Thème Du Voyage Chez Baudelaire

Le voyage dans les Fleurs du mal de Baudelaire, 1857

Le voyage, omniprésent dans le recueil, est la recherche d'un ailleurs, d'un idéal et l'écriture poétique est « capable de construire cet ailleurs, parce qu'elle est imagination constructive » . Ce thème est présent dans tous les poèmes qui évoquent la recherche du bonheur et de l'idéal (L'invitation au voyage, parfum exotique...) mais également dans la toute dernière section du recueil : « La mort » dont le dernier poème « Le voyage » évoque la mort comme un voyage vers l'inconnu.

Le voyage est promesse d'un ailleurs merveilleux et esthétique : Dans L'invitation au voyage,le regard de la femme (Marie Daubrun ) permet ce voyage vers un ailleurs, un idéal hors du temps et de l'espace qui associe sensualité et esthétique. « Dans ce poème, l'écriture poétique construit un univers parfait , harmonieuse synthèse de l'idéal baudelairien et que le refrain du poème énonce : Là tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté ».

Dans La chevelure ; c'est l'odorante chevelure de Jeanne Duval qui emporte le poète vers un ailleurs (« là-bas ») indéfini aux couleurs orientales (« langoureuse Asie, brûlante Afrique ») . La chevelure, métonymie de la femme, est en soi un monde de sensualité et de plaisir, qui par le jeu des correspondances, guide le poète vers un ailleurs, un idéal (« là-bas où l'arbre et l'homme se pâment longuement »/ « un port retentissant où mon âme peut boire à grands flots le parfum, le son et la couleur »). Cet univers rêvé, fantasmatique est fortement marqué par le thème des correspondances.

Parfum exotique évoque également Jeanne Duval dont le parfum transporte le poète vers un monde paradisiaque, exotique et harmonieux : une île, univers clos et rassurant, décrite comme l'Eden, le paradis avant la chute.(l'île est « paresseuse »et les fruits « savoureux ». L' homme a le«corps mince et vigoureux » et la femme a un « regard » dont la « franchise étonne »). L'écriture du sonnet, le jeu des sonorités participent de cette harmonie.

Le souvenir d'une vie antérieure prend également la forme d'un ailleurs, d'un idéal qui reprend les images de la mer, de l'exotisme (« volupté calme », « houles »,« .vagues », « .esclaves nus ») avec une dimension mystique très développée ( « images des cieux », « les « tout-puissants accords »)

Le poème Moesta et Errabunda (triste et errante) présente le voyage comme une fuite ; il s'agit d'échapper à « l'immonde cité », « la boue est faite de nos pleurs »vers la pureté, vers une mer consolante « fonction sublime de berceuse », « la mer,la vaste mer console nos labeurs ». Cette nostalgie de l'océan où « la splendeur éclate » se double du regret du « vert paradis des amours enfantines », évoquant un monde de pureté et de joie innocente.

A la poésie du bonheur succède la poésie du spleen et le dernier poème des Fleurs du mal Le voyage exprime l'idée que notre monde ne peut apporter l'idéal ; il est une éternelle source de déceptions ; c'est donc peut-être seulement dans la mort que l'on peut trouver du nouveau .

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