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Woyseck de Büchner

Commentaire de texte : Woyseck de Büchner. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Septembre 2020  •  Commentaire de texte  •  2 037 Mots (9 Pages)  •  409 Vues

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Woyzeck de Georg Büchner

Introduction

Woyzeck, pièce de théâtre inachevée de Georg Büchner a été écrite en 1837 et publiée en 1879. L’inachèvement se trouve d’ailleurs au coeur des multiples analyses de cette pièce qui est l’une des plus jouée du répertoire mondial. Elle est également considérée comme une oeuvre fondatrice de la dramaturgie contemporaine parce qu’elle met en scène un personnage tragique qui appartient à la couche la plus basse de la société. En effet, son héros est un pauvre fou, un déclassé, un marginal, un personnage perdu, qui cherche sa place mais ne parvient pas à communiquer, si ce n’est de manière fragmentaire.

Georg Büchner, son auteur, décédé prématurément à vingt-trois ans, a tiré la fable de cette pièce d’un fait divers tragique. Ce qui caractérise Woyzeck à la première lecture, c’est le sentiment d’une discontinuité dans les dialogues. En effet, les personnages semblent se parler sans s’entendre véritablement. Il y a comme une absence de lien entre eux et chacun profère son discours en dehors d’un véritable échange. Cela contribue à donner une impression de scènes fermées sur elles-mêmes, sans lien entre elles. Ainsi, le spectateur a-t-il l’impression d’y entrer par effraction.

La dramaturgie de Woyzeck est telle que le spectateur se trouve confronté à une série de vingt-sept scènes dans lesquelles les personnages présentent un véritable dialogue de sourds.

Woyzeck, héros éponyme de cette oeuvre inclassable, est un soldat de ville et un pauvre d’esprit. Dès le début de la pièce, il semble en proie à des hallucinations auditives puisqu’il affirme : « ça marche derrière moi, sous moi ». Il est celui dont se moquent le docteur et le capitaine. Il est celui que Marie va trahir presque malgré elle avant de s’en vouloir : « Je suis vraiment une mauvaise créature , je pourrais me poignarder. » Enfin, il est un meurtrier guidé par ses voix qui lui commandent justement de tuer Marie qui l’a trompé avec le tambour-major : « crève-la », lui disent les voix avant que les hallucinations visuelles ne prennent le relais : « Il y a comme un couteau qui me passe entre les deux yeux. »

Le personnage qui, pourtant, donnait un sens à la vie de Woyzeck, c’était bien Marie, et c’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’interpréter ce personnage dans ma scène de bac.

Ce qui est particulièrement intéressant dans cette oeuvre inclassable, c’est le fait que de par l’inachèvement et la fragmentation des scènes, il est tout à fait possible de choisir un axe et d’y glisser sa propre vision de Woyzeck.

C’est pourquoi dans un premier temps, nous analyserons les enjeux dramaturgiques qu’implique cette oeuvre énigmatique et très ouverte, avant de présenter les choix scénographiques qui ont été retenu par notre metteur en scène Renaud-Marie Leblanc .

Développement

Nous avons vu que cette pièce est construite autour de vingt-sept scènes dans une progression narrative assez classique : un soldat nommé Franz Woyzeck découvre que la mère de son enfant le trompe et finit par la tuer.

Autour de cette fable sans grande surprise, gravitent des personnages, et surtout s’instaure une atmosphère qui vont contribuer à donner de Woyzeck l’image d’un être angoissé, fou, aliéné. Cette angoisse est perçue nettement dès la première scène dans laquelle il ressent le silence : « Tout est silence, comme si le monde était mort ».

Il est également un homme rongé par la jalousie lorsqu’il découvre les boucles d’oreilles brillantes de Marie, sentiment d’ailleurs ravivé à plusieurs reprises lorsqu’il la surprend avec son rival et lorsque le capitaine fait allusion aux longue barbes, ce qui est une manière détournée d’évoquer l’infidélité de celle-ci.

Il est enfin un homme humilié par tous : en premier lieu le docteur qui lui annonce qu’il est atteint d’une maladie mentale et se place en homme dominant lorsqu’il lui reproche d’avoir pissé dans la rue - ensuite le capitaine qui parle de lui à la troisième personne en sa présence comme s’il n’existait pas - puis le tambour-major qui l’écrase de sa force physique- enfin et surtout Marie dont il ignore qu’elle regrette son geste.

Si l’on considère tous ces éléments, on voit sans peine que finalement Woyzeck est un homme seul. Il n’a rien à quoi se raccrocher et semble errer dans la ville comme un animal traqué. Où est le sens de tout cela ?

N’est-ce-pas sa folie qui le hante ? mais quelle en est l’origine ? comment mettre en lumière ce qui semble le plus propre à donner du sens à ce personnage ?

Marie, quant à elle, possède également sa part de mystère : mère mais femme légère, ou jeune femme perdue qui cherche un moyen de retrouver un semblant de respectabilité ? On ignore ce qui la travaille, à moins comme le laisse sous-entendre ses hésitations, qu’elle ne soit tout simplement, elle aussi, dans l’incapacité de contrôler sa propre vie?

Marie, en effet, semble agir, comme Woyzeck, par impulsions. Elle se donne au tambour-major sans le vouloir vraiment dans un rapport très animal. Elle le compare d’ailleurs à des animaux lorsqu’elle se laisse séduire : « Le poitrail comme un taureau et la barbe comme un lion ». Ainsi, sa relation brève avec le beau soldat se limite à une attraction animale. Elle cède à sa pulsion, de même que Woyzeck, submergé par les voix qui l’assaillent, cède à la pulsion de meurtre.

Le couple Woyzeck/Marie semble donc au coeur de cette oeuvre singulière qui invite à de multiples interprétations.

De très nombreux metteurs en scène se sont penchés sur Woyzeck et la pièce a parfois été transposée à notre époque, dans un HLM ou encore dans le no man’s land d’une banlieue sordide comme le fit Thomas Ostermeier. Et certains ont choisi d’axer leur mise en scène sur la dimension sociologique en considérant que tout ce qui arrive à Woyzeck est conditionné par ses conditions de vie, lorsque d’autres ont préféré la dimension psychologique , et plus précisément pathologique en mettant l’accent sur la folie du personnage .

C’est le cas de notre metteur en scène Renaud-Marie Leblanc, qui a privilégié

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