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Étude du poème Les correspondances de Baudelaire

Mémoire : Étude du poème Les correspondances de Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Juin 2013  •  10 188 Mots (41 Pages)  •  1 393 Vues

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FICHE BAUDELAIRE

CORRESPONDANCES

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Le poème Correspondances de Charles Baudelaire est la quatrième pièce des Fleurs du Mal. Succède à deux textes évoquant la condition malheureuse du poète : maudit par sa mère dans Bénédiction et exilé sur Terre et rejeté par les hommes dans Albatros. Mais la vocation du poète justifiée dans les deux poèmes suivants : « Elévation » révèle son génie car il est seul capable de « comprendre le langage des fleurs et des choses muettes. « Correspondances » présente le poète comme le médiateur entre la nature et les hommes. Le poète livre une méthode, celle de la synesthésie, c’est-à-dire des équivalences sensorielles. En quoi peut-on dire que la poésie de Baudelaire est une poésie de correspondance ? Nous aborderons dans un premier temps la découverte des correspondances et ensuite nous verrons une conception spiritualiste du monde et de la poésie.

La découverte des correspondances passe de prime abord par le lien homme / nature. Le premier quatrain évoque deux entités celui de la nature et de l’homme. La nature est personnifiée, en effet nous pouvons le voir grâce à la majuscule et aux mots « vivant », « parole », « observent », « regards familiers ». Ensuite l’homme est présenté comme un voyageur provisoire nous le voyons par l’expression « l’homme y passe à travers des forêts de symboles ».

Le quatrain met donc en valeur un lien particulier et inversé entre l’homme et la nature, ce lien est marqué par un effet de symétrie : deux vers pour la nature, mise en valeur dans le premier hémistiche, deux vers pour l’homme également dans le premier hémistiche. Ce lien semble inversé car la nature est sujet des verbes, l’homme devient un simple objet (« qui observent »), la nature émet des messages et l’homme reçoit : « laissent parfois sortir de confuses paroles ». Mais ses messages sont mystérieux « confuses paroles » et symbolique (« forêts de symboles »).

L’homme est donc en communication avec la nature et doit percevoir des messages.

Puis nous avons l’importance de la perception dans la découverte des correspondances. Comment la nature communique-t-elle avec l’homme ? Selon Baudelaire c’est grâce aux perceptions sensorielles, elles sont en effet omniprésentes dans le poème.

Tout d’abord les perceptions visuelles à travers des éléments visuels « le temple » et « ses piliers », « les forêts », « la nuit et la clarté », « les couleurs », « les prairies vertes ». Et à travers des verbes et noms dénotant le vue « observent », « regards ».

Ensuite les perceptions auditives à travers des noms dénotant le son « paroles », « échos », « sons », « hautbois », à travers de verbes impliquant l’ouïe « répondent », « chantent » et les sonorités dans le vers 5 l’assonance en [on] et l’allitération en [k] suggèrent la notion d’écho par un effet d’harmonie imitative.

Puis les perceptions olfactives à travers le mot « parfums » qui constituent le thème essentiel des deux tercets, occupe une place essentielle au début du vers 8, reprise par une énumération qui commence avec « Il est » avec distinction entre 2 types de parfums, au vers 13 déclinaison de plusieurs parfums « ambre, musc, benjoin, encens ».

Et enfin les perceptions tactiles à travers les « chairs d’enfants » et l’adjectif « doux ».

Enfin dans la découverte des correspondances nous avons la découverte des synesthésies. Que doit donc faire l’homme pour comprendre les messages envoyés par la nature ? Pour Baudelaire il convient d’établir des analogies, des correspondances (= synesthésies) entre toute les perceptions. Il met ainsi en évidence l’existence de correspondances sensibles entre ce qui est virtuel, ce qui est auditif, olfactif et encore ce qui appartient au toucher. Le 2éme quatrain propose donc ainsi la théorie des correspondances, le premier tercet en est une application pratique.

Le premier quatrain établi ainsi des correspondances entre « les parfums, les couleurs et les sons ». L’idée de mélange, d’unité est suggéré à travers différents procédés : la structure du vers 8 trois sujets commun pour un seul verbe plus voix pronominale ( se répondent), chaque sujet agit sur l’autre ; la comparaison entre les perceptions et « de long échos » ; les termes « confondent », « unité », « se répondent » qui insistent sur l’idée de confusion.

Le premier tercet reprend ce principe en établissant des comparaisons insolites : parfums associés à des impressions tactiles « frais comme des chairs d’enfants » ; parfums associés à des sons « doux comme les hautbois » ; et parfums confondus aves des impressions visuelles « verts comme les prairies ».

Ces diverses sensations se correspondent car elles renvoient toutes à une même notion morale la pureté : pureté des « chairs d’enfants », du son « des hautbois » et du vert « des prairies »

Pour Baudelaire la nature communique avec l’homme par le biais des sens. Par le jeu de correspondances l’homme parvient donc à percevoir le message de la nature. Mais quel est donc ce message ?

Une conception spiritualiste du monde et de la poésie se fait tout d’abord par des correspondances horizontales aux correspondances verticales. Dès le premier quatrain, Baudelaire affirme que la nature propose à l’homme des symboles. Le déchiffrement de ces symboles doit permettre à l’homme d’accéder à un niveau de réalité supérieur. La métaphore de la nature comme temple indique en effet la dimension sacrée de ce lieu : la nature est en communication avec le divin. Cette idée est renforcée par les images de verticalité présente dans le premier quatrain : « piliers », « forêts de symboles ». La nature est donc un lieu de communication avec le sacré, le divin et joue le rôle d’espace médiateur entre deux univers celui des hommes et celui des dieux en apportant aux hommes des signes, des « symboles » de ce monde inaccessible.

Des lors aux correspondances horizontales entre les sens s’ajoutent les correspondances verticales entre le naturel c’est-à-dire la matière et le spirituel c’est-à-dire la réalité profonde. Une fois l’unité retrouvée dans la nature grâce aux correspondances, l’homme peut accéder au monde céleste et spirituel

Ces correspondances verticales sont d’ailleurs évoquées dans le dernier tercet : certains parfums possèdent « l’expansion des choses infinies » c’est-à-dire qu’ils amènent l’auteur

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