Lumière sur le travail de nuit
Dissertation : Lumière sur le travail de nuit. Recherche parmi 303 000+ dissertationsPar Looping37 • 13 Octobre 2025 • Dissertation • 2 486 Mots (10 Pages) • 18 Vues
LUMIÈRE SUR LE TRAVAIL DE NUIT
[pic 1]
Dans l’imaginaire collectif, la nuit tient une place spécifique. Tantôt angoissante, propice aux peurs ou aux confidences, tantôt rassurante, calme et silencieuse… Elle est en tout cas définie comme un temps normalement réservé au sommeil. Pourtant, dans nos établissements, le service de nuit de l’ensemble des professionnels est inhérent à la continuité des soins et à la prise en charge des patients. Les équipes se relaient jour et nuit pour veiller en permanence sur les personnes accueillies, et ainsi leur assurer une prise en charge globale et de qualité.
Le travail de nuit se caractérise par nombre de spécificités et parfois de difficultés : l’obscurité ou la lumière artificielle, le silence, la patience et la réactivité, le sommeil des uns et l’état de veille des autres, l’effectif restreint, l’urgence… dans un cadre réglementaire et législatif bien spécifique.
Les préjugés les plus courants
- La nuit n’est pas le jour en termes de soins et le contenu du travail de nuit a longtemps été sous-estimé. Le terme de « veilleurs » utilisé en France pour ces personnels infirmiers ou aide soignants évoque l’idée d’une simple surveillance de patients endormis, voire de présence, sans réalisation de soins.
- Le travail de nuit est généralement vécu par le personnel de jour comme un travail différent et moins qualifié. Très souvent, et de manière symptomatique, le personnel de jour utilise le terme de « veilleur » pour désigner le personnel de nuit. Les actes de nuit seraient donc moins qualifiants que ceux de jour.
- Longtemps, les équipes soignantes n’ont pu solliciter un fauteuil relax, par exemple, sans subir les préjugés négatifs de leur hiérarchie et parfois même de leurs collègues. L’interprétation réductrice qu’un fauteuil confortable ne puisse être qu’un moyen de dormir la nuit devrait être véritablement révolue. La « veille de nuit » est un temps de travail.
- L’exercice de nuit est parfois vécu comme une coupure dans la carrière d’un agent. Une mise entre parenthèse de la démarche globale de soins, une frontière mal définie quelquefois entre le « gardiennage » et la « surveillance ».
- L’existence d’activités différenciées de jour ou de nuit peut créer des rivalités et des déséquilibres entre les soignants. Les uns s’estimant plus performants que les autres jugés plus « casaniers ».
- La notion de ratio, d’adéquation des moyens par rapport à l’activité de nuit, peu ou insuffisamment évaluée, crée un malaise et pose la question fondamentale de l’efficacité, de l’utilité du travail accompli.
Difficultés / constats
Les soins, la nuit, diffèrent du jour du fait :
- De l’absence de repas (sauf tisane)
- De la diminution des soins d’hygiène, limités aux changes
- De l’absence d’examens complémentaires, sauf urgence
- De la limitation des soins techniques
- De l’absence de rencontre avec les autres professionnels de santé : médecin, psychologue, assistante sociale, diététicienne, kinésithérapeute… et avec les familles des hospitalisés
- De la non-participation aux visites médicales : sources d’informations, de formation et lieux d’échanges.
Par contre, la nuit contribue à l’apparition d’une certaine inquiétude chez les patients, voire une angoisse qui va générer des difficultés d’endormissement, une majoration de l’inconfort entrainant des appels fréquents. Les soignants ont un rôle majeur dans l’écoute du patient et la réponse à ses besoins.
La relation avec le patient est différente la nuit, les soins relationnels priment sur les soins techniques. Une enquête sur le travail de nuit réalisée dans 15 établissements de santé montre que les gestes techniques de soins s’effectuent surtout le jour et qu’il est indéniable que les agents de nuit perdent peu à peu de leur qualification au fur et à mesure de leur ancienneté en équipe de nuit.
Le poste de nuit influence beaucoup le vécu du personnel ; la durée et la qualité du sommeil, les plaintes digestives et neuropsychiques. Les causes sont multiples, mais deux facteurs peuvent être dégagés :
- L’adaptation au travail de nuit dépend essentiellement du respect de la qualité et de la durée du sommeil,
- Cette adaptation dépend également du degré de satisfaction du sujet dans son poste de travail ainsi que de sa motivation.
Le travail de nuit peut avoir des répercussions défavorables sur la santé. Le rythme de vie qu’il impose est en effet opposé au cycle circadien (éveil diurne et sommeil nocturne).
Le caractère pénible du travail nocturne revient souvent, mais si globalement les travailleurs de nuit ont une charge de travail diminuée par rapport aux soignants de jour, leur faible effectif les ramène à une pénibilité équivalente à celle qu’ils subiraient de jour.
Le travail de nuit est encore bien souvent le « parent pauvre » de l’organisation des soins. Le manque de communication, de lien, d’articulation avec le jour est une source de difficulté. L’isolement du service de nuit, en dépit des supports techniques modernes de communication, enlise les soignants dans une autonomisation qui en dehors d’une réflexion institutionnelle, nuit à la continuité soignante, médicale, administrative et technique.
Le travail de nuit est souvent vécu comme ingrat par manque de reconnaissance (de la part des autres membres de l’équipe, car peu technique) et est constitué de tâches de surveillance, de soins relationnels et de confort, et de gestes d’urgence lorsque l’état d’un patient le nécessite. Le travail de nuit, avec ses spécificités, participe à la continuité des soins et contribue à la prise en charge globale du patient. Il ne faut donc plus le considérer comme « le parent pauvre » du travail de jour. S’il est commun de reconnaître aux agents de nuit des qualités d’autonomie, il est indéniable qu’ils sont amenés à prendre des décisions en fonction de leurs valeurs morales, éthiques et professionnelles, pour assurer le bien-être des patients et la continuité des soins.
...