Rêve Et Publicité

Les trois auteurs de ce corpus, Michèle Jouve, Frédéric Beigbeder et Georges Perec s'accordent sur le fait que la publicité est vendeur de rêves. L'affiche publicitaire pour l'eau de parfum Miss Dior Chérie vient d'ailleurs renforcer cette idée. En effet, selon Michèle Jouve, la publicité est représentée comme un rêve car elle revêt les même caractéristiques. Celui qui regarde une publicité est donc censé être comme dans un rêve, avoir les mêmes sensations que dans un rêve endormi et éveillé. Michèle Jouve apporte une explication à cela, et affirme qu'en effet, la publicité a pour fond un idéal qui nous fait rappeler le rêve éveillé, mais elle est fictive comme pour le rêve endormi. L'idée, donc, que la publicité emprunte les même schémas et ingrédients que le rêve est renforcée. Michèle Jouve ajoute que pour les deux, il n'y a pas toujours de réalisme et de cohérence, comme le souligne Georges Perec dans Les Choses, où il met en scène un couple avec le rêve irréalisable de refaire à neuf leur appartement, d'abord par manque de volonté, puis par manque de moyens. Toujours selon Michèle Jouve, dans la publicité comme dans le rêve, on retrouve une condensation du temps, une projection dans l'avenir, une déformation des êtres et des choses, et une utilisation des «clefs» que sont les symboles. Tout est fait pour qu'une publicité nous fasse rêver. Dans son roman 99 francs, Frédéric Beigbeder met en avant cette idée par le personnage d'Octave, qui explique que la publicité laisse paraître un monde idéal avec un «ciel toujours bleu», des «nanas jamais moches, un bonheur parfait, retouché sur Photoshop». Cette même idée revient dans la publicité pour le parfum Miss Dior Chérie, qui nous laisse croire qu'avec ce produit on accède à un univers de luxe, de liberté et d'affection. C'est alors que nous pouvons nous demander quels sont les bons instruments pour la réussite d'une publicité, pour que celle-ci arrive à faire vendre un produit en jouant sur le rêve ?

Dans la publicité de Dior, tout se rapporte au luxe, à la jeunesse et à la liberté. D'abord le luxe est représenté par la Rolls Royce et la maison du style néoclassique à l'arrière plan, sans oublier les chaussures Dior. La jeunesse est ensuite évoquée par la mention «Miss» et la jeune femme. Enfin, la les cheveux lachés de cette dernière, et les chaussures qu'elle porte dans ses mains rappèlent la liberté. Le décors pour le visuel joue donc un rôle majeur. Le personnage d'Octave dans 99 francs nous le rappèle en expliquant qu'il pollue l'univers. Il s'agit là d'une pollution visuelle, car en réalité il «vend de la merde» (sic). Ce n'est néanmoins le seul instrument pour la réussite d'une publicité. En effet, Frédéric Beigbeder sous entend d'abord, qu'il faut créer de la frustration. Il utilise pour cela, les termes «je l'aurai déjà démodée», «je m'arrange toujours pour que vous soyez frustré» ou encore «vous faire baver, tel est mon sacerdoce». Georges Perec rejoint cette idée avec ses deux personnages qui rêvent d'«abattre les murs, susciter des couloirs, des placards» de leur appartement, mais qui par manque de volonté et de moyens, ne pourront jamais réaliser ce projet. Les deux personnages sont

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