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Recherche de texte " Dawn " par A. Rembo

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Par   •  23 Novembre 2013  •  Analyse sectorielle  •  2 488 Mots (10 Pages)  •  786 Vues

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Etude de texte « aube » de A. Rimbaud

Le titre de ce poème en prose de sept paragraphes et de quatorze phrases -- nombre correspondant aux quatorze vers d'un sonnet -- est une quadruple présomption d'isotopie :

1 ) aube : «première lueur du soleil levant qui commence à blanchir l'horizon» = aurore;

2 ) aube : «vêtement ecclésiastique de lin blanc», «longue robe blanche despremiers communiants» = vêtement (sacré);

3 ) aube : «palette d'une roue hydraulique» = instrument (profane);

4 ) aube : prénom de femme (comme "Aurore" ou "Dawn").

Les deux premières entrées du Petit Robert 1 partagent le sème de la "blancheur". "Aube" est en outre un anagramme de "beau".

Le poème peut être divisé en trois séquences :

I : deux premiers paragraphes;

II : troisième, quatrième et cinquième paragraphes;

III : deux derniers paragraphes.

Ce découpage a surtout l'avantage de préserver la symétrie du poème et il peut être justifié par la forme de l'expression, plus particulièrement par la morpho-syntaxe : dans les deux premiers et les deux derniers paragraphes, la première personne est associée à des temps de verbes différents de la troisième personne, alors que dans les paragraphes du milieu, il y a confusion des personnes et des temps de verbes, surtout dans le cinquième paragraphe.

Un rapide examen des figures linguistiques révèle deux grands champs sémantiques : le champ sémantique du PAYSAGE INANIMÉ, c'est-à-dire l'espace et le temps regardés ou sentis par la personne, et le champ sémantique du VOYAGE ANIMÉ de la personne du regardant. Le premier champ est celui des «coordonnées spatio-temporelles» (et de l'aube-aurore) et le deuxième champ est celui des «ordonnées intensives» (et de l'aube-vêtement, ainsi que de l'aube- femme). L'aube-instrument circule d'un champ à l'autre et constitue un véritable parcours narratif : à la fois un déroulement et un enroulement, un développement (dans l'atmosphère de la lumière) et un enveloppement (par les voiles de la censure) qui sont caractéristiques du travail du rêve, puisqu'il s'agit bien ici du récit d'un rêve (fictif ou non) : «Au réveil, il était midi»...

Dans la première séquence, nous assistons au passage d'un habitat humain (la ville) à un habitat non humain (la campagne) : il s'agit d'une véritable épreuve qualifiante, où le Sujet-rêveur acquiert sa compétence dans l'embrassement de l'aube d'été, qui le manipule cependant et peut donc être considéré comme étant le Destinateur initial (manipulateur); il y a alors disjonction, le Sujet ignorant encore son Objet, sauf sous la lumière de l'aube d'été. Dans la deuxième séquence, plus précisément dans le paragraphe central, apparaît soudainement l'Objet de valeur : la déesse (Diane chasseresse chassée?); la fleur est une sorte d'Adjuvant, d'aide pour le Sujet, avec qui elle noue plus ou moins un contrat en lui disant son nom (de femme?).

La poursuite ou la quête se continue de l'immobilité et de la marche [première séquence] au lever -- lever du soleil, lever du lit, levier -- et à la lumière [première et deuxième séquences]. De la première à la deuxième séquence, l'eau, de morte, s'agite en cascade ("wasserfall"), dont la déesse peut être la transformation par la chevelure ("s'échevela"), du "blond" à l'"argenté. Dans la troisième séquence, "lever" devient plutôt synonyme de "soulever", de "révéler ce qui est caché". Il y a retour à l'habitat humain et la grand'ville peut être considérée, même si faiblement, comme étant l'anti-Sujet.

La figure du coq est problématique : il accompagne évidemment l'aube-aurore et est donc aussi significatif du déroulement temporel du (récit du) rêve, mais étant associé à la dénonciation, il est sans doute lui aussi un Adjuvant (dont la connotation sexuelle -- vu l'homonymie avec l'anglais et étant donné l'emploi du terme allemand "wasserfall" qui y invite par ailleurs -- ne peut être ignorée). Cela nous renvoie aussi à la métonymie de la fin de la première séquence : "ailes" pour "oiseaux".

La poursuite, dans et par la course du rêveur et la fuite de la déesse, devient une véritable chasse : la performance est en branle et l'action continue, le Sujet étant encore manipulé par le Destinateur et donc par l'Objet de valeur, qui a été désigné et assigné mais qui n'est pas encore destiné. Le rêveur-mendiant est le prédateur (le regardant symbolique) de la déesse, mais il est la proie (le regardé imaginaire) de son rêve...

Dans la troisième séquence, nous sommes d'abord témoins de l'épreuve décisive : il y a confrontation puis conjonction entre le Sujet et l'Objet, dans un passage à l'acte, qui est peut-être l'acte manqué par excellence, soit l'acte sexuel; il y a rencontre de l'aube-vêtement ("ses voiles amassés") et de l'aube-femme ("son immense corps"), au moment de l'aube-aurore ("L'aube"). Nous avons droit alors à l'épreuve glorifiante : à la chute de l'aube et de l'enfant -- l'enfant du rêveur et de la déesse ou le rêveur lui-même, mais de toute façon le Destinataire : le fils(?) du rêve et du sommeil bénéficiant de la valeur de l'Objet, de la valence --, dans une allitération de /b/ : "tombèrent au bas du bois", ces trois /b/ initiaux faisant écho au /b/ final de "aube" du titre et du texte.

Dans le dernier paragraphe, le Sujet est enfin reconnu comme tel, c'est-à-dire comme rêveur "victime" de son rêve, qui apparaît ainsi comme étant le Destinateur final (judicateur) : le temps y triomphe de l'espace, le réveil du sommeil, le midi de l'aurore (voire de l'aube). Par rétrolecture, nous pouvons supposer que le Destinateur initial présupposé était la nuit, qui est la source de la manipulation par le sommeil, donc par le rêve.

Dans la séquence initiale, il y a passage de l'euphorie

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