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Références Sujet a Lheure Du Numerique Peut On Imaginer Une Société Sans Objets ?

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Par   •  12 Mars 2015  •  2 159 Mots (9 Pages)  •  1 162 Vues

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Référence 1 : Emile Zola ; « Nana »

Nana, jeune courtisane et actrice, est entretenue par le comte Muffat qui l'a installée dans un hôtel particulier richement meublé.]

Nana n’ouvrait le grand salon, du Louis XVI trop riche, que les soirs de gala, quand elle recevait le monde des Tuileries ou des personnages étrangers. D’habitude, elle descendait simplement aux heures des repas, un peu perdue les jours où elle déjeunait seule dans la salle à manger, très haute, garnie de Gobelins, avec une crédence monumentale, égayée de vieilles faïences et de merveilleuses pièces d’argenterie ancienne. Elle remontait vite, elle vivait au premier étage, dans ses trois pièces, la chambre, le cabinet et le petit salon. Deux fois déjà, elle avait refait la chambre, la première en satin mauve, la seconde en application de dentelle sur soie bleue ; et elle n’était pas satisfaite, elle trouvait ça fade, cherchant encore, sans pouvoir trouver. Il y avait pour vingt mille francs de point de Venise au lit capitonné, bas comme un sopha. Les meubles étaient de laque blanche et bleue, incrustée de filets d’argent ; partout, des peaux d’ours blancs traînaient, si nombreuses, qu’elles couvraient le tapis ; un caprice, un raffinement de Nana, qui n’avait pu se déshabituer de s’asseoir à terre pour ôter ses bas. À côté de la chambre, le petit salon offrait un pêle-mêle amusant, d’un art exquis ; contre la tenture de soie rose pâle, un rose turc fané, broché de fils d’or, se détachaient un monde d’objets de tous les pays et de tous les styles, des cabinets italiens, des coffres espagnols et portugais, des pagodes chinoises, un paravent japonais d’un fini précieux, puis des faïences, des bronzes, des soies brodées, des tapisseries au petit point ; tandis que des fauteuils larges comme des lits, et des canapés profonds comme des alcôves, mettaient là une paresse molle, une vie somnolente de sérail. La pièce gardait le ton du vieil or, fondu de vert et de rouge, sans que rien marquât trop la fille, en dehors de la volupté des sièges ; seules, deux statuettes de biscuit, une femme en chemise cherchant ses puces, et une autre absolument nue, marchant sur les mains, les jambes en l’air, suffisaient à salir le salon d’une tache de bêtise originelle. Et, par une porte presque toujours ouverte, on apercevait le cabinet de toilette, tout en marbre et en glace, avec la vasque blanche de sa baignoire, ses pots et ses cuvettes d’argent, ses garnitures de cristal et d’ivoire. Un rideau fermé y faisait un petit jour blanc, qui semblait dormir, comme chauffé d’un parfum de violette, ce parfum troublant de Nana dont l’hôtel entier, jusqu’à la cour, était pénétré.

Référence 2 : Marie Piquemal ; « Ils ont décidé de vivre avec cent objets », Libération, 16 août 2010.

A-t-on besoin d'avoir toujours plus pour être heureux ? L'interrogation n'est pas nouvelle, certains se la posent depuis belle lurette mais la crise aidant, elle revient en force. Et inspire ici et là des actes de rébellions. Ce challenge des 100 objets en est un, comme l'explique Sophie Dubuisson-Quellier, chercheur au CNRS et à Sciences Po. «C'est une forme de militantisme. Avec un but précis : Porter un message sur la place publique. Vivre avec 100 objets, cela tient presque du slogan. Ça parle aux gens tout de suite...»

Définir les objets prioritaires amène à des questions existentielles du genre : faut-il se limiter en livres ? En sous-vêtements ? Et que faire du canapé du salon ? Dave a décidé d'exclure tous les «biens partagés» (lit, table de la salle à manger...) pour ne décompter que les objets strictement personnels. En s'accordant quelques libertés comme pouvoir changer un objet par un autre. Ou compter les caleçons dans un même groupe, comme un seul objet. Idem pour les chaussettes.

Un peu trop facile au goût de Colin, beau gosse baroudeur, qui raconte sur son blog, photos à l'appui, comment il a réussi à tomber à 72 puis 51 objets, pour être libre comme l'air et déménager à la vitesse de l'éclair. Dans son règlement, précise-t-il, les lunettes de vue et son étui ne font qu'un, le papier toilette et la nourriture ne comptent pas.

Plus pragmatique, le blog de Rowdy Kittens propose des conseils pratiques pour décrocher en douceur: «commencer petit, en donnant par exemple dix objets par semaine à une association caritative», «fuyez les galeries marchandes» et «les pubs à la télé» pour ne pas être tenté. Autre moyen de résister : se répéter chaque fois que nécessaire que «moins d'affaires simplifie le ménage» et que «le désordre est une forme de procrastination».

Sur sa liste, la blogueuse ne compte tout de même qu'un seul objet pour ses élastiques à cheveux. Elle affirme que «le challenge des 100 choses peut paraître arbitraire mais au fond, c'est un bon exercice. Il nous oblige à faire l'inventaire de tout ce qu'on a, nos buts dans la vie. Le plus gros défi est de décider ce qui compte et ce qui ne compte pas.»

Caracolent en tête des objets indispensables : l'ordinateur portable, le wi-fi, MP3 et autres disques durs. «Ce grand écart entre un mode de vie dépouillé et un usage avancé des nouvelles technologies peut sembler paradoxal, reconnaît Sophie Dubuisson-Quellier. Mais pour eux, cela ne l'est pas du tout: les militants anti-consuméristes ont des pratiques très développées en matière d'usage des nouvelles technologies. C'est en accord avec leur objectif que de faire passer un message le plus largement possible».

Pour la sociologue Anne Chaté, aussi, «mettre dans sa liste un ordinateur est tout à fait défendable. C'est comme pour un régime minceur. Il vaut mieux des habitudes alimentaires saines qu'un régime sévère qui débouche sur des frustrations et des excès. Il vaut mieux une modération... modérée.»

Le 100 thing challenge n'est qu'un défi du genre. On en trouve à la pelle sur la toile, cheminant de blogs en blogs, de Facebook à Twitter, se revendiquant du courant de la «simplicité volontaire» bien ancré aux Etats-Unis...

Certains parviennent jusque dans les colonnes des journaux, indépendamment du nombre de personnes concernées d'ailleurs. Si le défi des 100 objets n'a pas trouvé d'écho, pour l'heure, en France, d'autres initiatives s'exportent bien : la journée mondiale sans achat («Buy not day»), ou le freegan, qui consiste à consommer le moins possible en récupérant les aliments encore consommables dans les poubelles des magasins.

«Il est important de distinguer

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