LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le désespoir de la philosophie et la chute de la philosophie première

Analyse sectorielle : Le désespoir de la philosophie et la chute de la philosophie première. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Mai 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 676 Mots (7 Pages)  •  635 Vues

Page 1 sur 7

Le désespoir de la philosophie et la chute de la philosophie première

La philosophie du désespoir est une chose, le désespoir de la philosophie en est une autre, plus étendue et qui inclut la première comme un simple modèle mais qui reste impensée et donc indépassable. Le procédé non-philosophique, qui ne se justifie que dans un contexte générique et quantique, consiste en général à abaisser une modalité philosophique particulière, un système si l’on veut, à l’état de modèle du concept « complet » de la philosophie. Il ne s’agit plus d’élever dialectiquement une notion, mais de la faire tomber en-immanence, la faire chuter comme un simple modèle. Pour cet effet il faut évidemment tout un dispositif complexe qui fait intervenir le quantique, le philosophique et le générique. Retenons pour l’instant que le choix est entre élever la philosophie au-dessus d’elle-même, augmenter sa puissance, ou l’abaisser en deçà d’elle-même au profit de la sauvegarde des humains.

La description de la pensée et de la vie humaines, l’évaluation de leurs moyens et de leurs finalités est la tâche de la philosophie. Mais qui décrira et évaluera la philosophie, sinon elle-même une fois de plus ? Elle se réfléchit, se porte à la puissance 2, se « surpasse » et se fait spontanément méta-philosophie. Là est sa plus grande trouvaille, sa force et sa faiblesse. Elle n’a de cesse de critiquer ses formes les plus grossières ou les plus empiriques de représentation en supposant qu’elle se critique par là elle-même et se libère de sa propre représentation. C’est le comble de sa vérité et de son illusion. Chez les Modernes, en s’impliquant dans son objet et en le combinant avec une touche de judaïsme, elle a trouvé le moyen d’un examen universel, plus étendu que le grec, qui ne laisse rien de côté et exerce une surveillance qui doit suffire. Ce mécanisme est impressionnant, Kierkegaard en donne un exemple ou plutôt pour nous un modèle au titre du désespoir – la philosophie dans sa course folle et titubante ne donne-t-elle pas l’image du désespoir intellectuel voire théorique ?

Dans la plus parfaite tradition, Kierkegaard construit ce mécanisme avec trois termes, un rapport qui se rapporte à lui-même, s’oriente vers soi et se pose comme moi, et une tierce instance, qui peut justement être déjà le moi mais plus positivement un Autre qui pose le rapport. Des rapports de toute nature, il n’y a que cela dans la matière philosophique, des synthèses ou des analyses de contraires. Mais ces rapports sont inertes ou dépourvus de subjectivité philosophique, encore faut-il qu’ils se rapportent à eux-mêmes, s’impliquent en soi ou s’affectent d’eux-mêmes, deviennent des moi comme dit Kierkegaard. Telle est en son premier degré la matrice la plus générale du penser philosophique. Sous réserve de l’interprétation de la tierce instance, Heidegger et bien d’autres en ont tiré les conséquences, la transcendance n’est par un acte donné ou tout fait, c’est une possibilité ou une virtualité qui s’auto-affecte et que tue la réalité. La philosophie ne descend pas du possible au réel sans remonter dans cette descente même du réel au possible. Ce mécanisme est ici décrit en termes dialectiques, il agit de manière auto-contradictoire, et c’est cette auto-contradiction qui constitue le vrai moi spécifique de la philosophie, il est universel ou vaut de toute philosophie. Actuellement on décrit la philosophie en termes de vie, de mort, de survie, tout cela relève d’une conception médiatique et commerciale, pour le dire plus noblement actualiste et matérialiste vulgaire, et de toutes façons théologique. Par son essence elle relève davantage du possible et du virtuel, du « désespoir » justement comme catégorie existentielle, de la coïncidence impossible avec soi. Concrètement ce mécanisme signifie que plus la philosophie se critique, plus elle s’affirme elle-même ou du moins cherche son salut dans cette attitude, n’est-ce pas le cas de ses critiques et déconstructions ? Faut-il en conclure inversement mais toujours logiquement, que plus elle veut être elle-même, plus elle se détruit ? Plus elle s’affirme comme Idée, plus elle s’étiole, se vide de toute substance et se réduit à un clignotement stellaire ?

Quant à la troisième instance positive, l’Autre qui pose le rapport, elle se confond avec le premier degré et se distingue évidemment de lui. Qu’il s’agisse de Dieu ou de l’Absolu, peu importe, nous ne pouvons y voir qu’une transcendance capable de poser celle du moi, que celle-ci soit transcendantale ou contradictoire et dialectique. La philosophie au sens complet n’est pas seulement rapport du moi à soi-même, distinction destinée à sauver Dieu, mais double transcendance ou doublet à plusieurs plans ou étages.

Maintenant Kierkegaard se demande « comment extirper le désespoir hors du moi », pour nous ici comment extirper la philosophie hors du moi et redonner à celui-ci la paix ? Qu’opposer au désespoir de la philosophie, autre nom de sa dialectique ? Reviendra-t-on une fois de plus à la bonne vielle sagesse grecque du plaisir, du bonheur et du bien-vivre heureux ? Le matérialisme et en général toute « position » philosophique est un effort pour stabiliser

...

Télécharger au format  txt (10.6 Kb)   pdf (111.9 Kb)   docx (11.9 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com