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Tirade De L'hypocrisie, Molière

Mémoire : Tirade De L'hypocrisie, Molière. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Septembre 2014  •  1 826 Mots (8 Pages)  •  1 599 Vues

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Dom Juan de MOLIERE :

la tirade de l’hypocrisie (Acte V, scène 2)

Introduction:

-Situation extrait :

Don Juan, libertin athée, annonce pourtant sa “conversion” à son valet Sganarelle à la fin de sa dernière entrevue avec Elvire (IV, 7), sa femme qu'il a abandonnée. Ce projet est le fruit des pressions contre lui, que DJ a vues se multiplier au cours de l’Acte IV. Or, cette conversion est mise subitement en pratique au début de l’Acte V, ds la scène de réconciliation avec son père, Don Louis, scène qui constitue un véritable coup de théâtre : le héros y adopte en effet un nouveau langage, celui des dévots, suffisant pour convaincre son père. Cependant, au début de la scène 2 de l'acte V d'où est extrait le passage étudié, DJ révèle la vérité à Sg, qui s’est lui aussi laissé naïvement prendre au jeu de son maître. La tirade de DJ soumise à notre étude se charge d'un double intérêt : dramatique d’abord, car la dévotion n’est qu’une tactique adoptée par DJ pour se mettre à l’abri des représailles ; idéologique ensuite, car DJ est ici le porte-parole de Molière, qui en profite pour régler ses comptes avec le parti dévot, responsable de la cabale contre Tartuffe. Dans cette perspective, il s'agira de montrer comment l'hypocrisie de Don Juan est placée au service d'une critique de la société. D'abord, nous analyserons en quoi le personnage se fait le porte-parole de Molière pour critiquer la société. Ensuite, nous nous intéresserons au projet de Don Juan.

1. La critique de la société

1. La peinture de la société :

- Emploi d’un présent de l’indicatif ambiguë, à la fois présent d’actualité (cf “maintenant” et plus loin “aujourd’hui”), créant alors une opposition avec un passé jugé plus moral, où l’hypocrisie ne régnait pas (satire de l’époque) mais aussi prenant la résonance d’un présent de vérité générale, valable éternellement : cf “C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée” ou “l’hypocrisie est un vice privilégié...”, d’où enracinement de ce vice ds la durée et visée moraliste universelle de Molière (cf goût du XVII° pour les maximes, par ex celles de La Rochefoucault).

- Impersonnalité de la tirade ds cette partie : effacement du “je “ de DJ (sauf un discret “dis-je” au profit de l’indéfini “on” + pronoms indéfinis « chacun » (74), « tous » (73) : portée là encore universelle de la tirade, qui n’apparaît pas comme une expression du seul DJ : Molière, observateur critique des moeurs de son temps, s’exprime à travers lui.

2. L’hypocrisie règne dans la société.

Rhétorique du simulacre régnant en maître ds la soc de l’époque :

- champ lexical du paraître et du simulacre : “grimaces”, “grimaciers” évoquant le masque posé sur le visage de l’hypocrite pour dissimuler son véritable visage, “cacher”, “prétexte”

- Vocabulaire de la traîtrise, du piège : “panneau”, “dupes”, “stratagème”, “intrigues”, “imposture”

- Champ lexical du théâtre : “personnage”, “jouer”, “art”, “je ferai” au sens de “je jouerai le rôle de”, d’où une société devenant spectacle de théâtre, jeu de masques dissimulant la vérité des êtres.

NB : hypocrite signifie étymologiquement le mime.

NB : Procédé de mise en abîme : le théâtre dans le théâtre.

- métaphores de la dissimulation : thème de l’ « habit » -déguisement appuyé par “rhabillé” et prolongé par le “manteau de la religion” + images de l’ “abri” et du “bouclier” (l’hypocrisie protège du regard et donc du jugement négatif d’autrui) ; métaphore péjorative du singe pour confirmer l’idée d’imitation mensongère de la vertu et surtout personnification allégorique de l’hypocrisie elle-même : “un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde,...souveraine.” (lignes 75-78) = un pers puissant, régnant en maître dans la société de l’époque.

3. Dénonciation de la complaisance envers les hypocrites :

- une époque en pleine décadence morale : opposition implicite entre “aujourd’hui”(70), “maintenant”(67) et “de son siècle”(109) + l’expression “un vice à la mode”(68), avec un passé plus respectable, aux valeurs morales plus solides.

- le respect unanime affiché pour les hypocrites :

“un art de qui l’imposture est toujours respectée” (71-72). NB : l’adverbe « toujours »  le respect de « l’imposture » est habituel. Exclut la dénonciation de l’imposture.

soit par crainte (“on n’ose rien dire” ligne 73), soit par naïveté, celle des dévots sincères (“ceux que l’on sait même agir de bonne foi...touchés” 79-81, « dupes » ligne 81) qui “donnent hautement ds le panneau des grimaciers” (82)

- le plus grave est la tolérance de cette hypocrisie même lorsqu’elle est démasquée :

Ex : « et quoiqu’on la découvre » (72) = proposition subordonnée conjonctive

ou « On a beau savoir leurs intrigues et les connaître pour ce qu’ils sont »(88),

NB : Position en tête de phrase mise en valeur.

 d’où une société globalement corrompue, qui apporte appui et “crédit” (89) à ceux qui ne le méritent pas !

- en effet, les hypocrites sont soutenus par de puissants complices : les tenants du parti dévôt, ceux qui ont fait interdire Tartuffe et ne tarderont pas à attaquer Dom Juan = clairement désignés ici par : “les gens du parti”, “la cabale”(96) et “les zélés indiscrets”(105) ; les hypocrites trouvent donc un scandaleux appui chez les tenants officiels de la religion chrétienne, qui se contentent de leur simulacre de foi : cf dvlpt du lexique religieux : “religion”(86), “mortifiés”(90), “intérêts du Ciel”(102), impiété”(104), “damneront”(106)...

4. Le règne de l’inversion des valeurs :

- Faiblesse, complaisance ou complicité envers les hypocrites aboutissent à une

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