Verlaine, Nevermore

« NERVERMORE » DE VERLAINE

Verlaine est avec Baudelaire considéré comme le père du symbolisme. Ce courant littéraire et culturel européen privilégie un sens du mystère, l’idée de correspondances entre les sens, et la lecture du monde et de la nature comme un réseau de symbole. Mais Verlaine est aussi marqué par le courant romantique et il reprend la mélancolie, la solitude, le thème amoureux et le goût de la nature. Enfin, il adopte en partie un troisième courant, celui du Parnasse, caractérisé par un refus des sentiments, une forme poétique assez courte, une grande recherche formelle (rimes, sonorité, rythme), et la conception de la poésie comme une belle description, un objet d’art sculpté. Dans son premier recueil, Les poèmes saturniens, Verlaine hésite entre ces trois options poétiques. Le poème Nevermore, qui est le second poème de la section "Mélancholia", appartient plutôt au style romantique par le souvenir lyrique d’un premier amour qui marque pur la vie entière. L’évocation discrète de la femme aimée et idéalisée et le cadre naturel sont les ingrédients typiquement romantiques d’un poème qui joue sur la réinvention du sonnet.

Dans la mesure où le thème dominant de ce sonnet est la nostalgie que le poète éprouve pour son premier amour, il est légitime de nous demander comment Verlaine traduit cette émotion si particulière de la poésie lyrique ? tout d’abord, nous verons le décor symbolique du premier quatrain avec le thème du souvenir obsédant et de la mélancolie, puis, dans la deuxième partie la scène galante qui anime les deux strophes suivantes. Enfin, dans la dernière partie, nous verrons que l’émotion éclate d'un regret profond, dans le deuxième tercet, grâce notamment aux exclamations redoublées.

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