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Bergson, La Pensée Et Le Mouvant (chapitre 8) - Commentaire De Philosophie

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Par   •  25 Mai 2013  •  1 880 Mots (8 Pages)  •  3 248 Vues

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Qu'est-ce que la vérité ? Là semble bien être l'interrogation soulevée par Bergson à travers le texte. Dans ce huitième chapitre de La pensée et le mouvant, l'auteur nous expose tout d'abord ce que dit l'opinion commune au sujet de la vérité, à savoir qu'elle existerait  en chaque fait et en chaque chose, et que les hommes, à l'aide de leurs connaissances, tenteraient de trouver. Cependant, cette conception est finalement profondément ancrée dans le monde sensible, ce qui les conduit à attribuer à tord aux lois physiques telles que « la chaleur dilate les corps », une valeur indubitable (lignes 3 à 10). En effet, si Bergson s'oppose à cette interprétation du témoignage de l'expérience, c'est qu'il dénote que les hommes ont tendance à étendre la validité des lois induites de l'observation de phénomènes particuliers à l'ensemble des phénomènes de même nature (lignes 11 à 17). Ainsi, conclut Bergson, l'affirmation « la chaleur dilate les corps » n'est rien d'autre que le fil conducteur qui permet d'envisager l'effet prochain de la chaleur sur d'autres corps, et donne à l'homme l'impression de posséder la vérité d'un fait. Mais alors, si l'on considère la Physique comme l'ensemble des réponses certaines aux questions physiques, alors la Physique n'existe pas. Cependant, si l'homme ne peut détenir de vérités certaines en physique, est-ce là une raison de renoncer à cette science et à ce que nous apprend l'expérience ?

La vérité, dans sa définition première, est le caractère de ce qui est vrai. Il s'agit par conséquent d'un concept dont la réalité n'est pas physique mais immatérielle et qui pourtant, s'appliquerait à des « faits » et des "choses", qui eux, en revanche, sont matériels. Cette conception universelle de la vérité,  par ailleurs attestée grâce au dictionnaire, laisse donc entière la possibilité d'une réalité physique. C'est en tout cas l'idée communément admise, d'après ce que nous dit Bergson.

Mais alors, une première question s'impose : comment les hommes sont-ils parvenus à associer à un acte physique une puissance qui transcende le monde sensible et prend sa source dans l'intelligible ? Car en effet, il semble que l'opinion commune considère que les phénomènes sensibles soient régis par cette vérité.

La formulation de Bergson "déposée dans" est alors intéressante à analyser. En effet, nous aurions apparemment trouvé un moyen de parer au problème qui est d'établir une adéquation indiscutable entre la réalité sensible et l'idée de vérité grâce à ce que nous tenons pour être le caractère fondamental, la réalité permanente des choses, à savoir leur essence, c'est à dire précisément ce sans quoi une chose n'est pas ce qu'elle est. On attribue donc à cette « essence de vérité » un caractère absolu, puisqu'elle transcende la réalité strictement matérielle, ainsi que le temps. La vérité est donc contenue dans les choses, mais l'homme n'en est apparemment pas à l'origine.

Une fois de plus, la formulation « serait déposée » sous-entend qu'une entité elle-même transcendante serait à l'origine de cette vérité profonde : beaucoup d'hommes n'attribuent-t-ils pas cet exploit à celui qu'ils appellent Dieu ? Bien que la question de son existence - ou de sa non-existence -  reste entière, on peut se demander si Dieu, n'est pas en fait le moyen pour les hommes d'envisager l'existence de la vérité. Car pour concevoir quelque chose dont le caractère est immuable, il est nécessaire d'envisager une intelligence à toute épreuve.

Cependant, il nous faut revenir quelque peu en arrière et nous poser une autre question : comment attribuer à un phénomène physique une vérité absolue ? Nous venons de poser le doigt sur un autre problème, dans la mesure où notre accès à la réalité sensible se fait justement au moyen des sens, et donc de l'expérience.

Afin d'illustrer son propos, le philosophe s'appuie peu après sur la loi physique « la chaleur dilate les corps », connue de la plupart des hommes et admise par ces derniers. Cette loi prend sa source dans l'expérience : on a remarqué, au moyen d'un grand nombre d'expérimentations, qu'en présence d'une source de chaleur, les corps avaient tendance à augmenter de volume. On comprend ici et ce de façon très concrète, qu'une expérience, lorsqu'elle est répétée beaucoup de fois et qu'elle produit à répétition un résultat identique, peut effectivement nous mener à effectuer une généralisation et à établir des lois physiques.

Cependant, ce résultat est il analogue à la réponse absolue qui serait apportée à une question précise ? Si la plupart des hommes estiment qu'il en va ainsi, rien n'est moins sûr, car les lois établies au moyen de l'expérience sont des inductions. Elles ne s'appuient pas sur des démonstrations, sur des principes tellement « purs » qu'ils sont par ailleurs indémontrables. Par conséquent, le résultat n'est pas une vérité, contrairement à ce que dicte la doxa, mais une probabilité tendant vers un.

Plus loin dans le texte, Bergson s'attache à nous faire comprendre que l'expérience en elle-même, loin de produire une vérité, ne fait que produire des phénomènes, que l'homme peut ainsi observer, ou bien sentir, écouter, toucher, peut-être même goûter. Effectivement, si je décide de placer des corps près d'une source de chaleur, je ne vais faire qu'observer une dilatation. 

Une fois de plus, l'expérience n'est en rien une démonstration et l'auteur nous met donc en garde contre un imaginaire collectif qui nous pousse à penser qu'une affirmation qui ne fait que décrire la réalité de phénomènes sensibles, la dicte et « trône, sinon au-dessus d'eux, du moins au milieu d'eux ». Cette expression est le fruit d'une image : les hommes, en effet, considère que la vérité commande l'ordre des choses, on lui confère donc un ascendant quant aux choses. Cependant, les hommes imaginent en même temps la vérité comme étant cachée au sein des "faits" et des « choses ». 

L'homme, pour peu qu'il soit curieux, cherche donc au moyen de sa connaissance à trouver la vérité qui se trouve dans chaque

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