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Étude du sonnet Correspondances de Charles Baudelaire

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Par   •  14 Mai 2013  •  4 788 Mots (20 Pages)  •  1 539 Vues

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Dans ce sonnet, Baudelaire formula nettement la loi de I'analogie universelle, qui a toujours été au fondement de la pensée primitive et de la poésie, et qui veut que, l'univers étant une unité animée, les formes sensibles, multiples en leur apparence, sont en fait l'écho d'une réalité unique. Pour lui, «Dieu a proféré le monde comme une complexe et indivisible totalité», et, depuis ce jour, les choses «se sont toujours exprimées par une analogie réciproque» (‘’Richard Wagner et ‘’Tannhäuser’’ à Paris’’). Il écrivit aussi : «C'est cet admirable, cet immortel instinct du beau qui nous fait considérer la terre et ses spectacles comme un aperçu, comme une correspondance du Ciel.» (‘’Notes nouvelles sur Edgar Poe’’).

Et il définit la théorie des correspondances selon laquelle, l’univers étant composé d’éléments analogues, chaque élément d’un règne (minéral, végétal, animal) correspond à un élément d’un autre règne, les éléments célestes correspondant à des éléments terrestres, l'être humain étant une réplique, à échelle réduite, de l'univers. Mais il ne faut pas lui attribuer cette loi et cette théorie.

Déjà, pour Platon, les réalités sensibles, matérielles, n’étaient que le reflet des Idées, c’est-à-dire d’un monde spirituel.

Puis la pensée mystique chrétienne allait considérer que les formes sensibles, multiples en apparence, sont, en fait, l’écho d’une réalité unique, allait se proposer de retrouver l'unité fondamentale de l'univers derrière la diversité du multiple.

Au Ier siècle, pour Philon le Juif, le cosmos et l’être humain ont capté quelque chose de divin, qui permet à ce dernier de s’y refléter. C’est pourquoi ils sont tous deux des images de Dieu.

Au IIIe siècle, Origène exposa, dans son livre ‘’Des principes’’, une cosmogonie fondée sur l’idée de l’analogie universelle.

Au Ve siècle, saint Cyrille d’Alexandrie estimait que : «Ce qui touche notre main est une figure des choses intellectuelles».

Au VIe siècle, dans sa ‘’Théologie mystique’’, le pseudo-Denys déclara : «Les choses visibles sont des images lumineuses des invisibles».

Au XIIe siècle, Hugues de Saint-Victor, dans son ‘’Commentariorum in hierarchiam caelestam’’, proclamait : «Tous les objets visibles nous sont offerts de façons visibles pour éveiller notre sens symbolique, c'est-à-dire qu'il nous sont proposés, à travers leur transmission figurée, en vue d'une signification des objets invisibles.»

Au XVIe siècle, Cornelius Agrippa considérait que «chaque monde inférieur est gouverné par un monde supérieur et reçoit l'influence de ses forces» ; que «tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut» ; qu’il existe trois sortes de mondes, l'élémental (celui des quatre éléments), le céleste (celui des étoiles), l'intellectuel (celui des démons ou des anges), et chaque inférieur est gouverné par son supérieur et reçoit ses influences ; que la nature est vivante et imprégnée de la vie et de l'esprit du monde, qu’elle est organisée selon l'analogie et les correspondances : «Les os ont du rapport avec la terre, la chair avec l'air, l'esprit vital avec le feu, et les humeurs avec l'eau.»

Au XVIe siècle encore, Paracelse croyait aux «signatures» ou expressions extérieures des vertus cachées des choses, au symbolisme primitif des «correspondances» selon lequel la similitude extérieure de l’aspect d’une plante avec un organe du corps humain permet de conclure à une vertu spéciale de la plante «apparentée» à l’organe.

Au XVIIe siècle, pour Jakob Boehme, le monde était l’expression de Dieu, et la «loi des signatures» voulait que chaque objet du monde réel ait une signification cachée, ces signatures interagissant.

Au XVIIIe siècle, l'illuministe Louis-Claude de Saint-Martin intégra chaque élément concret de l’univers dans un système théosophique à la fois cosmogonique, cosmologique et eschatologique où chaque donnée était toujours saisie dans un ensemble des ensembles ; définissait la démarche analogique et la doctrine des correspondances.

Fut adepte de cette conception le philosophe suédois Swedenborg, pour qui «l'homme intérieur est le ciel sous sa petite forme» et «le ciel est un grand homme», et qui employa aussi le mot «correspondance». Ses oeuvres furent très lues dans la première moitié du XIXe siècle. Ainsi, Balzac se proclamait swedenborgien.

D’autre part, en 1784, dans ‘’Les études de la nature’’, Bernardin de Saint-Pierre voulut écrire une histoire générale de la nature, affirmant son ordre et son harmonie, montrant le jeu des contrastes, des «consonances» entre le végétal, l’animal et l’humain.

Au début du XIXe siècle, l’Allemand Schelling tenta de mettre au point un système qui réconcilierait la nature et l'esprit, les deux versants (inconscient et conscient) de l'absolu, ce qui le conduisit à construire sa «philosophie de l'identité», à émettre cet axiome : «Ce que nous nommons nature est un poème en des signes secrets et mystérieux».

Mme de Staël reprit cette pensée dans un chapitre de ‘’De l’Allemagne’’ (1810-1813) : «L’analogie de chaque partie de I'univers avec I'ensemble est telle que la même idée se réfléchit constamment du tout dans chaque partie et de chaque partie dans le tout.» (III, chapitre 10). Elle en tirait, de façon précise, l'idée des correspondances : «Les analogies des divers éléments de la nature physique entre eux servent à constater la suprême loi de la création, la variété dans I'unité, et I'unité dans la variété. Qu’y a-t-il de plus étonnant par exemple que le rapport des sons et des formes, des sons et des couleurs?»

Hoffmann, dans ses ‘’Kreisleriana’’ (1813-1815), écrivit : «Ce n'est pas seulement en rêve et dans le léger délire qui précède le sommeil, c'est encore éveillé, lorsque j'entends de la musique, que je trouve une analogie et une réunion intime entre les couleurs, les sons et les parfums. Il me semble que toutes cet choses ont été engendrées par un même rayon de lumière et qu'elles doivent se réunir en un merveilleux concert. L'odeur des soucis bruns et rouges produit un effet magique sur ma personne. Elle me fait tomber dans une profonde rêverie, et j'entends alors, comme dans le lointain, les sons graves et profonds du hautbois.» Dans ‘’Le Sanctus’’, il ajouta : «Il m'a toujours

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