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Alex Neill - Fictions et émotions

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Par   •  3 Février 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 159 Mots (9 Pages)  •  848 Vues

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Alex Neill- Fictions et Emotions

Alex Neil est un philosophe contemporain. Il travaille en effet depuis une quinzaine d'années à l'université anglaise de Southampton. Son domaine de prédilection est l'esthétique. Son article fictions et émotions se situe dans la continuité de l'intérêt porté par les philosophes, dès l'Antiquité par Platon, au sujet de la problématique suivante : les émotions provoquées par les fictions peuvent-elles être « justifiées » ? D'après Neil, deux sortes d'émotions le sont. Nous allons à présent analyser son raisonnement lui permettant d'accréditer cette opinion.

Partie I

Pour commencer, cet auteur nous présente deux avis philosophiques sur le sujet. Colin Radford parle d'émotions inconsistantes et irrationnelles ressenties face à la fiction. Le Dr Johnson, quant à lui, nous exprime le manque de crédibilité d'une telle émotion. Il est vrai que la théorie cognitive va dans ce sens : les croyances et les jugements sont au cœur des émotions. Pour en ressentir une, il faut porter crédit à l'histoire qui la provoque.

Mais la fiction entraîne-t-elle réellement des émotions justifiées ? Différents philosophes ne semblent pas d'accord : Ryle affirme que de telles émotions sont feintes. Budd rejoint cet avis en nous expliquant que les spectateurs d'une fiction sont conscients qu'elle n'est pas réelle. Comment décrire alors ces émotions ? Une première stratégie serait de dire qu'il s'agit d'humeurs. A la différence des fictions, ces dernières sont imaginaires et simulées (le temps d'un film par exemple). Elles ne sont donc pas liées aux croyances. Une seconde explication tente de montrer que ces émotions sont ressenties, pendant la lecture d'une fiction par exemple, pour des personnages réels. En lisant Madame Bovary, Emma pourrait nous faire penser à notre cousine, par exemple, qui elle existe dans la vraie vie.

Résumons finalement le problème posé ici. La théorie cognitive nous explique qu'il n'est pas possible de ressentir une émotion, sans croire que l'histoire qui la provoque est vraie. Dans ce cas, comment accorder du crédit à une fiction ? Neil nous expose que notre croyance est qu'il s'agit d'une histoire fictionnelle. Nous portons crédit au fait que la fiction diffère du réel. Cela est donc en accord avec la théorie cognitive. Les émotions ressenties dans la fiction pourraient dans ce cas être comparables à celles éprouvées dans la réalité.

Partie II

Dans cette partie, la question est de savoir s’il s’agit réellement de pitié quand on a la croyance qu’une souffrance puisse être fictionnelle.

Selon le philosophe Bijoy Boruah, on peut avoir réellement des croyances au sujet d’un personnage tout en ayant conscience que l’objet de nos croyances est fictionnel. Pour avoir une émotion face à une fiction, l’enjeu n’est pas de savoir si le personnage est réel ou non, s’il souffre vraiment ou pas ; mais de savoir si la souffrance que ressent le personnage est réelle ou pas. Le fait de reconnaître que quelque chose est fictionnel ne va pas vraiment développer d’émotions car le fait de reconnaître l’état d’une chose n’implique pas forcement d’émotions, d’autant plus qu’il peut s’appliquer à des évènements réels qui ne nous provoquera aucun émoi.

Pour éventuellement développer une émotion, la notion de perspective s’applique. Pour ressentir quelque chose face à une fiction, il faut dans la plus grande majorité des casse mettre à la place du personnage. Cette notion de point de vue est même essentielle à toutes les fictions. Mais le fait de ressentir une émotion quand on change de perspective implique-t-il le fait que ce soit une vraie émotion ?

Partie III

Neil revient à présent sur la problématique de son article : quelles émotions ressenties dans la fiction peuvent être justifiées ? Pour y répondre, il propose un raisonnement par analogie. Commençons par étudier deux émotions, ne pouvant être éprouvées que dans la réalité.

Premièrement, parlons de la peur que l'on a pour soi. Si nous regardons Dracula au cinéma, nous ne pourrons en aucune façon avoir peur pour notre vie et nous sentir réellement en danger ou menacé par ce vampire. Il est possible d'avoir une poussée d'adrénaline, mais les effets ne seront pas les mêmes que dans le cas d'une agression réelle. Aucun spectateur ne sortira précipitamment de la salle en hurlant. Enfin, Dracula ne peut faire de mal qu'à d'autres personnages fictifs.

Une seconde émotion de ce type est la jalousie. Aucune personne ne pourra jalouser Sally Spectra et vouloir la maison de couture qu'elle dirige. Car il y a une « fracture ontologique », un décalage entre les personnages fictifs et nous qui est nécessaire à la jalousie. Envier des objets ou personnages fictifs semblent en effet compliqué !

Dans un deuxième temps, Neil nous présente deux autres émotions découlant de « perspective étrangère », qui pourraient dans ce cas être justifiées dans la fiction. Reparlons de la peur, mais cette fois de peur ressentie pour ou avec un personnage fictif. Dans le premier cas, nous voyons par exemple un personnage tomber d'une falaise, et nous projetons cette perspective dans la réalité. Nous savons que cela est extrêmement dangereux dans la vraie vie, et nous pouvons alors ressentir

de la peur pour ce personnage fictif. Il est également possible d'avoir peur avec un tel personnage. Nous nous imaginons à sa place et ressentons une peur emphatique.

Enfin, Neil nous expose une émotion exemplaire : la pitié. Contrairement à la peur pour soi et à la jalousie, elle implique un ressenti que nous avons pour autrui. Elle touche d'autres personnes.

Précédemment Neil nous parle de la peur, avant d'introduire la pitié, comme deux émotions principales. Il me semble qu'elles ne tombent pas de nulle part et peuvent nous faire penser à la théorie d'Aristote. En effet, d'après ce philosophe antique, le but de la tragédie était de produire la crainte et la pitié. Par cela une catharsis, une purification des émotions, opère. Neil nous expose en dernier lieu sa méthode : y a-t-il une différence lorsque quelqu'un ressent de la pitié dans une fiction et dans la réalité ? Si la réponse est négative, il nous aura prouvé que la pitié peut être ressentie de manière justifiée

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