ; ainsi avec la multiplicité de ses désirs le sujet porterait en lui-même ce qui le mène à sa perte. Les désirs sont-ils la cause d’une aliénation qui mène le sujet à sa perte ? Les désirs ne sont-ils pas des faiblesses plutôt par accident que par essence ? Si nous parvenions à démontrer que les désirs sont accidentellement des faiblesses, dans la mesure où ils seraient constitutifs de l’essence même du sujet, nous pourrions dire que l’essence du sujet n’est faible que par accident : de sorte qu’il n’y aurait pas, sous couvert d’une condamnation unilatérale des désirs, à déplorer une faillibilité ou une misère naturelle de l’homme.

I] Constat des faiblesses produites par les désirs.

- Dans son aspiration vers ce qu’il n’est pas ou ce qu’il n’a pas le sujet manifeste son désir sous la forme essentielle du manque. L’opulence a tout, elle sature de ce dont elle dispose, aussi est-elle absolument sans désir. A l’inverse, dans ses désirs, l’homme manifeste la tension vers tout ce qui lui manque : objets matériels, connaissances, performances physiques, autres sujets… Les désirs sont donc autant de manifestations des tensions que nous inflige le manque inscrit au cœur de nos êtres.

- Or, dans cette épreuve du manque par laquelle les désirs se révèlent douloureusement à nous, tout se passe comme si le sujet ne s’appartenait plus lui-même. Tout entier rempli par l’imagination de ce qu’il se représente comme un bien, comme ce qui comblera la douleur pressante de son désir, le sujet se retrouve tant attaché à cet objet qu’il ne s’appartient plus véritablement lui-même. Si nous sommes attachés invariablement à cet objet, c’est que nous avons aliéné notre liberté, notre volonté et nos facultés d’action. Et si nous admettons que ces facultés (liberté et volonté comme principes de l’action) sont ce qui assure la force du sujet, alors les désirs privent le sujet de sa force. En ce sens, ils sont bien ses faiblesses.

- En outre, on peut s’appuyer sur un autre facteur pour découvrir la faiblesse à laquelle nous entraînent nos désirs : le facteur temporel. En effet, nos désirs, étant la conscience présente d’un bien dont nous sommes privés et que nous ne pouvons espérer atteindre que dans un temps futur, ceux-ci nous révèlent toujours le présent de nos existences sous l’aspect de la laideur et de l’insatisfaction. En somme, les désirs nous privent aussi d’un rapport cohérent au temps : ce présent qui est le seul temps qui nous appartienne vraiment n’est appréhendé que négativement, à travers l’expérience éprouvante du manque, et le futur sur lequel nous projetons la représentation de la satisfaction est, en revanche, un temps qui nous échappe et qui n’est point nôtre. De sorte qu’à l’aliénation aux objets extérieurs, s’ajoute, pour le sujet affaibli par ses désirs, un rapport inadéquat au temps.

Epreuve du manque, privation de force et aliénation du sujet aux objets qui l’entourent, nos désirs sont nos faiblesses ; et dans cette perspective, nous devrions les condamner avec violence et virulence au lieu de nous y livrer avec volupté. Pourtant, en dégageant certaines insuffisances de notre être et en produisant une insatisfaction relativement au présent de nos existences, nos désirs ne sont-ils pas ce qui révèle nos faiblesses plutôt que ce qui les crée ?

II] Nos désirs révèlent nos faiblesses mais ne les causent pas.

- L’épreuve du manque en laquelle s’enracine le désir est certes une douleur, et, en tant que douleur, nous avons tendance à la condamner comme un mal. Mais ce réflexe est peut être trop rapide pour être réfléchi et sensé : n’y a-t-il pas des douleurs qui sont des biens ? L’idée est paradoxale mais elle pourrait s’appliquer avec efficacité à notre champ d’exploration. En effet, nos désirs révèlent nos manques à travers l’épreuve d’une certaine douleur ; mais ce dispositif est lui-même ce qui révèle à nos êtres leur profonde finitude. Si nous manquons d’une chose, si le monde, l’univers, des choses matérielles comme de la pensée sont peuplés de trésors qui nous font défaut, alors nos désirs sont autant d’appétits qui révèlent à l’humaine créature sa condition : celle d’être finie, limitée, bornée.

- Cependant, tout en révélant cette finitude, nos désirs nous interdisent de nous y tenir. La conscience de

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