Étude du Poème Brise Marine de Mallarmé

Si Baudelaire est marqué par l'inespoir et l'inertie, le motif de la mer chez Mallarmé cristallise son désir d'exil. En effet, le poète exprime dès le premier alexandrin sa lassitude. L'interjection "hélas !" exprime son affliction et sépare le vers en deux. Il exprime dans la première partie un désolément physique par une personnification du corps, qualifié de "triste". Puis dans la seconde partie, un ennui intellectuel, puisqu'il affirme avoir lu "tous les livres" et ne trouve plus d'inspiration, comme le laisse supposer la "blancheur" de son "papier" au vers 10. Mais contrairement à Baudelaire, Mallarmé ne se complait pas dans l'ennui et brûle du désir de partir, comme le témoigne les exclamatives "Fuir ! là-bas fuir !" au vers 2 et "Je partirais !" au vers 9. Les compléments circonstanciels de lieu, incertain ou absent, témoignent de l'insignifiance de la destination, seul compte le départ vers un ailleurs "exotique" au vers 10. Au vers 2, les "oiseaux" symbolisent la liberté vers laquelle tend le poète. Mais à la seconde strophe, cette absolue liberté, cette mer supposée salvatrice revêt un caractère dangereux et destructeur pour le poète. Comme Verlaine, Mallarmé introduit le motif de la tempête dans son poème. Le vers 15 est coupé en quatre par les virgules, créant ainsi une rupture rythmique : les mâts, par synecdoque, les bateaux, symbolisant le désir d'exil du poète, se trouvent en proie à une mer orageuse, à la perdition. Toutefois, au dernier vers, la conjonction d'opposition "Mais" laisse entendre que le poète fait fi du danger inhérent à cette liberté absolue.

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