Synthèse majeure Madame Bovary

Apparue à la fin du XVIIIème siècle en Allemagne, l’œuvre romantique s’oppose à la tradition classique et revendique l’omniprésence de l’auteur à travers ses passions, ses rêveries et par le « je » littéraire. On retrouve ce courant artistique dans l’œuvre de Gustave Flaubert, Madame Bovary, bien que l’auteur s’applique à adopter un regard très critique de la société et d’employer un style terre à terre dans son roman. De fait, dans la période où il écrit ce livre, un nouveau courant littéraire en est à ses prémices, le Réalisme, et Flaubert se devait de s’y inscrire pour acquérir de la notoriété. Ce changement de style lui demande beaucoup de travail car il est avant tout un auteur lyrique. Il dit dans sa correspondance à Louise Colet « Il y a en moi, littérairement parlant, deux bonshommes distincts : un qui est pétri de gueulades, de lyrisme, de grands vols d’aigle, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l’idée ; un autre qui fouille et creuse le vrai tant qu’il peut. » Nous pouvons alors nous demander quelle place tient le romantisme dans cette œuvre. Dans cette optique nous verrons premièrement en quoi le romantisme est présent dans le roman, pour ensuite porter notre attention sur la critique que fait Flaubert de ce style même.

Il y a en effet dans Madame Bovary la présence du romantisme de par ses thèmes mais aussi par la ressemblance frappante des traits romantiques entre l’auteur et le personnage d’Emma. Celle-ci fait preuve d’un profond désir d’évasion du monde ennuyeux dans lequel elle vit et qui l’étouffe, thème récurrent dans l’œuvre romantique. Tout le roman est marqué par cette révolte contre une vie dont Emma ne veut pas, rêvant d’atteindre quelque chose de plus exaltant à Paris. Ce but elle ne l’atteindra jamais, et c’est ici que l’on retrouve une fatalité romantique avec le suicide d’Emma admettant ainsi son échec dramatique. Emma est en effet en tout point semblable à une héroïne de tragédie, dont le destin est fatalement tragique et pour qui la seule issue est la mort.

La jeune femme a quand même tenté de fuir cette vie par l’adultère, elle a alors vécu les émois de la passion. On les retrouve par exemple lors de ses conversations avec Léon et son amour platonique pour lui, le passage où Rodolphe la séduit aux comices, la balade à cheval… Emma est également très portée vers la rêverie, imprégnée des nombreux romans à l’eau de rose qu’elle a lu au couvent. Elle lit aussi des vers de Lamartine à Charles et le bal au château de Vaubyessard a nourri son imagination.

«Madame Bovary, c’est moi !» cette exclamation de Flaubert que l’on retrouve dans ses correspondances à Louise Colet prouve une certaine ressemblance entre lui et le personnage principal du roman. Flaubert fait, tout comme Emma, preuve d’un goût démesuré pour la lecture, notamment pour René de Chateaubriand. Et lui aussi possède ce qu’il appelle son « infini besoin de sensations intenses », Flaubert est un grand rêveur lui aussi. Il est aussi du même avis que son personnage par rapport à la routine de la vie qu’il tente de fuir et c’est en quoi il lui ressemble, «Croyez-vous donc que cette ignoble réalité, dont la reproduction vous dégoûte, ne me fasse tout autant qu’à vous sauter le cœur ? Si vous me connaissiez davantage, vous sauriez

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