LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Retour à Reims / Didier Eribon

Fiche de lecture : Retour à Reims / Didier Eribon. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Novembre 2021  •  Fiche de lecture  •  2 958 Mots (12 Pages)  •  1 012 Vues

Page 1 sur 12

Fiche de lecture

ERIBON, Didier. Retour à Reims, Librairie Arthème Fayard, 2009

Introduction

Didier Eribon est un sociologue et philosophe, né en 1953 à Reims dans un milieu populaire.

Il a été professeur à la faculté de sciences humaines et sociales et philosophie de l’Université d’Amiens mais a également enseigné en tant que “visiting professor” aux universités de Berkeley en Californie, Cambridge et Valence ainsi que récemment à l'école polytechnique de Zurich.

Il a écrit une quinzaine d’ouvrages traduits dans le monde entier dans le domaine de la philosophie et de la sociologie dont Réflexions sur la question gay en 2012, Théories de la littérature ; systèmes du genre et verdicts sexuels et Une morale du minoritaire en 2015, Principes d'une pensée critique et Ecrits sur la psychanalyse en 2019.

Ami du philosophe Michel Foucault, il écrit, en 1989, sa biographie qui est un succès international, traduit en 20 langues et réédité en 2011.

Ami du sociologue Pierre Bourdieu, il participe à L’insoumission en héritage ainsi qu’au Collectif sous la direction d’Edouard Louis.

En 2009, Retour à Reims est salué comme un des grands livres de notre époque.

Retour à Reims est un essai sociologique autobiographique et une réflexion sur le déterminisme social.

Didier Eribon a un regard introspectif sur son existence et plus précisément sur ses origines ouvrières et sa prise de distance avec celles-ci.

Il expose et analyse certains des déterminismes sociaux qui ont pu peser sur lui et dont il a dû s'écarter, “…un ancrage familial et social qu’il me fallait quitter pour exister autrement...” pour se définir.

A la mort de son père, Didier Eribon revient à Reims et sur son passé. En compagnie de sa mère et autour de l’album photo familial, il retrace l’histoire de la famille. S'ensuivent leurs échanges et son analyse sur divers sujets : les classes sociales, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie…

Didier Eribon analyse dans cet ouvrage le fait que les normes de la classe ouvrière dans laquelle il est né s’imposent autant au corps qu’à l’esprit et que s’extraire de ces normes ne signifie pas s’extraire de toute norme.

Au contraire, cela signifie incorporer d’autres normes. Tout n’est possible qu’en rapport avec les relations sociales. Alors, comment trouver son autonomie?

Ensuite, pourquoi a t il été plus facile d’écrire sur la honte sexuelle que la honte sociale?

Il poursuit avec la politique, et particulièrement les métamorphoses des comportements politiques dans son milieu familial, c'est-à-dire le basculement d’une culture communiste vers le FN. Il insistera sur l’abandon des classes populaires par la gauche du gouvernement.

Son parcours de “transfuge de classe” et comment son homosexualité lui a permis de se détacher plus tôt et plus radicalement des valeurs populaires viriles qui soutiennent le refus de la culture scolaire.

Ses réflexions sur le système scolaire et comment en tant que fils d’ouvrier il ignore tout des classes préparatoires et des filières littéraires.

Le constat de l’auteur : dans son cas, ascension sociale rime avec rupture sociale.

Developpement :

Le livre est composé de 5 parties et d’un épilogue.

Partie 1

Cette 1ère partie commence avec la mort de son père avec qui il avait coupé les liens et par conséquent n’avait pas vu depuis plusieurs années. Il n’ira pas à son enterrement.

Cette mort joue un rôle de déclencheur et la façon dont il vivra le deuil se caractérise non pas par le chagrin mais par une recherche de lui-même. “ un deuil dans lequel la volonté de comprendre celui qui venait de disparaître, et de me comprendre moi-même” .

Il constate qu’il a beaucoup investi la cause de la domination des homosexuels, délaissant la question de la domination sociale. Il se rend compte qu’il était plus évident pour lui d’écrire sur le genre et la sexualité que sur les rapports sociaux de classe. En effet, il n’a jamais écrit sur la domination sociale. Pour lui, la notion d’asujettisement etait en lien avec la question gay, mais peu à peu il réalise que les rapports de classe présentent la même problématique en particulier l’appartenence sociale et l’infériorisation des classes populaires. Il s’étonne de s’être associé seulement à “un enfant gay, un adolescent gay, et non un fils d’ouvrier”.

Tout ce qu’il a détesté de son père a été façonné par la violence du monde social : “mon père portait en lui le poids d’une histoire écrasante qui ne pouvait que produire des dégâts psychiques profonds chez ceux qui l’ont vécue".

A travers la vie de son père, sa naissance, sa jeunesse, il trace l’histoire de la classe ouvrière, avant et après guerre, avec la naissance des cités où vivaient ses grands-parents. En effet, à travers la description de leurs vies, il fait le parallèle avec l’état d’esprit des ouvriers de la gauche communiste française de l’époque : “ le drapeau rouge, c’est le drapeau des ouvriers” clamait son père et son “allergie épidermique à la droite et à l'extrême droite”.

En nous narrant la rencontre de ses parents, leurs parcours scolaires interrompus, leur vie de jeunes mariés, l’auteur aborde le thème de déterminisme social et explique que “les verdicts sont rendus avant même que l’on puisse en prendre conscience”.

A la fin de cette partie, l’auteur admet qu’il a jugé de très haut et avec beaucoup de dédain toutes les activités familiales : les travaux manuels de son père dans l’appartement auxquels il n’a jamais voulu participés, les discussions en famille au bord de l’étang autour des poissons pêchés, le sport à la télé. Il sait qu’il lui a fallu en passer par là pour pouvoir se dissocier de ce milieu .

Son constat le laisse perplexe puisqu'il admet la binarité de la situation. En effet, afin de rejeter les normes auxquelles il appartenait, il lui a fallu automatiquement en embrasser d’autres. Dans son cas, celles du dominant. Il se rend compte qu’il reproduit les jugements et les catégories

...

Télécharger au format  txt (18.9 Kb)   pdf (58.8 Kb)   docx (16.1 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com