Supplément Au Voyage De Bougainville Chap 1

INTRODUCTION :

Denis Diderot est un philosophe des Lumières. Il écrit le conte philosophique Supplément au voyage de Bougainville en 1772. Le Supplément se présente comme une méditation après une lecture. Le texte de Diderot apparaît comme un débat d'idées. C'est une réflexion philosophique sur les questions que Diderot se posait en ce qui concerne les lois naturelles.

En mettant en scène un débat entre un sauvage et un européen, Diderot, grâce à la double énonciation, exprime ses idées philosophiques sur la société dite « civilisée »

L'extrait étudié ici est issu d'un dialogue et prend la forme d'un réquisitoire et critiquant la société Bougainville et plus largement la société occidentale, en faisant, de manière sous-jacente, l'éloge de la vie sauvage. Dans ce texte, la stratégie argumentative repose sur un réquisitoire qui fait un blâme de la société occidentale et l'éloge de la société tahitienne. Diderot mobilise ainsi le mythe de bon sauvage, préoccupation propre aux Lumières.

PLAN :

I/ Un dialogue philosophique

A - Une conversation entre deux intellectuels du XVIIIè siècle

B - Une discussion à visée didactique

II/ Un manifeste (une œuvre) de l'esprit des Lumières ?

A - Le débat météorologique

B - Le portrait de Bougainville en philosophe des Lumières

EXPLICATION :

I/ Un dialogue philosophique

A - Une conversation entre deux intellectuels du XVIIIè siècle

Situation d'énonciation claire : conversation entre A et B, deux intellectuels du XVIIIè siècle

L'espace où se tient cette discussion est impressive :

→ on pense qu'ils se trouvent dehors « cette superbe voûte étoilée » (1)

→ l'époque est désigné : A et B discute du voyage de Bougainville et du récit en 1771 (XVIIIè)

→ On suppose que c'est le matin : mention d'un brouillard qui risque de se lever

Protagonistes désignés par les lettres A et B → ce sont des européens dotés d'un esprit curieux et de grandes connaissances philosophiques. Ils conduisent très bien la discussion sur le Supplément

Anonymat des personnages : permet à Diderot de faire passer ses thèses

A et B apparaissent comme deux personnages contraires :

→ divergence sur le brouillard (5 → 11)

A soutient que le brouillard matinal annonce une journée couverte même si le ciel dégagé de la veille laissait présager une belle journée

B affirme qu'il faut être plus prudent car le brouillard peut encore retomber.

Opposition marquée par des connecteurs logiques : « il est vrai » (7)/« mais » (7), « mais si au contraire » (10)

A annonce une certitude, B apporte un doute « qu'en savez-vous ? » (4) → B se méfie des apparences et des certitudes. Il n'impose pas d'hypothèse et préfère attendre « il faut attendre » (13)

Relation équilibrée entre A et B → nombre identique de réplique

B - Une discussion à visée didactique

Une certaine supériorité de B va s'installer : c'est lui qui a le dernier mot → il est mieux informer puisqu'il est entrain de lire le Voyage de Bougainville.

B est celui qui sait, A endosse le rôle du questionneur.

Questions pertinentes et réfléchis : elles orientent et guident la conversation « je n'entends rien à cet homme là » (18) « que pensez-vous de son Voyage ? » (39)

On a une argumentation qui a un sens critique appuyer sur des raisonnements bien précis.

A et B ont un niveau de connaissances équivalent car le dialogue est basé sur une relative égalité → débat d'idées entre deux thèses opposées qui ne devient jamais polémique (absence de rapport de force)

A représente le lecteur et B représente Diderot car il défend les idées des Lumières, il est porte-parole des idées de Diderot.

A et B incarne la figure du lecteur qui est invité à exercer un regard critique.

Cet incipit est un dialogue philosophique : il implique le débat sur la diversité des points de vue : A et B n'impose pas leurs idées au lecteur, il le laisse se forger les siennes. Ce

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