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Zabriskie Point

Analyse sectorielle : Zabriskie Point. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  14 Mars 2017  •  Analyse sectorielle  •  3 971 Mots (16 Pages)  •  805 Vues

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Nous allons étudier le film Zabriskie Point, sorti en 1970, et tourné aux Etats-Unis, plus particulièrement à Los Angeles et ses environs, par le réalisateur italien Michelangelo Antonioni. Ayant tourné ses premiers films en Italie, ayant révélé son talent aux yeux du grand public (L’aventura, L’éclipse, …), il signe en 1960 un contrat pour trois films avec la société de production MGM, et quitte l’Italie pour se tourner vers d’autres paysage et sujets. Les trois films seront Blow up (1966) en Angleterre, Zabriskie Point aux USA, puis Profession : reporter à travers l’Afrique et l’Europe (1975). Antonioni est connu pour son rapport entre personnages et paysages, souvent silencieux mais qui s’exprime par l’image.  Il dira lui même qu’“un film doit modifier la perception du spectateur, l’inciter à fondre l’image, le son et l’idée dans une expérience unifiée lui permettant de pénétrer et d’apprécier la vie intérieure du film.”, ce qui montre sa grande attention réservée aux images et sa préoccupation de filmer à la fois le silence, l’incommunicabilité et le rapport entre l’être et le réel, qui interroge autant son travail que les spectateurs qui le découvrent. Antonioni s’est également beaucoup intéressé à la manière de filmer, comment le travail sur la forme peut appuyer le fond, ce que l’on retrouve dans Zabriskie Point avec des méthodes de filmage nouvelles. et un travail appuyé sur le rapport aux couleurs et à la lumière.  

Le film prend place au coeur des contestations universitaires de Los-Angeles, où nous est introduit Mark, étudiant fatigué par les réunions creuses des jeunes manifestant, qu’il quitte prématurément pour partir s’acheter une arme en compagnie d’un de ses amis, préférant l’action aux mots. A son retour au campus il est témoin d’une fusillade durant laquelle un étudiant noir est abattu par un policier, qui lui même sera tué, alors que Mark s’apprêtait à riposter contre lui. Mark fuit par peur d’être arrêté  et vole un avion pour se balader dans les airs vers le désert de la Vallée de la Mort, où il croise la voiture de Daria, secrétaire d’un promoteur immobilier, qu’elle compte rejoindre à Phoenix après s’être reposée dans les paysages désertiques. L’avion suit la voiture comme un ballet aérien, puis Daria et Mark se rencontrent et font l’amour sur les dunes de Zabriskie Point, parmi des dizaines d’autres couple imaginaires. Puis ils se séparent à nouveau, Mark dans le but de rendre l’avion, mais il sera abattu par la police, en sortant de celui-ci, et Daria vers la maison de Lee Allen son supérieur, maison qu’elle imaginera se faire exploser à  de nombreuses reprises après avoir appris le décès de Mark à la radio.  

Le film qui nous laisse découvrir l’univers de Los Angeles, ainsi que l’univers de Mark et Daria venus se perdre dans la Vallée de la Mort met en évidence les fractures qui existent entre ces deux mondes opposés : celui du désert qui s’oppose à la ville et celui de la société qui s’oppose à Mark et Daria et les oppresse. Le film révèle une impossibilité de communiquer entre ces univers, mais aussi leur échec en interne, car l’idéalisme de Mark et Daria et stérile et les visions de la société, mais aussi celle des deux jeunes sont individualistes. Pour étudier le film à travers ces thèmes, nous avons choisi l’extrait qui débute avec la dernière image des couple dans le sable à la fin du love-in (1h10m52s) et qui termine juste après que Mark vide les balles de son arme (1h15m54s).

I. Incommunicabilité entre les strates de la société = un monde d’apparence

I Utopie, idéalisme de Mark et Daria stériles, le désert est une terre aride.

  Le deuxième extrait que nous allons étudier commence par les dernières images de l’orgie, une longue scène durant laquelle un nombre incalculable de couple s’aiment et ont des rapports, nu ou habillés, à même le sable et le désert de la Vallée de la Mort. La première scène de l'extrait et très belle, où voit ces couples s’agiter et s’embrasser tandis que la couleur de leur peau se confond avec la couleur du sable tandis que l’angle de l’objectif renforce cette impression en aplatissant et comprimant l’image. Durant cette scène, on entend encore la guitare de Jerry Garcia (des Grateful Dead), envoûtante et s’emparant de l’image comme la poussière le fait à l’écran  musique planante. Cette scène est celle d’un fusion entière avec la vie, le désert, la musique, l’environnement, où le temps s’arrête, où les repères n’existent plus, ce moment est comme un médicament, une rupture dans le film avec l’extrait que nous avons étudié précédemment. Ainsi tous ces couples, ainsi que Daria et Mark ne peuvent vivre pleinement qu’en dehors du monde,  et autres couples nés du phantasme de Mark et Daria. ne trouve leur apaisement d’être et bonheur de vivre qu’en dehors du monde et sans paroles. Dans les scènes suivantes, nous voyons en gros plan Mark les yeux fermés et Daria en pleine contemplation des autres couples et du paysage de la Vallée de la Mort qui se recouvre peu à peu de poussière jusqu’à envahir Mark et Daria, et même l’écran au moment où Daria semble vouloir fermer elle aussi les yeux. A ce moment la musique commence sa dernière note et la caméra se retire pour montrer un torrent d’empreintes de pieds laissées dans le sable. Nous comprenons ainsi, qu’alors que le brouillard apparaît, c’est regard de Daria, fermant les yeux, qui vient faire disparaître phantasme. La poussière recouvrant entièrement la scène est le symbole de l’harmonie qui s'achève, le retour de la réalité et du temps. Les empruntes de pied demeurées malgré tout à l’écran sont là pour montrer que les images perdurent dans le coeur et l’esprit de Daria et Mark, toujours bercés par ce moment pacifique.

Cette scène est un moment important du film car elle y amorce une nouvelle impulsion, une errance métaphysique qui n’est qu’un rêve et révèle ainsi sa fragilité : ces deux jeunes êtres venus se perdre dans le désert phantasme une sorte de révolution poétique où l’homme revient à ses origines, ses instincts primaires dans la recherche d’un plaisir charnel et immédiat qui ramène à la vie la Vallée de la Mort, en y créant une société s’établissant en dehors et dans le refus de tout argent ou modernisme. Cette première partie de l’extrait est donc en opposition totale à celui que nous avons étudié en première partie.

Mais cette scène est aussi celui d’un échec et d’une fragilité fragilité, car la jeunesse en marge représentée par Mark et Daria n’est capable d’une révolution que par le phantasme, le rêve. C’est une scène d'errance et de contemplation qui montre qu’à leurs yeux, et à ceux du réalisateur, la vie ne devrait avoir d’autre but que la vie elle-même, et l’amour, qui devrait se suffire à lui même, se suffire comme communication entre les êtres.  Mais ce désert, cet endroit, Zabriskie Point et une terre aride, où la chaleur et la dureté empêche toute vie de demeurer. C’est pourquoi cette scène n’est que phantasme et impossibilité, une scène d’amour, certes, mais une scène d’un amour stérile, autant que le monde de la consommation stérile autant que Mark, et Daria rejettent : les autres couples n’existent pas, ils sont imaginaires, ils sont tous les deux seuls et ne peuvent pas rester éternellement de la sorte, car cette terre est celle de la “Mort” et ne peut pas donner lieu à la vie. Tout cela nous montre que ce phantasme, malgré sa beauté et naïf et stérile, il ne propose en aucun cas d’alternative viable à la société que le jeune couple rejette. C’est un moment d’utopie qui fonctionne, mais dans l’éphémère et l’imagination.

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