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Soins de berger français

Thèse : Soins de berger français. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Octobre 2013  •  Thèse  •  1 686 Mots (7 Pages)  •  989 Vues

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La pastorale française

La pastorale, en tant que littérature pastorale dans son ensemble, remonte à la tradition bucolique grecque, illustrée par les Idylles de Théocrite, et latine, représentée essentiellement par les Bucoliques de Virgile. Elle a pour objet le tableau de la campagne, des mœurs et des habitudes, considérées comme paisibles, de ses habitants, les scènes de leur bonheur et de leurs chagrins domestiques, les épisodes caractéristiques de leurs affections ou de leurs rivalités, transposés à une époque, idéalisée, non corrompue par la civilisation. La composition pastorale est donc une œuvre dans laquelle est visée la représentation des beautés champêtres. Cette littérature réclame une place intermédiaire parmi les genres. En effet, il ne s’y affirme aucune prédominance essentielle et régulière de la forme de l’expression ni de la forme du contenu. Ces compositions peuvent se présenter sous trois formes différentes : la forme épique, la forme dramatique et la forme mixte. La forme est épique quand le poète parle lui-même comme sujet de l’énoncé ; elle est dramatique quand le poète s’efface pour laisser parler les personnages ; elle est mixte quand, tour à tour, le poète parle lui-même et fait parler les acteurs.

Le caractère propre à la pastorale française, dès ses débuts , c’est-à-dire en fait depuis les troubadours et les trouvères, jusqu’aux poésies sophistiquées de la Renaissance, a été révélé par les travaux de N.H. Clément, Noël Dupire, Émile Egger, Mia I. Gerhardt, Alice Hulubei et Anton Weidinger. Dès l’origine de la pastorale, le personnage du berger heureux mais naïf, la noblesse de son existence et la pureté de ses émotions se retrouvent dans une grande variété de poèmes. À telle enseigne qu’Alice Hulubei observe, dans son ouvrage sur L’églogue en France au XVIe siècle. Époque des Valois (1515-1589) (Paris : Droz, 1938), que « les passages se ressemblent au point de donner l’illusion qu’ils ont été composés par la même personne » (p. 127). Peu à peu furent ajoutés l’allégorie, le thème de l’Âge d’or, l’évocation de funestes augures et des allusions mythologiques. Aussi vit-on, surtout au XVe siècle, se développer deux genres pastoraux : la pastorale virgilienne, plus sophistiquée et artificielle, et la pastorale alexandrine qui évoque la simplicité rustique des idylles de Théocrite.

Mais l’avènement de la véritable poésie pastorale en France date du XVIe siècle. L’école de Ronsard, éprise de l’Antiquité, devait nécessairement imiter la bucolique grecque. Le chef de l’école crut avoir rendu l’esprit de Théocrite dans ses idylles, comme il était persuadé que la Franciade était l’ Énéide de la France. Le poète de ce temps le plus fidèle à la tradition pastorale fut toutefois Jean Vauquelin de la Fresnaie. Celui-ci est l’auteur des Foresteries (1555), premier recueil de poésie bucolique française conforme aux goûts et aux principes de la Pléïade, et d’ Idilllies et pastoralles (1560, publiées vers 1605). Les foresteries sont constituées de 24 poèmes, au cadre assez vague, mais où la forêt française se superpose à la campagne de Théocrite et de Virgile tout en la dominant. Le poète, dans une atmosphère reposante, évoque les amours de bergers, bergères, nymphes et satyres(voir l’ « Introduction » de Marc Bensimon, pp. VII-XXVIII à son édition : Genève : Droz ; Lille : Giard, 1956). En 1560, il compose les Idillies et pastoralles, deux livres de brefs poèmes, le premier chantant en vers tendres les amours de Philanon (lui-même) et de Philis (son épouse, Anne de Bourgueville), le second des amours d’autres bergers. Ces poèmes sont nourris des Lusus de Flaminio et de Navagero, de l’ Arcadia de Sannazar, de l’ Aminta du Tasse. Dans la préface du recueil, il assigne à la pastorale non un but didactique, allégorique, mais de divertissement : « les vers, que les uns appellent Bucoliques, les autres Æglogues et les autres Idillies : lesquelles ne se lisent pas pour apprendre les façons et les mœurs des Pasteurs villageois, mais pour le plaisir et la recreation d’y voir naifvement représentée la Nature en chemise » (Paris : Travers, t. II, p. 443).

Les auteurs de l’époque suivante emboîtèrent le pas à Ronsard, à Vauquelin et à Rémy Belleau. Au sortir de guerres civiles et religieuses, le public, content de se reposer l’esprit dans la peinture de mœurs plus douces et plus calmes, dévora l’ Astrée, roman pastoral d’Honoré d’Urfé, inspiré d’œuvres romanesques italiennes comme l’Arcadia (1504) de Sannazar. Racan, Segrais, Mme Deshoulières, avec plus ou moins de grâce, suivirent les traces d’Honoré d’Urfé. Quant aux pastorales de La Motte-Houdard et de Fontenelle, elles témoignent jusqu’où peut aller l’artifice dans un genre qui était censé se distinguer d’abord par la simplicité, le naturel et la vérité. Ainsi, Fontenelle présente son Endymion comme une « pastorale héroïque » (représentée par l’Académie royale de musique en 1731) alors qu’il s’agit plutôt d’un petit opéra divertissant sur les amours du berger Endymion et de la déesse Diane, à la gloire des plaisirs que le dieu Amour dispense (in : Recueil

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