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Roberto Zucco Analyse Scène Final

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Par   •  27 Février 2014  •  2 554 Mots (11 Pages)  •  2 749 Vues

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Introduction :

Dernière scène de la pièce, « Zucco au soleil » fait directement suite à l’arrestation du personnage, et renvoie à la première scène : on retrouve la prison de cette première scène, il s’agit là encore d’une évasion, mais définitive cette fois, puisque nous assistons à la mort de Zucco. Cette scène est directement inspirée par un fait réel : Roberto Succo s’est effectivement réfugié pendant un long moment sur le toit de la prison où il était enfermé. Devant les journalistes et les photographes, il a nargué les autorités, avant de se blesser en tombant. Mais ce n’est que plus tard qu’il s’est suicidé, une fois revenu à l’asile psychiatrique. Koltès avait été très impressionné par cet épisode, et il en fait ici l’aboutissement de la pièce : dans cette dernière scène, la mort du personnage ne peut que coïncider avec son héroïsation.

I La représentation comme cérémonie

La lecture de la scène nous permet rapidement de comprendre que cette scène n’a de force véritable que dans le cadre de la représentation : le texte des personnages n’est ici qu’un élément et toutes les ressources du théâtre doivent s’ajouter à lui pour que cette scène atteigne son but : faire voir l’apothéose de Zucco (tout autant que sa chute définitive). De fait, on ne peut qu’être frappé des multiples difficultés que pose cette scène à un metteur en scène. Dernière scène de la pièce, elle est l’épreuve ultime pour le metteur en scène : réussie, elle signe son succès ; peu convaincante, elle fait plonger la représentation toute entière.

1) Les personnages

Première difficulté : seul Zucco est visible ainsi que l’indique la première didascalie : « On ne voit personne, pendant toute la scène, sauf Zucco quand il grimpe au sommet du toit ». Il faut donc que le comédien parvienne à concentrer sur lui toute l’attention des spectateurs, alors qu’il n’a lui même que peu de texte à prendre en charge. Ainsi toute la première partie de la scène n’est qu’une annonce de son arrivée : on n’entend seulement les voix des prisonniers et celles des gardiens qui alterne :

« On a l’air de cons » GARDIEN

« Vous avez l’air de cons » PRISONNIER

« Il faut chercher dans les recoins de couloir » GARDIEN

« Il doit être planqué quelque part » GARDIEN

« Il doit être recroquevillé dans un cagibi et il tremble » GARDIEN

« Pourtant ce n’est pas vous qui le faites trembler » PRISONNIER

« Zucco n’est pas en train de trembler mais de se foutre de votre gueule » PRISONNIER

« Zucco se fout de la gueule de tout le monde » PRISONNIER

Sa présence devra être d’autant plus forte que la didascalie « torse et pieds nus » le livre pour ainsi dire totalement au regard du spectateur.

2) La représentation du lieu

« Le sommet des toits de la prison » : on retrouve ici la même difficulté que dans la scène 1 : la représentation ne peut se faire sans un dispositif scénique fondé sur la hauteur. Ce problème de hauteur se retrouve avec les didascalies relatives au soleil : « Le soleil monte » (x 2). L’espace de la représentation se doit donc très vaste et nécessite des infrastructures importantes : l’élévation de Zucco est à voir par le spectateur. Nombre de metteurs en scène choisissent ainsi de représenter Zucco s’élevant à travers une sorte de cage métallique (cf. Mise en scène de Denis Marleau), voire utilisent une plate-forme capable de s’élever de plusieurs mètres vers le haut (Mise en scène de Philippe Calvario).

3) La représentation des éléments météorologiques

La mort de Zucco est évoquée par le déchaînement du vent et l’éblouissement du soleil : les didascalies marquent la progression : « Le soleil monte, brillant, extraordinairement lumineux », « le soleil monte, devient aveuglant comme l’éclat d’une bombe atomique » ; « Un grand vent se lève », « un vent d’ouragan ». Les deux comparaisons utilisées par Koltès, l’ouragan et la bombe atomique sont évidemment très parlantes, mais difficiles à mettre en œuvre sur une scène de théâtre. Le choix d’un éclairage frontal très blanc directement tourné vers le public est souvent privilégié. Le vent est évoqué par le son ainsi que par des fumées. Ainsi, il est clair que cette dernière scène se doit d’être impressionnante pour le spectateur. De ce point de vue, on a le sentiment de revenir aux fondements du théâtre, la représentation comme moment solennel, voire religieux. De fait, Koltès ici n’hésite pas à s’appuyer sur des éléments premiers de la tragédie grecque : la confrontation du chœur et du héros.

II La redécouverte du chœur

« Les voix » sont présentes tout au long de la scène et forment effectivement un choeur. Cependant Koltès les utilise chronologiquement de 3 manières différentes, et cela lui permet d’embrasser en une seule scène toutes les fonctions traditionnelles du chœur antique, dans son rapport complexe avec le héros.

1) Prisonniers et gardiens

Le rôle du chœur est assumé ici par les voix des prisonniers et des gardiens, avant l’entrée en scène du personnage principal, leur absence sur scène reprend la norme classique du théâtre grec qui veut que les choristes et les personnages n’évoluent pas dans la même aire de jeu (les acteurs évoluent à l’arrière plan, en hauteur (devant la skène, la baraque servant de coulisses), tandis que le choeur se déploie dans l’orchestra, à l’avant, plus près des spectateurs. On pourrait presque parler ici de « parodos », i.e le chant entonné par le chœur lors de sa première apparition. Le rythme y est traditionnellement vif).

Dans la première partie de la scène, K mêle à peu près à parts égales gardiens et prisonniers et joue de leurs oppositions : ainsi les gardiens vouvoient Zucco : « Que faites vous là ? », « Descendez immédiatement », « Zucco, vous êtes fichu », alors que les prisonniers le tutoient : « Zucco, Zucco, dis nous comment tu fais pour ne pas rester une heure en prison », « comment tu

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