Selon vous, quel personnage s'impose le plus par sa parole, Tartuffe ou Alceste ?

Littérature

Selon vous, quel personnage s'impose le plus par sa parole, Tartuffe ou Alceste ?

        Commençons d'abord par présenter les deux personnage. Tartuffe est un de personnages principaux de la pièce Le Tartuffe ou l'Imposteur écrite en 1669 par Molière. Il représente le fourbe par excellence, l'hypocrite. C'est un faux dévot,  un faux ami, mais un vrai escroc. Il s'immisce au sein d'une famille pour en perturber le fonctionnement interne en séduisant le maître de maison : Orgon. Au cœur de la pièce à laquelle il donne son nom, Tartuffe n'apparaît pourtant que dans dix scènes sur trente et une.

Quant à Alceste, il est le personnage principal de la comédie Le Misanthrope de Molière, datant de 1666. Il déteste l'humanité car il trouve les hommes hypocrites, plein de compromissions. Pourtant, il est amoureux d'une femme coquette et médisante : Célimène. Il apparaît dans vingt-trois scènes sur vingt-neuf.  

Nous allons nous demander qui, de Tartuffe ou d'Alceste, est le personnage qui s'impose le plus par sa parole. Le verbe « s'imposer » a plusieurs sens : cela peut vouloir dire « se faire accepter de force quelque part », « faire reconnaître ses qualités, ses valeurs, son autorité », et aussi « triompher, obliger au respect ». Nous nous intéresserons d'abord à Tartuffe, nous verrons si il arrive à s'imposer par la parole et asseoir son autorité, si oui, comment. Ensuite, nous nous pencherons sur le cas d'Alceste, et nous examinerons si, de même, sa parole fait autorité. Pour finir, nous comparerons les deux personnages afin de déterminer lequel possède le plus d'influence sur les protagonistes évoluant autour de lui.  

        Tartuffe fait figure d'autorité pour deux personnages : Mme Pernelle et son fils Orgon. Tous les deux accueillent Tartuffe, le prennent en exemple, et le considèrent pratiquement comme un saint. Mme Pernelle dit de lui à la scène 1 de l'Acte I « C'est contre le péché que son cœur se courrouce, Et l'intérêt du Ciel est tout ce qui le pousse ».  Orgon particulièrement lui voue un véritable culte, et le préfère à sa propre famille : dans la scène 2 de l'Acte I, il ne cesse de demander des nouvelles de Tartuffe, plutôt que de sa femme et ses enfants. Mais Mme Pernelle et Orgon sont les seuls sur lesquels Tartuffe a de l'emprise. Pour tous les autres personnages, qui sont Elmire (la femme d' Orgon), Damis et Mariane (le fils et la fille d'Orgon), Dorine (la servante), Cléante (le beau frère d'Orgon) et pour finir Valère (l'amant de Mariane), il est clair que Tartuffe est un menteur. D'ailleurs, ces personnages vont s'allier contre Tartuffe car ils ne l'aiment pas et veulent le voir hors de la maison.  Pour le spectateur, Tartuffe est présenté de deux manières très différentes, et si toutes les discussions parlent de lui, le personnage n'est pas encore apparu dans la pièce. Le spectateur est donc intrigué par Tartuffe, qui s'est déjà imposé comme un personnage très important même s'il n'a pas fait son entrée sur scène.  Dans la scène 2 de l'Acte III, Tartuffe fait son apparition, et dès la scène 3, le public se rend compte de l'imposture de celui ci, car il essaie de séduire Elmire : « J'aurai toujours pour vous, ô suave merveille, Une dévotion à nulle autre pareille » ! Damis va alors prévenir son père. Mais c'est là que le pouvoir des paroles de Tartuffe s'impose : son discours est celui d'un humilié, d'un martyr persécuté par une famille qui le déteste. Il joue si bien son rôle que Orgon  déshérite son fils et fait de Tartuffe son nouvel héritier.  Par ses paroles, l'hypocrite a fait en sorte qu' Orgon, aveuglé par son admiration, lui donne plus de pouvoir qu'avant.  

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