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Récit d'une trouvaille éducative / « Théo, le cracheur de feu. »

Étude de cas : Récit d'une trouvaille éducative / « Théo, le cracheur de feu. ». Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Avril 2022  •  Étude de cas  •  3 763 Mots (16 Pages)  •  704 Vues

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RECIT COMMENTÉ D’UNE TROUVAILLE ÉDUCATIVE

U.E 1 – 2020/2021

Formateur : Rita AFFANOU

EYNAUD Mélissa

 « Théo, le cracheur de feu. »

 


Récit d’une trouvaille éducative

Melissa EYNAUD, ES1 Parmentier

Théo, le cracheur de Feu.

 Nous sommes en Novembre 2020 et c’est mon premier jour de stage à l’APAI MAEI, une MECS en Guadeloupe, mon île d’origine.  

A mon arrivée à la structure, la cheffe de service ainsi que ma référente de stage me présentent la structure, qui accueille 10 garçons âgés de 10 et 15 ans, dans une grande maison à un étage, avec des espaces très spacieux qui sont dotés de tout le confort pour l’hébergement et la détente des jeunes.

Ce matin-là, je ne trouve que Théo et Jordan sur les lieux et j’ai hâte de faire leur connaissance.  Je dis d’abord bonjour à Jordan qui est en salle informatique avec sa référente tout en visitant cet espace puis, je salue Théo à l’extérieur, sur la terrasse qui sert aussi de salle d’étude.

Je me présente et il se présente à son tour un peu timide, je comprends qu’il essaie de savoir qui je suis. Il est déjà assis à son bureau et je me rends compte qu’il a un handicap au niveau des jambes car il porte des attelles. Ma référente, madame S, me dit que personne n’arrive à faire les devoirs avec lui, elle me lance un défi et me propose d’essayer.

Elle m’explique que Théo, âgé de 11 ans, est en classe de CM2 mais qu’il a un niveau CP, elle me dit qu’aujourd’hui il n’est pas à l’école car il est exclu pour une semaine en raison d’un comportement inadapté en cours. Je n’ai pas de détails sur le moment mais je regarde Théo qui sourit en écoutant Mme S, l’air gêné. Ce jour-là, Théo doit travailler l’écriture et les Mathématiques et cela fait déjà une bonne demi-heure qu’il est dessus mais n’a toujours rien fait à part tourner sur sa chaise à roulettes et gribouiller sur son cahier.

Je me lance ! Mon éducatrice référente me dit « On verra si toi tu y arrives, tu viens d’arriver, nous on a perdu patience », Théo est devant nous et nous écoute, elle le regarde et il lui me répond directement « Madame tu as du courage ».

Je ne connais pas le jeune et je ne sais pas à quoi m’attendre, mais je n’ai pas d’a priori et j’y vais avec enthousiasme. J’ai l’habitude de travailler avec des jeunes avec différents niveaux de capacité lors de mes ateliers de médiation en céramique et arts plastiques et Théo ne me fait pas peur.

Je m’assieds juste à côté de lui et un dialogue s’engage

  • “ Alors on travaille sur quoi aujourd’hui”
  • “ Je dois recopier ça mais tu vas pas comprendre, j’écris trop mal ”

il rigole et ne me regarde pas quand il parle

  • “Moi je fais des fautes d’orthographe quand j’écris mais ce n’est pas grave, il faut s'entraîner et ensuite ça va mieux”.

Je comprends qu’il n’a pas beaucoup confiance en lui.

  • “Mais tu sais quel âge j’ai ? J’ai 11 ans ! Et je ne sais même pas écrire”
  • “Montre-moi”

  Mais Théo n’écrit rien.

Je réfléchis et je lui propose de commencer par m’écrire son prénom, son nom, et son âge en lettres, je prends le parti de ne pas recopier l’exercice de base en me disant que l’important c’est le travail d’écriture et pas le contenu en lui-même, il se met à écrire, je suis contente, je le félicite, il sourit et attend la suite.

Je continue alors à improviser, « Tu as des frères et sœurs ? Des passions ? On ne se connait pas… » Il me répond oralement mais je lui dis de m’écrire tout ça, il le fait.

J’apprends qu’il a un grand frère qui lui aussi était placé dans cette MECS mais qui est parti avant lui. Il continue naturellement en écrivant le prénom de sa maman, je lui demande son âge et il me dit qu’il ne sait pas, je lui propose donc de calculer l’âge de sa mère et cela nous permet d’aborder les mathématiques. « Tu sais quel âge avait ta maman quand tu es né ? » Il sait ! alors je lui propose de faire une addition, l'âge de sa mère à sa naissance plus 11 ans, il calcule et trouve ! Sa mère a 31 ans, il est content et me tape dans la main « Yessssss », il se lève et va montrer sa feuille à Mme S qui ne comprend pas trop de quoi il s’agit mais je lui explique et elle finit par le féliciter, il est fier mais ne veut plus travailler, il en a assez.

Je suis contente j’ai trouvé un moyen de l’aborder qui a fonctionné j’espère que cela continuera mais je me dis déjà qu’il va falloir ruser pour continuer à travailler avec lui.

Les jours passent à la structure et je fais la connaissance des autres garçons, je me rends compte lors des moments de vie commune que Théo a ce besoin permanent de prouver qu’il peut faire tout ce que les autres sont capables de faire, et cela vaut pour le bonnes comme pour les mauvaises choses. J’apprends qu'à son arrivée il a été moqué par rapport à son handicap ainsi qu'à son énurésie nocturne et je comprends alors ce besoin de prouver aux autres qu’il est comme eux, alors comme eux il boude les devoirs. Et parfois comme eux, il répond aux autres éducateurs, fait des crises ou encore cherche la bagarre. Avec moi Théo est calme, il prend une voix enfantine quand il me parle et aime être au contact, les plus grands me font d’ailleurs la remarque “il essaie de t'amadouer, regarde il te parle comme un bébé et ensuite il vient nous insulter au babyfoot”.

Les fêtes de Noël approchent et la structure s’y prépare, l’ambiance est festive mais il est difficile de canaliser les garçons et de tenir l’organisation quotidienne d’autant plus qu’il y a un nouvel arrivant et cela a pas mal bouleversé la dynamique de groupe initiale.

Ce jour-là je dois travailler la lecture avec Théo, il doit lire un livre, “Le fils de l’ours” mais une partie du groupe fait du sport à l'extérieur et lui n’est pas du tout motivé, il fait la moue. Théo porte normalement des lunettes mais les oublie toujours à l’école et c’est donc son excuse favorite une fois arrivé à la structure “J’arrive pas à lire, je ne vois pas bien, je me perds après je sais plus où je suis”. Je lui propose une première alternative, dès qu’il lit un groupe de mots ou une phrase complète il la surligne pour se repérer et passer à la prochaine.

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