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La Pensée Et Le Mouvant Bergson

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Par   •  28 Avril 2015  •  1 139 Mots (5 Pages)  •  1 215 Vues

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Dans cet extrait de son œuvre La pensée et le mouvant publiée en 1934 Bergson examine le problème suivant : quelle est la fonction de l’artiste, ou encore : à quoi vise l’art ? Ce qui revient à s’interroger sur la raison d’être d’une activité qui est en effet singulière puisqu’elle produit des objets qui, à la différence des objets techniques, n’ont aucune nécessité pratique évidente. Pourtant Bergson soutient que l’art a une fonction et les artistes un but : « voir et nous faire faire ce que nous n’apercevons pas naturellement ». Nous pouvons ainsi nous demander qu'es ce qui permet ce pouvoir révélateur de l'art ?

Il faut être attentif à la première phrase : l’art viserait c’est-à-dire aurait comme objectif de nous montrer que l’art serait un moyen à la fois de mieux percevoir le monde, la réalité extérieure et de mieux percevoir ce que nous ressentons. S’il en est ainsi c’est que la perception ordinaire laisse échapper quelque chose du réel, quelque chose du sensible. On ne percevrait pas tout ou plutôt on ne percevrait pas assez comme si notre perception était faible. Il y a un paradoxe car nous croyons spontanément que le monde perçu serait une image fidèle de la réalité. Or Bergson semble soutenir qu’il y a plus à voir dans le monde que ce que nous en voyons et qu’on passerait ainsi à côté de la richesse sensible. Bien entendu cela est exprimé de façon rhétorique. On dit souvent que l’artiste s’exprime dans son œuvre, qu’il exprime ses émotions, ses craintes, ses doutes et qu’en ce sens l’œuvre est entièrement personnelle, privée. Or Bergson nuance cette idée dans la mesure où nous prenons plaisir aux œuvres d’art. Si l’œuvre d’art n’était qu’un point de vue sur le monde, point de vue de l’artiste, on ne pourrait pas entrer en communion avec les œuvres. Or cela est faux, nous partageons les émotions exprimées avec l’artiste, nous les ressentons également .C’est bien que, nous aussi, sommes capables de ressentir ce qu’il ressent ou ce qu’il fait ressentir à ses personnages. Bergson va développer cette idée en parlant des artistes : en lisant un roman, nous sommes éveillés à des sentiments qui grâce au talent de l’artiste sont pleinement ressentis. On passe du confus au clair. La peinture élargit donc la faculté perceptive, elle nous fait voir ce que spontanément nous ne voyons pas dans la nature. Et si la peinture élargit la faculté perceptive, la littérature enrichit, elle, la conscience de la vie intérieure. Les romanciers comme les musiciens font entendre ou figurent dans des personnages la petite musique de l’âme. Stendhal peint par exemple les émotions, les désirs, les espérances, les déceptions de Julien Sorel, de Madame de Rênal ou de Mathilde de la Mole, dans le Rouge et le Noir. Comment pourrions-nous vivre de la vie de ces héros s’ils ne nous parlaient pas de nous-mêmes? C’est parce que le romancier a su élever son expérience à l’universel qu’il nous émeut. Son génie est de peindre un état de notre âme, si passager, si furtif pour certains qu’ils n’en soupçonnent même pas l’existence. Comme le peintre, le poète essaie de capter la vie mouvante de l’âme, ses couleurs changeantes, ses ombres et ses clartés. Il s’agit de dévoiler sous la pauvreté de ce qui apparaît à une perception ordinaire et rétrécie une réalité concrète que seule une attention pénétrante peut mettre à jour. L’artiste est justement l’homme de cette attention. En lui la nature ou l’âme se sent, se pense et s’exprime. La vocation de l’art, au contraire, consiste à déchirer les

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