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Étude du Poème Brise Marine de Mallarmé

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Par   •  12 Mai 2013  •  1 888 Mots (8 Pages)  •  898 Vues

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I) Fuir là bas

1) L'ennui du quotidien

· Dès le v.1 le poète évoque un ennui profond qui englobe tout ce que l'existence humaine peut offrir intellectuellement et physiquement : renoncement aux plaisirs du corps « La chair est triste » c'est à dire qu'il n'y a rien à attendre du plaisir sensuel. La chair est triste parce qu'elle ne suscite aucun plaisir, parce que c'est déjà une chair en décomposition.

« et j'ai lu tous les livres » l'esprit s'ennuie lui aussi parce que la littérature n'a plus rien à lui apporter de nouveau, en tant que lecteur.

On note que la construction de ce vers lui donne une portée considérable, tout d'abord parce qu'il se termine par un point, c'est à dire qu'il s'agit d'un jugement définitif (comme un aphorisme).

On note aussi le rythme dans le 1er hémistiche avec l'exclamation « hélas » qui rompt la régularité du vers et tend à le ralentir.

Noter aussi l'allitération en [ l ].

· Dans la suite du poème, nous relevons une énumération de tout ce que le poète renie. [Pour comprendre ce passage il faut lire les vers 4-6-8 puis le v.5 auquel les trois précédents se réfèrent comme le montre l'énumération « ni...ni »]

Le v.4 commence par l'adverbe « Rien » qui placé en anaphore accentue le refus qui suit. Ce que le texte met en valeur, c'est le vide de la négation. Noter ici la rime interne [jo] vieux/yeux qui associe les deux termes et insiste sur l'idée que l'un est reflété par l'autre + « rien » [rj ]

Puis les v.4/6/8 détaillent tout ce qui n'est pas capable de retenir l'auteur et qui appartient à l'univers quotidien et familier. Ce sont tout d'abord les lieux familiers « les vieux jardins » (à moins que cela n'évoque les idées trop bien connues de l'autre et que l'on voit se refléter c'est à dire se deviner dans son regard) v.4, puis les autres « les yeux » v.4 puis la famille « la jeune femme allaitant son enfant » v.8. Noter à ce sujet l'allitération en [f] (harmonie de l'image).

2) Une fuite en avant

· Face à cet environnement trop bien connu qui n'apporte plus aucune joie, aucune émotion, le poète ne trouve qu'une seule issue : la fuite. C'est ce qui apparaît dès le v.2. dans le premier hémistiche avec le verbe exclamatif « fuir » répété. Le double emploi de l'exclamation donne au vers une tonalité incantatoire. Le départ de trouve de nouveau évoque au v.9 avec le verbe « je partirai » également à la forme exclamative (forte valeur émotionnelle).

· Le poète exprime le désir d'aller vers un ailleurs non déterminé « là-bas ». Cet ailleurs espéré apparaît au début du poème très vague. Dans le second hémistiche du v.2 le poète indique que c'est celui vers lequel « des oiseaux » s'en vont. Tandis que le v.3 évoque « l'écume inconnue » et « les cieux ». Que ce soit le déterminant « des », l'adjectif « inconnue » ou les « cieux » au pluriel cette description nous apparaît volontairement imprécise.

On note cependant l'harmonie de la description avec une assonance en [y] v.3, l'allitération en [m].

On remarque également que la césure intervient au milieu du mot « écume » qui ne fait que renforcer l'impression d'un mélange entre le haut et le bas ciel et mer.

· Au fil du texte cet ailleurs prend une connotation plus exotique et définitivement marine cf. titre « brise marine ». A cet égard les v.9 et 10 évoquent un départ en mer à bord d'un « steamer » le terme anglais remplissant ici plus ou moins une fonction « exotique » v.10.

Le rythme du v.9 par l'allitération régulière en [t] et [r] semble imiter le mouvement de balancement du bateau.

Le v.10 fait appel à un ailleurs stimulant pour l'esprit comme le révèle l'expression « stimulante nature ». On note dans ce vers l'allitération en [l] puis en [n] qui conforte cette impression harmonieuse.

3) Le désir de fuite est tentant mais dangereux

· Dans les v. 13 14, le poète évoque la dangerosité du voyage, « orages » et « naufrages » se trouvant tout de même à la rime. A cet instant le poète doute du bien fondé de son départ. Il évoque ici concrètement l'échec de son entreprise.

· Au v.15 le poète imagine les conséquences funestes de ce naufrage. Il évoque ici la perte de tout point de repère. Les « fertiles îlots » aux connotations doublement positives renvoient à la terre ferme, le lieu où l'on peut jeter l'ancre, reprendre souffle. Quant à fertile sa connotation est à la fois positive et rassurante. De même « le mât » apparaît comme l'ultime point d'appui, celui auquel le naufragé s'accroche en mer. Cependant, tous ces éléments sont refusés au poète par différents procédés grammaticaux de la négation. On note l'emploi de la négation « ni » qui termine l'énumération de tout ce qui est absent ainsi que la répétition de l'expression « sans mât » à la limite du désespoir (le langage en boucle indice de l'émotion dominante). Enfin les points de suspension à la fin du vers allongent le temps de diction et intensifient l'aspect aléatoire de l'expédition.

II) « L'angoisse de la page blanche »

1) Déception intellectuelle et illusion suprême :

· Nous l'avons déjà vu : ce poème s'ouvre par l'aveu d'une déception intellectuelle dans le second hémistiche du 1er vers « et j'ai lu tous les livres ». Il s'agit donc ici d'effectuer une double lecture du poème qui n'évoque pas seulement comme nous l'avons montré le besoin d'un homme

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