Rédaction sur Elie Wiesel

Dans les années 40 du vingtième siècle, l’Europe est dans la guerre éclatée par Hitler. Des millions de personnes meurent et encore des millions, ceux dont  l’origine ethnique, les croyances religieuses ou la vision humaniste ne sont pas acceptées par le régime de nazi, passent  par les camps de concentrations. L’écrivain hongrois, Elie Wiesel (1928-2016), est un survivant de deux camps dont les détenus étaient confinés dans les conditions très difficiles. Dans son témoignage La nuit publiée en 1958, il partage aux lecteurs son expérience effrayante vécue dans Auschwitz et Buchenwald, deux centres de détention de grande taille. Dans un extrait en particulier (p.104-106), Elie Wiesel dresse un portrait du maître de son block et, par la suite,  partage ses émotions vécues lors de sa visite chez le dentiste. Dans un premier temps, le narrateur décrit son séjour dans le bloc des musiciens. Dans un second temps, il rend palpable sa détresse psychologique lors de la rencontre avec le dentiste et donne la description minutieuse de ce dernier.  

D’abord, dans la première partie de l’extrait (l.1-19), Elie Wiesel décrit l’ambiance du bloc des musiciens et son entourage. Ainsi, dans les lignes suivantes « Un homme jeune au visage étonnamment vieilli » (l.6-7), c’est avec une antithèse que le narrateur met en opposition la jeunesse d’Alphonse et son visage qui parait très vieux. Ce qui ressort de ce passage, c’est plutôt une émotion du respect d’Elie Wiesel à l’égard de son maître qui, malgré son jeune âge, dirige le bloc. De plus, le narrateur éprouve une telle émotion, parce que la raison pour laquelle Alphonse parait plus vieux que son âge lui semble évidente car, tout au long de sa vie en bloc de survivants, ce dernier était plusieurs fois le témoin de la souffrance et de la mort des détenus. Ensuite, la gradation ascendante « il organisait une “chaudière” de soupe pour les jeunes, pour les faibles, pour tous ceux qui rêvaient plus d’un plat supplémentaire que de liberté » (l.9-12) se traduit par la frustration d’Elie Wiesel envers la perte d’espoir  chez certains détenus dans le bloc. Ce qu’illustre le narrateur par cette gradation, c’est un choc émotionnel chez Elie Wiesel provoqué par ces gens, pour qui le repas devient plus important que la liberté. Plus encore, le narrateur est frappé par la manière de traiter les détenus dans le camp. Effectivement, lorsque quelqu’un appelle Elie « A-7713 » (l.15), il répond « C’est moi » (l.16). En fait, cette substitution possède un caractère très symbolique car, peu importe leur noms, les prisonniers partagent le même destin. Mais, Elie finit par intérioriser cette façon du traitement et, après quelque temps, réagit à son numéro, c’est comme si c’était son nom, ce qui signifie que son état psychologique se transforme au fur et à mesure. Enfin, l’ellipse « Après manger. Sans faute » (l.19), par l’omission de quelques mots, redonne plus de force et de la brutalité à la phrase. Ce qui en ressort aussi, c’est la mésestime par rapport à Elie chez la personne qui s’adresse à lui d’une telle manière. Encore, cela se traduit par un désespoir chez les détenus qui se manifeste entre autres par leur refus de se communiquer correctement en partageant le respect réciproque. Bref, dans la première partie de l’extrait, le narrateur décrit les conditions épouvantables de l’existence des prisonniers et sa douleur émotionnelle causée par l’absence d’espoir chez ces derniers.

Ensuite, la deuxième partie de l’extrait est consacrée à la transition psychologique d’Elie pendant sa visite chez le dentiste. Alors, c’est avec la comparaison « Juif originaire de Tchécoslovaquie, le dentiste avait un visage qui ressemblait à un masque mortuaire » (l.25-27) que le narrateur met en parallèle l’apparence du visage de dentiste avec un masque de mortuaire. Ce qui ressort de ce passage, c’est surtout le sentiment de la peur du personnage à l’égard de ce docteur parce que, pour Elie, cela paraît irrationnel et incompréhensible, pourquoi le docteur, qui est en fait a la même nationalité que lui, désire de prendre son dernier objet de valeur. Aussi, cette comparaison avec le masque fait une référence directe à la mort. En effet, bien que la clientèle du docteur soit toujours considérée en vie, son destin est déjà prédéterminé. De plus, une hyperbole dans les lignes suivantes « c’était une vision horrible de dents jaunes et pourries » (l.27-28) sert à exagérer un état affreux de dents du docteur. Cette hyperbole met en lumière une émotion d’aversion chez Elie à l’égard du docteur et de son travail horrible. Également, avec la même figure de style, le narrateur illustre le non-respect du docteur envers lui-même car, malgré qu’il soit dentiste, il ignore l’importance de l’hygiène dentaire. Puis, le paradoxe « Je n’éprouvais aucune pitié à son égard. J’étais même heureux de ce qui lui arrivait : je sauvais ma couronne en or » (l.54-56) attire l’attention au sentiment du bonheur d’Elie à l’égard de destin du docteur. Notamment, l’absence de la pitié chez le narrateur envers le dentiste s’explique aussi par le fait que ce dernier est quelque peu aussi le prisonnier car, entouré par les personnes déprimées, il fait son travail dans un espace clos et dégoutant. Ainsi, on confirme le changement d’état psychologique d’Elie car, pour lui, sa couronne en or a beaucoup plus de valeur que la vie humaine. Enfin, le champ lexical de la faim « pain » (l.57), « assiette de soupe » (l.58), « bout de pain rassis » (l.59), « l’estomac affamé » (l.61) accentue le changement des valeurs chez le narrateur. Maintenant, il ne veut que manger, il ne s’intéresse plus à rien, il a besoin seulement de son assiette de repas. Ainsi, le narrateur rend palpable la déshumanisation des prisonniers due au génocide. Donc, on constate qu’Elie Wiesel traverse une période de changement psychologique et de la révision de ses valeurs, car il s’intéresse davantage aux ses besoins généraux qu’aux valeurs fondamentales de l’existence humaine.

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