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La Conscience Morale

Lettre type : La Conscience Morale. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Décembre 2013  •  Lettre type  •  1 363 Mots (6 Pages)  •  1 157 Vues

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Pour certains comportement humains, ceux qui semblent échapper au sujet et qui exigent une explication, il arrive qu’on invoque l’inconscient. N’est-ce pas ruiner la morale ?

En effet, la morale suppose que le sujet ait conscience de ses actes, qu’il en dispose, qu’il se détermine en connaissance de cause et qu’il le fasse librement. Invoquer l’inconscient, telle une puissance tutélaire, c’est donc en apparence ruiner la morale.

Pourtant, invoquer l’inconscient, un peu comme invoquer le diable dans la pensée religieuse, c’est reconnaître que le sujet ne se maîtrise pas entièrement, qu’il est sollicité, pour ne pas dire tenter. C’est donc lui donner les moyens d’arriver à la maîtrise de soi grâce à l’aide d’un autre. C’est lui éviter de présumer de sa faiblesse. Ce ne serait donc pas ruiner la morale.

On peut donc se demander s’il est possible et à quelle conditions d’invoquer l’inconscient sans ruiner la morale.

Il n’y a de morale qui si le sujet est libre. Car, c’est parce qu’on estime que le sujet est capable de commencer l’action, autrement dit d’être l’auteur de ses actes, qu’on peut lui attribuer un qualificatif moral. Invoquer l’inconscient, c’est annuler cette liberté. Car, c’est assigner des causes à son action. En effet, le sujet serait agi par quelque chose. Autrement dit, invoquer l’inconscient, c’est récuser qu’il y ait un sujet. Car la liberté au sens du libre arbitre présuppose que la volonté soit un pouvoir d’affirmer ou de nier sans être déterminé par quelque cause que ce soit comme Descartes la définit dans la Lettre au père Mesland du 9 février 1645 (ou dans la quatrième de ses Méditations métaphysiques).

C’est ainsi que lorsque Freud expose ses cas, il montre que ce qui fait penser ou agir le sujet est autre que ce qu’il croit. Le président d’une assemblée se trompe-t-il en disant que la séance est close alors qu’il voulait dire que la séance est ouverte, c’est qu’il y avait en lui un désir d’en finir qui a produit son propos à l’encontre de sa volonté. Selon un mot célèbre de l’Introduction à la psychanalyse, « le moi n’est pas seulement maître dans sa propre maison ».

En outre, le sujet se ferait des illusions sur ce qu’il croit faire. Les motifs de ses actions seraient en réalité différents de ses actions réelles. Il pourrait croire avoir agir pour le bien alors qu’il aurait agi de façon intéressée. C’est d’ailleurs une des raisons de l’opposition à la psychanalyse de Freud. Ainsi, Alain dans les Éléments de philosophie, considère que la notion même d’inconscient est une faute, puisqu’elle déresponsabilise l’individu. C’est un acte moral selon lui que d’affirmer qu’il n’y a que le sujet qui pense, donc qui est l’auteur de ses actes.

Cependant, il faut bien accepter qu’il y ait en l’homme de l’obscurité. On dit bien de certains hommes qu’ils sont inconscients des motifs de leurs actions lorsqu’ils sont sous l’emprise de l’alcool. On peut donc leur reprocher l’état dans lequel ils sont. Or, n’est-ce pas que l’inconscient remet en cause moins la liberté que la conscience qui permet de savoir ce qu’on fait et donc ruine par là même l’intention ?

Invoquer l’inconscient, c’est ruiner la morale, puisque c’est enlever à l’individu le fait d’agir en connaissance de cause, de penser et donc de savoir ce qu’il en est de ses actes. En effet, la morale suppose que l’individu sache ce qu’il fait. C’est à cette condition qu’on peut le juger coupable, innocent ou méritant. Si j’aide quelqu’un en l’absence de tout intérêt, je fais ce que je dois faire puisque je considère l’autre comme une fin et non simplement comme un moyen selon la formulation du devoir moral de Kant dans les Fondements de la métaphysique des mœurs (1785). Pour cela, il faut que je sois conscient de ce que je fais. Sinon, cette aide que j’apporte, n’est-elle pas intéressée ? Ainsi les moralistes français du xvii° siècle comme La Rochefoucauld (1613-1680) dans ses Maximes (1664) dénonçaient-ils l’apparence de vertu masquant l’amour-propre comme mobile réel des actes de l’homme.

Or, si j’invoque l’inconscient, j’invoque quelque chose qui fait

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