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Roman Pierre et Jean

Fiche de lecture : Roman Pierre et Jean. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Octobre 2014  •  Fiche de lecture  •  2 123 Mots (9 Pages)  •  1 592 Vues

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En 1888, Pierre et Jean est édité en un seul volume après avoir été publié dans des pèriodiques : Guy de Maupassant est déjà un écrivain reconnu, son nom est connu de ses contemporains. En dehors de contes (Contes de Guerre, Contes de la Becasse), de poèmes et de nouvelles comme Boule de suif, qui l'ont rendu célèbre, il est l'auteur de poésies, de pièces de théâtre et d'études. C'est en 1887, à la fin de sa vie, qu'il écrit Pierre et Jean, animé par l'ambition d'illustrer sa conception personnelle du naturalisme.

Le personnage principal de l'oeuvre, Pierre, "souvent aux prises avec ses pulsions devient au paroxysme de l'aliénation un monstre". On peut donc dès lors se demander dans quelle mesure cette citation caractérise-t-elle le personnage de Pierre et en quoi ce personnage bivalent reprend il les principales caractéristiques de l'expression naturaliste que Maupassant a tenu à illustrer dans ce roman. Pour ce faire, nous étudierons dans une première partie le caractère tourmenté de Pierre dans cette oeuvre puis nous verrons en quoi la métaphore du monstre peut affilier ce héros à un personnage naturaliste.

Ce roman tourne autour d'un axe principal, celui de la rivalité entre deux frères, Pierre et Jean, qui ne cesse d'augmenter au fil des jours. Ainsi, Maupassant reprend un des mythes de la civilisation judéo-chrétienne opposant deux frères et détruisant par la même occasion la fraternité. En effet, ce thème est parfaitement illustré dans la genèse de la Bible où Caïn et Abel, les deux fils d'Adam et Eve, sont animés d'une rivalité, les conduisant même jusqu'à la mort d'Abel. La mort d'un des deux frères n'apparait pas dans ce roman, toutefois, la base de leur rivalité semble être de même fondement : on retrouve ainsi la jalousie de l'aîné envers son cadet liée à un sentiment d'injustice. en effet, Pierre pris d'"une vague jalousie, une de ces jalousies dormantes qui grandissent presque invisible", dès son plus jeune âge, "avait regardé avec une hostilité de petite bête gâtée cette autre petite bête apparue tout à coup dans les bras de son père et de sa mère, et tant aimée, tant caressée par eux" (Chap I, l89-98). La nauissance de Jean apparait dès lors comme un élément perturbateur au bien être de Pierre, qui déjà tourmenté par un manque affectif, commence à focaliser son esprit sur un sentiment d'injustice. cette rivalité grandissante avec Jean tourne même au duel et à la confrontation singulière des deux frères. Ainsi, dans le premier chapitre, nous assistons à une lutte acharnée à la rame sous l'oeil attentif de M. Roland qui prend un rôle d'arbitrage et les regards spectateurs de Mme Roland et de mme Rosémilly. De ce duel acharné, Jean sort vainqueur dans la gloire et dans l'honneur, quant à Pierre, il se contente d'une honteuse seconde place renforçant son amertume et le mépris envers sont cadet qui le ridiculise.

Si la rivalité de Pierre avec son frère est l'une des sources de ses tourments, il n'en est pas moins de sa dualité dont il prend conscience. En effet, Pierre Roland est double, comme habité d'une part d'inconnu à laquelle il ne peut échapper. Cette dualité nous apparait clairement au chapitre II de par l'introspection "il se sentait mieux, content d'avoir compris, de s'être surpris lui-même, d'avoir dévoilé l'autre qui est en nous". Ainsi, le pronom "nous" souligne un problème d'identité du personnage qui n'est pas apte à être lui même en toute situation et se laisse balancer entre deux aspects de sa personne. Cette dualité est la source des ses tourments qui sont cependant atténués de par la qualification professionnelle de Pierre. En effet, à la fin du XIX ème siècle, la médecine s'ouvre à l'étude des affections mentales. C'est pourquoi, Pierre qui a étudié dans cette filière et a obtenu son diplôme de docteur, est dans la capacité à analyser son propre fonctionnement psychologique, mettant ainsi d'autant plus en relief la dissociation des deux parties de lui-même : d'un côté le docteur qui consulte, de l'autre, le patient osculté, lui accordant une bivalence de sa personne, totalement différente d'un instant à l'autre. Ce docteur qui change de visage à longueur de temps tel un véritable caméléon, se trouve embarqué dans une spirale, un cercle vicieux, où il ne peut échapper à sa dualité, au balancement incessant des deux aspects de sa personne.

Cette connaissance médicale atténue les angoisses de Pierre et lui donne l'illusion qu'il se maîtrise. Toutefois, Pierre est en personnage en proie à des pulsions qu'il ne peut contrôler. En effet, ce docteur, malgré la volonté d'être mené par son intelligence perd souvent le contrôle de ses faits et gestes. Ainsi, il subit un phénomène d'aliénation et devient une personne étrangère à lui même. Dominé, Pierre assiste passivement à un scénario de sa vie sur lequel sa volonté n'est pas prise en compte. Cette perte de contrôle s'accompagne de nombreuses hallucinations, de rêves cauchmardesques comme on peut le remarquer au chapitre IV : "Pierre avait ouvert les yeux et regardait, surpris d'être là, réveillé de son cauchemar" (l 493-494). Ce héros ne sait plus vraiment qui il est, sa mémoire lui échappe, sa vie lui glisse entre les mains, sans rien pouvoir y faire, il subit. Plus les évènements s'enchainent, plus la perte de controle s'installe, c'est ainsi que le lecteur assiste à un phénomène d'aliénation en constante croissance. En effet, Pierre semble tout d'abord avoir des difficultés à chasser de son esprit la jalousie qu'il endure envers son frère puis vient s'additionner l'idée fixe de l'héritage de Jean qui le hante et surtout trouble la logique de son esprit. C'est à ce moment du roman que le doute s'installe en Pierre, toutes sortes de questions déferlent sur sa personne l'empéchant de se dominer. Obsédé par la faute d'adultère commise jadis par sa mère et ayant progressé dans son enquête, Pierre atteint au fil des chapîtres son "apogée" et devient le représentant de l'aliénation à son paroxysme.

En proie à des pulsions qu'il ne peut contrôler, Pierre est de plus en plus soumis à une rivalité quotidienne avec son frère, Jean. Maupassant nous décrit un personnage tourmenté, méchant, cruel, présentant des vices et des défauts. Il élabore donc

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