Étude de l'ouvrage Des Délits Et Des Peines de César Beccaria: Quels arguments utilise Beccaria pour défendre sa thèse ?

Beccaria, Des délits et des peines, 1764

La rigueur du châtiment fait moins d'effet sur l'esprit humain que la durée de la peine, parce que notre sensibilité est plus aisément et plus constamment affectée par une impression légère mais fréquente, que par une secousse violente mais passagère. Tout être sensible est soumis à l'empire de l'habitude ; et comme c'est elle qui apprend à l'homme à parler, à marcher, à satisfaire à ses besoins, c'est elle aussi qui grave dans le coeur de l'homme les idées de morale par des impressions répétées. Le spectacle affreux, mais momentané, de la mort d'un scélérat est pour le crime un frein moins puissant que le long et continuel exemple d'un homme privé de sa liberté, devenu en quelque sorte une bête de somme ; et réparant par des travaux pénibles le dommage qu'il a fait à la société. Ce retour fréquent du spectateur sur lui-même : « Si je commettais un crime, je serais réduit toute ma vie à cette misérable condition », cette idée terrible épouvanterait plus fortement les esprits que la crainte de la mort, qu'on ne voit qu'un instant dans un obscur lointain qui en affaiblit l'horreur. L'impression que produit la vue des supplices ne peut résister à l'action du temps et des passions, qui effacent bientôt de la mémoire des hommes les choses les plus essentielles.

Introduction

Cesare Beccaria (1738-1794) est un juriste italien, philosophe, économiste et homme de Lettres rattaché au courant des Lumières. Il est très influencé selon ses propres dires par « l’immortel » Montesquieu ainsi que par les encyclopédistes français.

Dans Des délits et des peines, il fonde le droit pénal moderne et développe la toute première argumentation contre la peine de mort, en poursuivant le plaidoyer de Montesquieu pour l’adoucissement des peines. Il considère que la vie étant le bien le plus précieux, ce n’est pas à l’Etat de la retirer, d’autant qu’une telle décision est irréparable quand l’erreur judiciaire est toujours possible et que la peine de mort n’est pas dissuasive.

Lecture

Problématique : Quels arguments utilise Beccaria pour défendre sa thèse ?

Pour répondre à cette question, nous allons étudiez le discours de Beccaria, sa tonalité et son rythme avant d’entrer plus avant dans le contenu et procédés des ses trois arguments.

I. Le discours

A. La tonalité du discours

- La thèse que défend Beccaria est l’abolition de la peine de mort. Pour cela il s’exprime en majorité au présent de narration, et particulièrement le premier paragraphe, sur le ton de la généralité, comme si ce qu’il annonce a valeur de vérité acquise : « La rigueur du châtiment fait moins d'effet sur l'esprit humain » ; « Tout être sensible est soumis à l'empire de l'habitude ».

- En fait, il est important pour Beccaria de faire comprendre son point de vue à ses lecteurs, et d’employer un ton didactique qui lui permet de transmettre par l’explication, d’où les connecteurs logiques « parce que » ; « mais » ; « et comme » ; « aussi ». A travers son discours, il se veut utile Beccaria cherche à convaincre le lecture avec la raison.

B. Rythme du discours

- Ces 3 paragraphes qui correspondent à chacun de ses 3 arguments, sont marqués par des virgules et peu de point. Les phrases sont longues, environ 3 lignes : il s’agit pour Beccaria de développer son discours argumentatif, ce qui du point de vue du rythme donne un effet imposant.

- Cependant, pour rendre son explication plus vivante et plus saisissante, Beccaria va employer le discours narratif en style direct pour appuyer

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