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Quelle image Albert Camus donne-t-il dans cette scène du personnage de tyran qu’est Caligula ?

Commentaire de texte : Quelle image Albert Camus donne-t-il dans cette scène du personnage de tyran qu’est Caligula ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  1 715 Mots (7 Pages)  •  282 Vues

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COMMENTAIRE

Vous ferez le commentaire du texte d’Albert Camus

Développement rédigé :

Problématique : Quelle image Camus donne-t-il dans cette scène du personnage de tyran qu’est Caligula ?

Organisation du devoir : volonté de présenter ici Caligula d’une manière surprenante et originale. La scène démarre

comme une scène de pure comédie, avant de tourner à la farce tragique, mettant en avant la cruauté du tyran. Mais

si par certains aspects, Caligula renvoie à l’image traditionnelle du tyran, sa logique implacable fait de lui un

personnage à part, prêt à assumer le sort qui l’attend.

I Une scène de comédie

1 Un stratagème de comédie

Faire semblant d’être très malade, voire mort, afin d’éprouver les sentiments de son entourage est une situation que

la comédie exploite volontiers : dans la comédie Volpone ou le Renard (1606), l’auteur anglais Ben Jonson présente

un personnage qui utilise ce stratagème, afin de s’enrichir. Molière reprend le même procédé dans Le Malade

imaginaire : en simulant sa propre mort, Argan découvre l’hypocrisie de sa femme et l’amour profond et sincère de

sa fille. En faisant ici semblant d’être malade et presque à l’article de la mort, Caligula éprouve le comportement des

patriciens. Il fait donc annoncer par Caesonia, sa maîtresse, qu’il est très malade. La didascalie « d’un air

indifférent » met en évidence le fait qu’il s’agit d’un mensonge, la jeune femme ne semblant pas du tout inquiète.

2 Des réactions de courtisans

La réaction des patriciens est immédiate : ils « accourent autour d’elle » l. 3. Cet empressement est ambigu :

empereur connu pour sa cruauté, Caligula est détesté et nombreux sont ceux qui espèrent sa mort. Qu’il soit

gravement malade peut donc être une bonne nouvelle, et les vœux pour sa santé franchement hypocrites. De fait

ces vœux paraissent très excessifs pour être sincères : l’emploi de l’onomatopée « oh » l.4, la prise à parti des dieux

« Dieux tout puissants » l.4, « Jupiter » l.6, la surenchère dans les offrandes (Lucius offre beaucoup d’argent, Cassius

veut donner sa vie), tout indique que les patriciens jouent leur rôle de courtisan, et la didascalie qui concerne plus

spécifiquement Cassius « exagéré » l.6 le confirme s’il en était besoin.

Le personnage de fait va jusqu’au bout puisque devant Caligula il continue dans la même veine : l’exclamation

(« Ah... ! » l.13) l’hyperbole « Il n’est rien que, pour toi, je ne donnerais sur l’heure » l.13, la didascalie « pénétré »

l.13 montrent bien qu’il s’agit là d’un mensonge destiné à s’attirer les bonnes grâces de Caligula.

3 Le jeu de Caligula

L’empereur entre alors dans le jeu et fidèle à son stratagème initial, touché par la générosité de Cassius, il joue la

comédie de l’humilité et de l’affection : les didascalies se chargent d’évoquer l’amour « il va vers le troisième

patricien et l’embrasse » l.10 , « un silence. Tendrement » l. 12, « l’embrassant encore » l.15, « doucement » l.17,

tandis que ses paroles témoignent d’une volonté de rabaissement : « je n’ai pas mérité tant d’amour » l.15, « j’en

suis indigne » l.17, « non, non, te dis-je » l.16. Jusque là, le lecteur ou le spectateur peut se croire dans une comédie

qui se contente de révéler l’hypocrisie : le menteur est pris en flagrant délit de mensonge, il s’enfuit et tout va bien.

Mais avec Caligula, la situation ne s’arrange pas du tout : il appelle les gardes et envoie Cassius à la mort. La comédie

devient farce tragique.

II Une farce tragique

1 Prendre les patriciens au mot

La dénonciation de l’hypocrisie entreprise par Caligula est pourtant simple : elle consiste seulement à les prendre au

mot. Lucius en est quitte pour sa fortune. L’empereur expédie son cas en trois phrases courtes : dans les deux

premières, « J’accepte ton offrande, Lucius. Je t’en remercie. » l.9 Caligula est le sujet, et Lucius n’est que l’objet.

Dans la troisième, l’emploi du futur est définitif : « Mon trésorier se présentera demain chez toi » l.10. Ainsi le cas

du deuxième patricien est vite réglé.

Mais l’offrande de Cassius est bien sûr plus importante, puisqu’il a accepté de donner sa vie en échange de celle de

l’empereur : c’est en l’envoyant à la mort que Caligula fait basculer la scène dans l’horreur tragique, et cela d’autant

plus que la formule «A la mort, voyons » L.20 suggère l’évidence naturelle.

2

2 La cruauté de Caligula

Au-delà de la seule décision, cette manière de l’annoncer accentue l’horreur de la scène. L’empereur joue avec

Cassius, comme peut le faire un chat avec une souris. Il continue dans la comédie et le mensonge, en prétendant

qu’il est guéri: « Moi, je me sens mieux maintenant » l.20. L’emploi du pronom personnel en tête de phrase « Moi »

témoigne de son goût égocentrique de la provocation. Quant à « cet affreux goût de sang dans la bouche » l.21 dont

il se déclare débarrassé, l’expression prend une résonance extrême au moment où il vient de condamner un homme

à mort.

La question finale « Es-tu heureux, Cassius, de pouvoir donner ta vie pour un autre, quand cet autre s’appelle

Caligula ?» l.22 est encore une provocation ironique. Camus met au jour un processus très pervers, car face au tyran

qui joue et plaisante en permanence, le personnage en face ne sait jamais à quoi s’en tenir, et la mort le surprend

toujours : « mais c’est une plaisanterie » l.25 finit par s’exclamer Cassius, et on ne sait s’il parle de ses propres

paroles ou de la situation même qu’il est en train de vivre.

III Un tyran problématique

1 les caractéristiques du tyran ordinaire

Cette scène montre Caligula sous les traits habituels de la tyrannie : inquiet voire paranoïaque, le tyran se méfie de

tous : la didascalie « Caligula est entré depuis un moment. Il écoute »l.8 le présente espionnant son entourage.

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