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Flexisécurité, faisabilité et devenir

Dissertation : Flexisécurité, faisabilité et devenir. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  6 Décembre 2017  •  Dissertation  •  2 720 Mots (11 Pages)  •  697 Vues

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Sans directement la nommer comme telle, le gouvernement d’Edouard Philippe cherche depuis ses derniers mois mettre en place une certaine dose de flexisécurité dans le marché du travail français, notamment par le biais des ordonnances. Si le projet de « libérer le travail » est en passe de faire son entrer dans le Code du Travail, il fut toujours une source de débats houleux en matière de politiques économiques au cours de ses dernières années.

La flexisécurité (ou encore la « flexicurité ») est un modèle économique tirant ses origines de l’expérience des pays scandinaves en 1990. Initiée à la suite de graves crises de l’emploi en 1994 au Danemark, cette notion hybride est née de la conciliation entre l’acceptation d’une certaine instabilité du travail en contrepartie de garantis prévus pour le travailleur. Il s’agit en fait d’un compromis reposant sur un système d’emploi performant et d’une protection sociale accrue. D’une part, nous retrouvons un impératif de flexibilité pour les employeurs, de l’autre celui de sécurité pour les employés. Ainsi, la flexisécurité donne la possibilité aux entreprises de profiter de règles d’embauches et de licenciements très souples et garantit aux salariés une situation économique stable grâce à une indemnisation de chômage généreuse et un plan de formation professionnelle continue ambitieuse. L’objectif est simple : coordonner d’une part les réformes permettant d’ajuster la réglementation du travail à la nécessité de flexibilité de l’économie, et d’autre part les dispositions propres à sécuriser les parcours des individus.

En ce sens, la flexisécurité est un outil de politiques économiques à part entière. Selon certains économistes comme Jean Tirole, Philippe Aghion ou encore Olivier Blanchard, le concept permettrait d’améliorer la situation d’une économie en conciliant les intérêts des demandeurs et offreurs d’emplois. En garantissant une flexibilité de l’emploi, l’Etat peut réduire le coût et l’incertitude inhérent aux décisions d’embauche et de licenciement. Le marché du travail est plus souple afin de répondre aux exigences de compétitivité impliquées par une économie mondialisée. En garantissant la sécurité de l’emploi, l’Etat circonscrit les effets de la précarité induits par une trop forte dérégulation du marché du travail. Les salariés ont alors une situation plus stable, stabilité non pas garantie par la durée de l’emploi mais par une mobilité accrue et une indemnisation élevée en cas de licenciement.

Fort de son succès et de sa renommée obtenue après les scores du taux de chômage au Danemark – 6.2% en mai 2017 selon Eurostat, le concept est devenu l’objet de tentatives d’importation et d’appropriation par l’ensemble des pays membres de l’OCDE. En effet, depuis le début du siècle, l’OCDE et les organes de l’Union Européenne ne cessent de faire du modèle un « idéal-type » qu’il faudrait atteindre. Tous incitent les 28 états-membres à mettre en œuvre ces deux dimensions de l’adaptabilité à un marché du travail en évolution afin d’atteindre les objectifs de croissance et d'emploi fixés en 2007 à Lisbonne. Pourtant, les clefs du succès danois s’expliqueraient moins par l’ingéniosité du modèle que par les caractéristiques structurelles et institutionnelles du pays dans les années 1990. De fait, des interrogations subsistent quant à la transposabilité de la flexisécurité à la danoise dans d’autres économies. Avec presque 25 ans de recul et de mesures, nous pourrions presque dire que l’analyse de l’expérience du pays révèlent les failles du système : la flexisécurité supposerait des conditions d’application difficilement envisageable sur le long terme. Tout au moins, les débats autour de sa mise en œuvre ne suscitent pas toujours pour les populations le même engouement dont fait preuve les économistes et les gouvernants.

La mise en place d'une politique flexisécuritaire est-elle envisageable sur le long terme ? 

Nous reviendrons dans un premier temps sur les origines danoises du concept de flexisécurité en essayant de comprendre les particularités théoriques et pratiques. Nous nous pencherons ensuite sur les limites du modèle, dont la structure peut être inadapté sur le long terme et inapplicable dans certains pays. Nous chercherons enfin à dépasser les failles du modèle en réfléchissant aux interprétations de la flexisécurité par d’autres pays européens.

Développement.

I. La flexisécurité danoise, un concept de politiques économiques particulier.

Le concept de flexisécurité tire ses origines de l’expérience danoise. Le modèle repose sur un « triangle d’or », une interdépendance de trois facettes du marché du travail danois permettant l’articulation entre flexibilité et sécurité du marché. Le modèle fut un succès : l’Etat danois a répondu à des conditions particulières, assurant le redressement de son économie.

A. Le triangle d’or, socle théorique du concept.

Quels sont les composantes du « triangle d’or » [1] ? Comment les concilier ? Comment fonctionnent-ils ?

Une flexibilité des postes : simplicité accrue des procédures de licenciements et d’embauche pour les entreprises.

BUT : Fluidifier le marché de l’emploi, réduire la « peur » de l’emploi.

MOYENS : rupture du CDI souple, peu d’indemnités de licenciement pour les entreprises.

Une garantie sécuritaire individuelle pour le salarié : un système d'indemnisation chômage considéré comme généreux

BUT : Maintenir les revenus du salarié en cas de discontinuité de l’emploi.

MOYENS : indemnisation à 90% du salaire brut la 1ère année, indemnités de 1’8000€

/!\ C’est parce que le modèle implique une compensation protectrice en échange d’une faible réglementation du marché du travail que le modèle danois est différent du modèle anglosaxons.

Une place pour la formation professionnelle continue : une aide à la mobilité par la reconversion soutenue institutionnellement.

BUT : Accompagner le reclassement des chômeurs dans le cadre des politiques d’emploi.

MOYENS : conditionner l’octroi

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