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Dans quelle mesure un aveugle peut-il apprécier un espace architectural?

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Par   •  28 Mai 2018  •  Dissertation  •  1 598 Mots (7 Pages)  •  1 084 Vues

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Denis Diderot disait dans sa lettre aux aveugles : « Notre aveugle juge fort bien des symétries. La symétrie, qui est peut-être une affaire de pure convention entre nous, est certainement telle, à beaucoup d’égards, entre un aveugle et ceux qui voient. ». Diderot a un avis différent des autres philosophes tels que Molyneux ou Berkey. Il pense que le sens du touché n’est pas spécialement nécessaire pour se représenter l’espace.

Pour apprécier un espace architectural il faut arriver à se le représenter. Mais qu’est ce que la représentation d’un espace pour chacun et surtout pour un aveugle ? Comment concevoir ce qu’est l’espace sans le voir ? L’architecture se perçoit-elle uniquement par la vue ? Comment se représenter les notions proprement visuelles comme les couleurs ? L’imagination peut-elle répondre à ces questions ?

Il y a des limites à toutes ces questions, jusqu’à quel point un aveugle peut-il se représenter un espace ?

Nous allons nous poser la question suivante : dans quelle mesure un aveugle peut il apprécier un espace architectural ?

Nous allons répondre à cette question en trois points : tout d’abord quel est le rôle des autres sens, ensuite, le rôle de l’imaginaire et de la représentation mentale, enfin, quelles sont les limites de cette représentation.

LES SENS : comment compenser l’absence d’un de nos sens ?

C’est Molyneux le premier qui se pose la question : un aveugle de naissance, qui aurait retrouvé la vue, serait-il capable de reconnaître deux objets de formes différentes, l’un cubique, l’autre sphérique qu’il identifiait jadis avec le toucher, juste par le sens de la vision ?

A cette question, nombreux philosophes répondent non à la question de Molyneux. Parmi eux, Berkeley explique que l’ancien aveugle ne pourra pas faire la différence entre la sphère et le cube sans les toucher. En effet selon lui, seul le toucher nous permet d’avoir un accès direct au réel. La réponse négative de Berkeley à la question de Molyneux repose essentiellement sur le fait que l’expérience visuelle n’a en elle même aucun contenu spatial.

Jean Nogué de son coté, invente des concepts en fonction des sens et à chacun de ces concepts il lie des modes sensoriels. Par exemple l’odorat, avec l’ouïe aident à percevoir une direction. En effet l’aveugle peut définir une direction mais n’a

cependant pas la possibilité d’évaluer la distance. Il va donc se servir de son ouïe et de son odorat pour se positionner par rapport à la direction dans laquelle il veut aller et par rapport à la distance qu’il doit parcourir. Ainsi, selon Jean Nogué, les sens se complètent et contribuent à la construction de l’espace.

L’ouïe, l’odorat et le toucher sont les autres sens que l’aveugle possède. Ces sens apportent à la personne des sensations et émotions qui lui sont perceptibles. Ils lui permettent de se créer un imaginaire et une représentation des ambiances, objets ou espaces.

Aristote a cherché combien de sens il existait. Il existe les sens propres mais dont la perception est différente pour chacun comme l’odorat avec l’odeur, le goût avec la saveur, l’ouïe par le son, la vue par les couleurs et le toucher par la chaleur ou la froideur. Cependant la vue et le toucher ont aussi un sens commun par la forme qui est commune, la vue par les couleurs, le toucher par les formes. Pour Aristote il n’existe pas de sixième sens.

Lorsqu’il nous manque un sens, les autres se développent et ce développement est indispensable pour se représenter au mieux un espace. Le développement de l’ouïe est obligatoire parce que celle-ci va lui permettre de se créer un outil qui, à partir des bruits entendus, va pouvoir mieux appréhender et repérer les obstacles. Par exemple, le bruit de la voiture peu l’informer sur le sens de déplacement et sa vitesse. Les sons nous permettent de nous créer des opinons sur la matière dont un objet peut être composé ainsi que sur sa structure et sa forme...

L’aveugle va développer un sens tactile qui a pour but de l’informer sur l’environnement immédiat, il est utilisé pour le braille mais pas seulement. Il est aussi utilisé pour saisir un grand nombre d’informations afin de reconstituer une partie de son environnement, notamment pour se déplacer en ville ou dans un logement. L’aveugle se crée aussi au fur et à mesure un sens qui se développe spontanément : le sens des masses. Il va réussir à ressentir physiquement la présence ou l’approche d’un obstacle.

L’odorat va aussi permettre à l’aveugle de l’informer sur la matière composante. On voit donc que le corps humain compense l’absence d’un sens, la vue, par le développement des autres.

« Je trouvais le mot amusant et je savais que c’était une couleur gaie, voir criarde », ce sont les mots de Christine Cloux, aveugle de naissance. Elle choisit les couleurs en fonction de leur nom. De ce fait l’audition lui permet d’imaginer un espace grâce aux descriptions de celui-ci. Par

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